On attendait avec impatience ce nouvel opus musical de Mathieu Bauer. Sa plongée dans son studio d’enregistrement nous est restée sur l’estomac. On a essayé de se raccrocher aux perches qu’il tend sans y parvenir fauter d’une dramaturgie maitrisée.
« Please kill me » en 2011 nous avait littéralement enchanté. Mathieu Bauer s’était inspiré du livre de Legs McNeil et Gillian McCain qui retrace l’épopée du punk rock américain à travers les témoignages des protagonistes de l’époque. Un spectacle totalement enivrant et enthousiasmant avec déjà sur scène Kate Strong, Matthias Girbig et Sylvain Cartigny à la guitare. On se faisait donc une réelle joie de retrouver ces protagonistes dans une nouvelle histoire musicale. Espoir déçu. Si « Please kill me » s’appuyait sur un ouvrage, la dramaturgie de Thomas Pondevie s’inspire de plusieurs matières textuelles philosophiques : Roland Barthes, Peter Szendy, Robert Bresson. Les morceaux se recollent difficilement et l’histoire de ces personnages coincés pendant 24 heures dans un studio d’enregistrement pour peaufiner la bande son d’un film d’horreur n’a pas la saveur que l’on attendait.
La scénographie de Chantal de La Coste est attirante. Le studio avec les musiciens est au centre du plateau, la cabine d’enregistrement pour les comédiens est posée côté cour. Des pupitres sont positionnés côté jardin tandis que des dizaines de câbles tombent des cintres.
On retrouve donc la chanteuse Kate Strong dont on apprend très vite qu’elle est à la recherche de sa mélodie préférée, celle qui la hante. Le public est appelé à la rescousse pour tenter de lui donner des idées. Le spectacle est un voyage à travers différents courants musicaux. De Robert Palmer à Johnny Hallyday en passant par Kate Bush qui s’avère être la fameuse mélodie tant cherchée.
On tape parfois du pied mais cela ne fait pas pour autant un spectacle enivrant. Matthias Gribig et Thomas Blanchard qui incarne avec brio le perchman bruiteur mettent beaucoup de cœur à l’ouvrage pour faire exister cette histoire sur le plateau avec la chanteuse lyrique Pauline Sikirdji. Mais cela ne suffit pas. Le propos est confus. Mathias Bauer joue sur le terrain de jeu de Marthaler, mais c’est laborieux. La pendule tourne dans le studio d’enregistrement, le temps s’égrène lentement, et l’ennui pointe très vite. On est pourtant réveillé par quelques séquences comme celle de la post-synchro d’une scène d’horreur avec des légumes. Mais ce ne sont que de petits moments fugaces qui n’effacent pas le reste.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
The Haunting Melody
création Mathieu Bauer – composition Sylvain Cartigny
conception et mise en scene Mathieu Bauer
création musicale Sylvain Cartigny
dramaturgie Thomas Pondevie
scénographie et costumes Chantal de la Coste
son Dominique Bataille
vidéo Stephane Lavoix
collaboration informatique musicale Ircam Grégory Beller
lumière Stan Valette
avec Mathieu Bauer, Thomas Blanchard, Sylvain Cartigny, Matthias Girbig, Pauline Sikirdji, Kate Strong
production Nouveau théâtre de Montreuil-centre dramatique national
coproduction Ircam-Centre Pompidou
avec le soutien du Jeune Théâtre National et de la Région Île-de-France au titre de la permanence artistiqueDurée: 1h45
Nouveau Théâtre de Montreuil
22 JANV > 14 FEV 2015
lundi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30
mardi et jeudi à 19h30
relâches dimanche 25 et mercredi 28 janvier, dimanche 1 et dimanche 8 février
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