Laurent Gutmann s’est risqué à une adaptation de Frankenstein, le roman de Mary Shelley. Il a souhaité s’en détacher tout en restant proche de l’idée de la recherche de « l’homme nouveau ». Un spectacle brouillon qui ne parvient pas à décoller.
Victor F (Eric Petijean) convie les spectateurs à une conférence. Il raconte comment il a eu l’idée de donner la vie à partir d’une matière inerte, une étoile. En col roulé noir, il évoque son hamster, son frère William sous le regard de son vieil ami non voyant Henri, dont on se demande bien ce qu’il vient faire là ! On reste de marbre devant le jeu de Eric Petijean qui se bat comme un beau diable pour tenter de captiver le spectateur. Peine perdue. Le noir se fait dans la salle lorsqu’il capture la poussière d’étoile. L’effet tombe à plat. L’expérience part en fumée.
On se retrouve ensuite dans la campagne suisse (là où Mary Shelley passait ses étés). La scénographie imposante et verte d’Alexandre de Dardel est certes alléchante, mais la suite de tient pas plus debout. Même lors de l’arrivée du fils créé par Victor F, réplique de son frère William qu’il souhaitait aimable et jovial. Il l’est en effet. Il sourit tout le temps. Il n’est pas hideux, il a juste une tête humaine énorme et disproportionnée. Le comédien Luc Schiltz porte un énorme masque (magnifiquement réalisé par Alexis Kinebantan) digne du carnaval de Nice !
« Il y a tellement de gens qui font la gueule » dit la créature. On lui donnerait le bon dieu sans confession. Sauf qu’il s’agit ici d’une adaptation du roman de Mary Shelley. On l’avait pratiquement oublié. Alors cette créature se met à tuer dans l’obscurité, au milieu des légumes frais ramenés du marché par Élisabeth, la petite amie de Victor F. Le spectacle devient alors olfactif, les odeurs de carottes, de salades et d’oignons enivrent le plateau juste avant la scène finale, très courte, le procès de Victor F, en deux temps trois mouvements. La pièce s’achève enfin, notre douleur aussi devant un spectacle très mal ficelé, aux dialogues peu aiguisés, d’où les dimensions métaphysiques et fantastiques du roman ne ressortent à aucun moment.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Victor F d’après le roman Frankenstein de Mary Shelley
texte et mise en scène Laurent Gutmann
scénographie Alexandre de Dardel, costumes Axel Aust, lumière Yann Loric,
son Estelle Gotteland
avec Éric Petitjean, Cassandre Vittu de Kerraoul, Luc Schiltz et Serge Wolf
production > La Dissipation des brumes matinales. Coproduction Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Le Granit, Scène nationale de Belfort. Avec le soutien de la DGCA-Ministère de la culture et de la communication
Durée: 1h20Théâtre de l’Aquarium
du 5 au 24 janvier 2016 / création
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h
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