Jorge Lavelli : « Le théâtre est un art double »

Jorge Lavelli vient au Festival d’Avignon depuis 1967 et la création de « Médée » Senèque. Il a fait les grandes heures de la Cour d’honneur. On se souvient des « Comédies Barbares » de Ramón María del Valle-Inclán en 1991 avec une distribution de rêve : Maria Casarès, Denise Gence, Jean-Quentin Châtelain et Luc-Antoine Diquéro. Pour la première fois, le metteur en scène argentin vient dans le Off. Il présente « On ne l’attendait pas ! » de Stig Larsoon avec de jeunes comédiens. C’est à 20h à Présence Pasteur. Rencontre avec le metteur en scène.

Quelle histoire que cette famille racontée dans « On ne l’attendait pas ! » Comment avez-vous découvert ce texte ?

C’est surréaliste. Mais il y a aussi un peu de Strinberg sur la destruction de la famille. J’ai découvert ce texte il y a quelques années et je l’ai gardé de côté car ici en France dans ce pays rationaliste on cherche toujours une explication des choses. Et je trouve que c’est une matière fabuleuse pour les acteurs.

Car cela va crescendo, cela démarre réaliste puis cela dérape petit à petit

Oui il faut que les comédiens jouent sur deux registres. Il faut avoir cette souplesse que globalement les acteurs n’ont pas ! Alors j’ai pensé que je pouvais mieux le faire avec des jeunes pour aller chercher de la sensibilité dans la folie des personnages. Ils ont été choisis dans des auditions au JTN, ils sortent du Conservatoire National de Paris et de l’école du TNS. Et du coup ils sortent du jeu naturaliste pour faire éclater la folie du texte. Et je n’ai pas peur du mot, c’est aussi un peu expérimental.

Est-ce que c’est aussi un retour à votre théâtre du début de votre carrière ?

Je suis habitué à faire ce travail depuis toujours. Depuis ma première pièce en 1963 Le Mariage de Witold Gombrowicz. J’aimerai que l’on fasse de l’expérimentation dans les écoles car c’est comme cela qu’il faut aborder certains grands textes. Le théâtre c’est un art double. Un acteur ne peut pas jouer une seul chose. On pense une chose et on joue une autre. Avec cette pièce on est obligé de jouer deux choses. Il y a de l’ambiguité.

Et pour paraphraser le titre de la pièce : on ne vous attendait pas dans le Off !

Je n’y suis jamais venu. C’est un test aussi de voir qui sont ces milliers de personnes qui y viennent. Il y a beaucoup de choses inintéressantes et méprisables mais il y a aussi de la création.