La chorégraphe portugaise Tânia Carvalho, venue du monde de la danse et du théâtre, aime ouvrir le champ des possibles à partir des corps de ses interprètes. En particulier lorsque ces derniers sont rompus à la technique classique, point de départ d’une exploration fructueuse et libératrice. Sans aller contre le mouvement, elle joue à le prolonger dans une créativité inspirante. Pour sa première collaboration avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, elle imagine une structure circulaire qui expérimente, à partir d’une figure formelle, toutes les variations de l’improvisation.
Invité l’an passé à créer une pièce pour le Ballet, à l’occasion de l’ouverture de saison et du lancement de la 16e Biennale de la Danse, Emanuel Gat a composé une « construction » musicale et chorégraphique dont le charme subtil impressionne durablement la rétine. Sur quelques mesures de la Water Music de Haendel, remixées d’éléments sonores captés durant les répétitions de l’orchestre, dix danseurs déroulent une partition sensible dont ils ont, selon le vœu du chorégraphe, nourri la trame gestuelle. Dans une obscurité trouée de lumière, on retrouve les qualités de fluidité et de mystère propres à l’auteur de Brilliant Corner et de Plage Romantique. Venu à la danse à l’âge de 23 ans après une première carrière de gymnaste, Emanuel Gat démontre une nouvelle fois qu’une danse peut être à la fois abstraite et extrêmement physique. Expressive, sans être nécessairement narrative.
Après Superstars en 2006, Tout Autour signait en 2014 la seconde collaboration de Rachid Ouramdane avec les danseurs du Ballet. Chorégraphe singulier qui mène divers projets au fil de ses rencontres artistiques, il a choisi cette fois de se confronter à la puissance du nombre. Ses vingt-quatre interprètes sont saisis en tant que groupe, comme une force démonstrative où les corps ont plus d’un mot à dire. Leur virtuosité impressionne et témoigne d’une énergie vitale. Mais elle offre aussi la subtile démonstration que tout collectif humain porte en lui la tentation physique du mouvement de masse, qu’il s’agisse d’émeutes, de parades ou de défilé. Sur ces multiples variations entre ordre et chaos, le chorégraphe tire les fils esthétiques d’une réflexion troublante sur l’état du monde, qui interpelle chacun d’entre nous.
Distribution Sunshine
Chorégraphie, lumières et bande son Emanuel Gat
Musique Georg Friedrich Haendel
Son Frédéric Duru
Ballet de l’Opéra de LyonDistribution Xylography
Chorégraphie Tânia Carvalho
Musique Ulrich Estreich
Tânia Carvalho
Costumes Aleksandar Protic
Lumières Zeca Iglésia
Ballet de l’Opéra de LyonDistribution Tout Autour
Chorégraphie Rachid Ouramdane
Musique Jean-Baptiste Julien
Costumes La Bourette
Lumières Stéphane Graillot
Ballet de l’Opéra de LyonAu Toboggan de Décines-Charpieu
Du 9 au 13 février 2016
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !