Fanny Ardant est de retour dans Cassandre d’après Christa Wolf sur une musique de Michael Jarrell, un spectacle présenté en 2015 au Festival d’Avignon, le spectacle est à l’affiche du théâtre de l’Athénée. Elle incarne « Cassandre », vaincue par son destin, il ne lui reste qu’une heure à vivre. Une partition dont Fanny Ardant s’empare dans un double mouvement : s’abandonner en résistant. Rencontre avec la comédienne.
- Qu’est ce qu’il représente pour vous ce Festival d’Avignon ?
Je ne sais pas. Je ne donne jamais de notes. Je vais dans les endroits où l’on m’invite que cela soit un petit festival inconnu ou un grand festival international. Monter sur scène est toujours quelque chose d’impressionnant, de terrible et de beau en même temps. Je n’ai jamais donné de l’importance à l’importance.
- Ce Festival a été créé pour rendre le théâtre populaire, quel rapport entretenez-vous avec le théâtre populaire ?
Je trouve cela magnifique qu’il y ait une sorte de table ouverte où chacun puisse se rendre dans des théâtres selon ses goûts. J’aime aussi qu’il y ait des choses underground. C’est pour moi l’essence même du théâtre. A partir d’un moment où deux personnes se lèvent et disent un texte, c’est du théâtre que cela soit sur un plateau ou dans l’arrière cour d’un café.
- Ces dernières années vous avez le choix au théâtre d’auteurs français du 20ème siècle, Duras, Lagarce pourquoi ces choix ?
Je n’aime que ceux-là. Il y a peu d’auteurs contemporains avec un verbe qui soit fort par la pensée et par la beauté. Au théâtre il faut que la langue soit lyrique et baroque. Le théâtre c’est pour le verbe.
- Et là Cassandre c’est un texte écrit en RDA dans les années 80. Qu’est ce qu’il raconte de notre monde contemporain ?
C’est une sorte de constat terrible sur les raisons terribles de la guerre. Toutes ces guerres que l’on aurait pu éviter. Pour l’avidité, la convoitise, les raisons folles des êtres humains, on se précipite dans le désastre. Cassandre est un personnage clairvoyant qui voit et qui dit « non » à ce que la cité veut. Dans notre société où il n’y a plus de bloc, plus de bon et de méchant, rester vigilant et ne pas se lancer dans des anathèmes générales ou des mises au pilori générales, ce sont les choses qui me font le plus peur dans la société.
- Est-ce que Cassandre dit des choses sur la Grèce d’aujourd’hui ?
Complètement ! Cassandre dit « non ». Ensemble on dira « Non » ! Je suis tellement contente. Pour le moment tout le monde fait comme si on était les forts mais quand vous apprenez que la dette de la France est de 53 millions mais de quoi parle-t-on. Pourquoi on montre du doigt quelqu’un ?
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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