Le studio Hébertot accueille « Les Créanciers » de Strindberg mis en scène par Frédéric Fage, par de (trop) jeunes acteurs. Un spectacle intéressant davantage pour le texte que pour la forme.
L’esthétique baroque-trash dans laquelle nous plonge au premier abord le spectacle est émaciée par une importante somme de petites imperfections esthétiques (costumes, maquillages). Cette remarque peut s’appliquer à tout ce qui compose le spectacle : l’idée est bonne, mais la réalisation est alourdie par des détails sans importances. Le jeu des acteurs, les effets de mise en scène, tout cela aussi aurait certainement mérité davantage de simplicité plutôt que de tenter de feindre un luxe et un génie qui n’existe pas. A elle seule, la situation des « Créanciers » de Strindberg suffit à composer un bon spectacle. Malheureusement, Frédéric Fage veut trop en faire.
Ce texte, écrit en 1888, reste brûlant sur l’exploration de la jalousie et des passions. Adolf aime Tekla. Ensemble, ils partent quelques jours dans la station balnéaire qui a vu naître leur amour. Mais Gustaf, le premier mari de Tekla, est aussi de la fête. Il tente de convaincre Adolf (qui ignore sa véritable identité) de piéger son épouse afin qu’il voie son vrai visage. Elle qui est joueuse, mais pourtant fidèle en sentiment, tombe dans l’embuscade et cause le suicide d’Adolf. August Strindberg est assez fin pour faire de ce texte un mélange entre passion et ironie. La mise en scène de Fage insiste trop sur l’aspect tragique et rend l’ambiance lourde et plate.
Si Maroussia Henrich est sensuelle et brûlante, les rôles masculins semblent terrassés sous son poids. Benjamin Lhommas, Gustaf, est loin d’être un pervers manipulateur. Il a l’air et les manières d’un parisien blasé que tout ennuie. Il ressemble davantage au dandy Harry avec Dorian Gray que le diable avec Faust. Tout cela est trop sérieux, trop grave et finalement trop triste. Lorsqu’entre deux actes, la pénombre se fait sur scène et qu’une danseuse vient ajouter de la grandiloquence à ce spectacle qui gagnerait en simplicité, on est partagé entre le plaisir à écouter un texte moderne et la gêne de voir un spectacle qui semble dater d’un autre temps.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Les Créanciers d’August Strindberg
Avec Maroussia Henrich, Julien Rousseaux, Benjamin Lhommas
Metteur en scène : Frédéric FageDurée : 1h20
30 représentations exceptionnelles
Au Studio Hébertot
78 bis boulevard des Batignoles
75017 Paris
Du 22 mars au 23 avril 2016
du mardi au samedi à 21H00,
les dimanches à 15H00Puis au Théâtre de Ménilmontant à partir de septembre 2016.
Vous me décevez beaucoup monsieur.
Je ne fais pas du théâtre pour ceux qui se gargarisent la bouche avec la culture lors de dîner mondain mais plutôt pour ceux qui y ont moins accès. Voilà pourquoi vous êtes passé complètement à côté de la plaque.
Vous êtes devenu bien trop élitiste…
La preuve, les avis du public…
Frédéric Fage.
Le metteur en scène.
Quelque chose se passe..
…Beau à voir, tragique à entendre. Je ne regrette pas le déplacement pour ma découverte de cette pièce. Les comédiens semblent bien habités par le texte qu’ils ont à porter et ont entre eux un jeu plutôt convaincant. Magnifique.
Quel beau spectacle, le texte d’abord, d’une grande intelligence et finesse, une excellente mise en scène, et que dire des comédiens, tous les trois excellents, une belle présence, de VRAIS TALENTS, de la sensualité dans chacun de leurs gestes et attitudes, de la force, de la beauté. Une mention spéciale pour l’envoûtante et troublante Maroussia Henrich. Je n’oublie pas la talentueuse danseuse, qui vient nous charmer par de belles arabesques. Je suis un photographe passionné et je dois dire que de cette pièce se dégage un esthétisme rarement vu au théâtre, j’ai adoré l’atmosphère visuelle, un régal pour les yeux. Merci à tous les quatre.
Très belle performance des 2 comédiens et 2 comédiennes. Ce spectacle fait réfléchir sur ce qu’est recevoir de quelqu’un et donner à quelqu’un, et sur la blessure profonde que peut engendrer l’ingratitude quand on donne mais qu’on ne recoit rien en retour. Je vous recommande ce spectacle où les 2 comédiens sont très beaux à regarder. Michael.
Tout d’abord les comédiens : excellents, une réelle présence, une belle diction, une sensualité érigée en style de jeu. Ensuite le texte, percutant, loin des histoires d’amour à l’eau de rose (forcément, Strindberg). Enfin, la mise en scène, modernisant intelligemment le thème de la jalousie et de la trahison en amour, avec une érotisation de la gestuelle qui fait apparaître subtilement les sous-entendus du texte, indicibles à l’époque. Une réussite
Ah ah ah !!! Tout le monde peut se tromper Monsieur Volle !!!!
Nous avons vu cette pièce extraordinaire hier soir et nous sommes sortis tout chamboulés. Un texte excellent, des acteurs sublimes qui jouent à merveille dans cette petite salle du studio Hébertot, un thème original où se mélangent des sentiments tous en rapport avec l’amour mais traité d’une façon si originale, une mise en scène soignée, etc, etc… Un grand bravo aux 3 acteurs (trices) et à cette danseuse qui vient compléter ce trio. Une soirée fantastique. Un spectacle à voir et à recommander à tous ceux qui veulent voir une pièce sublime,pleine d’émotion. Merci pour ce moment délicieux
Décor baroque et costumes tape à l’œil ou nudité peut utile…On ne peut pas feindre le luxe, sauf pour en faire la critique – et ce n’était pas l’objectif ici, on tombe donc dans le mauvais goût. La danseuse, les passages pris à la bo de Baz Lurhmann, sceno rougeoyante avec mise en abyme photographique qui défile derrière comme un powerpoint, c’est vouloir en faire trop sans en avoir les moyens. Cette pièce n’est pas écrite pour faire rêver à un monde qui n’existe pas, mais pour donner à voir les affres de la passion, jalousie, regrets, qui sont celles que connaît chacun…Si le spectacle est conçu pour tous, pourquoi surenchérir cette passion, dans cette grandiloquence qui veut citer Moulin Rouge, et qui oublie complètement la sobriété ? Comme si, précisément la passion appartenait à un autre monde, dans lequel des danseuses viennent tourbillonner sur une musique assourdissante pour nous convaincre que la présence de l’être aimé est troublante… Cette mise en scène caricature les sentiments, on aurait mieux cru à ce texte sublime sans être sans cesse dérangés par tous ces éléments qui veulent crier que l’amour, c’est pas facile. Less is more.
Une oeuvre puissante
Très peu habitués à ce registre, nous avons fait une belle découverte. La mise en scène nous a transportés dès les premières minutes. Il y a tant de tension et d’émotion dans cette pièce magnifiquement interprétée, que nous n’avons repris notre souffle qu’en sortant de la salle..
La mise en scène proposée par Frédéric Fage provoque des émotions intenses. Le jeu des acteurs vous embarque dans une passionnante histoire d amour. Le lieu se prête à l intimité désirée. La Magie de la danse et l intensité de la musique renforcent toutes les émotions ressenties. A voir absolument »