L’Artistic Théâtre (ex-Artistic Athévains) accueille la reprise d’un Avare mis en scène par Jacques Osinski. Transposé dans un environnement désuet mais néanmoins contemporain, la pièce de Molière conserve sa force et illustre, une fois de plus, son intemporalité.
Comme la représentait déjà Molière à l’époque de sa création, la maison d’Harpagon est un mélange de pingrerie et de mauvais goût qui semble avoir traversé les modes sans s’en soucier. On sourit dès que la lumière éclaire cet environnement de boiseries aux essences sombres et où les rideaux blancs juste opaques sont, avec un yucca, les seuls ornements.
Le terme de comédie de caractère garde ici tout son sens en montrant Jean-Claude Frissung comme un Harpagon paranoïaque au point d’aller cacher son argent dans son coffre en pleine nuit, équipé d’une lampe frontale, discret comme un cambrioleur pendant un fric-frac. Il ne laisse personne toucher à son magot, ni ses employés, ni sa fille, ni son fils et encore moins la femme sur qui il a des vues et qu’il partage sans le savoir avec son garçon. Heureusement, ce dernier parviendra à mettre hors d’état de nuire son égoïste de père en lui volant sa « cassette » et en la lui rendant contre la promesse d’abandonner Marianne.
Harpagon, celui qui ne « donne pas mais prête le bonjour », est gueulard, colérique, anxieux. Jacques Osinski n’édulcore en rien le ridicule dont Molière habille cette figure emblématique. Si les acteurs – en particulier Arnaud Simon dans le rôle de Cléante – sont assez classiques dans leur jeu, ils permettent ainsi à Jean-Claude Frissung de s’afficher en contraste, il nuance la sévérité qui l’habite avec des teintes de folies. Ne se met-il pas à moitié nu quand il se rend compte du vol de son bien ? Il erre, sans but, tel un doux dingue ou un enfant sans ses parents dans un hypermarché, en attendant que la solution tombe du ciel.
Dans sa mise en scène, Jacques Osinski crée des images qui prennent le pas sur le bavardage. Avec elles, il rend son travail moins attendu que la version de Jean-Louis Martinelli l’an passé au Théâtre Déjazet, mais elle est toute aussi prenante et fidèle à l’essence d’un texte dont la véracité ne nous lasse jamais.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
L’AVARE de Molière
mise en scène Jacques Osinski
avec Christine Brucher, Clément Clavel, Jean Claude Frissung, Delphine Hecquet, Alice Le Strat, Baptiste Roussillon, Arnaud Simon, Alexandre Steiger
Dramaturgie Marie Potonet
Scénographie Christophe Ouvrard
Costumes Hélène Kritikos
Lumières Catherine Verheyde
Production Cie L’aurore boréale
Coproduction Théâtre de Suresnes Jean Vilar
Avec le soutien du Théâtre Jean ArpDurée : 2 h
du 15 novembre 2016 au 15 janvier 2017
à l’Artistic Théâtre à Paris
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