Penthésilée adapté par Catherine Boskowitz
Penthésilée – Et voici ce que notre peuple décida alors dans son conseil : libres comme le vent sur les libres landes seraient désormais ces femmes – libres – et jamais plus asservies aux hommes. Un état allait naître, souverain, et majeur, un royaume de femmes où plus jamais la voix grossière du mâle ne s’élèverait pour nous régenter.
Je ne choisis pas les figures qui s’imposent à moi pour créer mes spectacles. Elles surgissent comme une évidence. Fictives ou réelles, certaines viennent des pays que j’ai traversés, d’autres, de mon adolescence, où j’ai eu l’intuition que les figures de l’insoumission nourriraient ma recherche artistique.
Penthésilée dessinée par Heinrich von Kleist en est une.
Chef de l’armée des amazones, irréductible aux règles de la guerre imposées par les hommes, Penthésilée conduit ses guerrières sous les murs de Troie. Comme un torrent venu “ d’ailleurs ”, elle renverse tout sur son passage, au grand dam des commandants grecs et troyens qui n’y comprennent rien. Mais incontrôlable, assoiffée de liberté, Penthésilée refuse aussi la loi arbitraire de son propre peuple qui, pour “ raison d’état ”, lui interdit de choisir l’homme qu’elle désire.
J’entends un écho qui traverse le temps entre Penthésilée et d’autres femmes surgies des luttes armées des années 70 ou des révolutions plus récentes qui ébranlent l’ordre mondial. Cet écho se nomme désobéissance. Par leurs gestes extrêmes, propres à chacune, par l’utilisation de la violence pour certaines, la subversion qu’elles incarnent s’apparente à une force infinie qui naît de la protestation. Avec Penthésilée, elles défient toutes les lois de représentations du genre féminin, au théâtre comme à la bataille.
Laissons-nous conter le poème de Penthésilée, et, dans l’interstice, laissons apparaître les silhouettes de celles qui, dans la réalité de notre monde, ont choisi de ne plus obéir.
Le Projet Penthésilée s’est construit en plusieurs escales en France, en Afrique, au Moyen-Orient et aux Caraïbes. Des artistes venus de différents pays y participent.
“ La scène est un champ de bataille ” signale Kleist, aux premières lignes de son ouvrage.
Quel champ de bataille aujourd’hui ?
Un plateau pourrait-il devenir le théâtre des opérations ?
Note d’intention de Catherine Boskowitz
Penthésilée
Adaptation et mise en scène
Catherine Boskowitz
d’après Penthésilée
de Heinrich von Kleist
dans la traduction de
Julien Gracq
assistanat à la mise en scène
Estelle Lesage
installation et scénographie
Jean-Christophe Lanquetin
construction
Yoris Van Den Houte
vidéo et lumières
Laurent Vergnaud
costumes
Chantal Rousseau
dramaturgie
Leyla Rabih
musique
Benoist Bouvot
avec
Lamine Diarra
Adèll Nodé Langlois
Marcel Mankita
Simon Mauclair
Nadège Prugnard
Fatima Tchiombiano
Nanténé Traoré
Production : Compagnie abc
Direction de production Anne Sorlin – Diffusion Karinne Méraud, K Samka productions
Coproduction : Théâtre des Quartiers d’Ivry, Théâtre Paul Éluard de Choisy-le- Roi, Collectif 12, Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – Centre Dramatique National, Grenier/Neuf – Dijon, Cie Sokan (Côte d’Ivoire). Avec l’aide de la DRAC Île-de-France, la Drac Bourgogne, La Commission internationale du théâtre francophone, la Région Île-de-France, Arcadi Île-de-France/Dispositif d’accompagnements. Avec le soutien du CENTQUATRE-Paris et de La Cité – Espace de récits communs à Marseille
Théâtre des Quartiers d’Ivry
Du 4 au 31 mai 2015
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