Des deux spectacles que Séverine Chavrier a présenté à l’Odéon cette saison, « Les Palmiers sauvages » est, chronologiquement, sa première création et pourtant la plus intéressante. Avec « Nous sommes repus mais pas repentis », elle compose une esthétique similaire.
Peu de personnages – ici un quasi duo –, sont baignés dans un amoncellement d’objets sur un immense plateau, ce qui a pour effet de donner à chaque scène une dimension monumentale où l’œil est joué dans de multiples perspectives. On retrouve aussi les platines vinyles, la même étagère – qui porte ici des boîtes de conserves quand elle était parsemée de livres dans « Nous sommes repus (…) ». La vidéo occupe également la même place en arrière plan et, là aussi, les acteurs cassent de la porcelaine. Enfin, on retrouve, dans le rôle du héros principal, Laurent Papot.
Cet ensemble produit de belles images, surtout lorsque Séverine Chavrier accepte de jouer avec la lenteur – ce qui est rare. On est captivé par quelques jeux de chute, notamment un vent d’automne qui balaye les feuilles mortes sur la scène, absolument splendide. Dans ces « Palmiers sauvages », Chavrier joue beaucoup des effets météorologiques comme pendant aux émotions d’Harry et Charlotte. La rencontre, le coup de foudre, l’emprisonnement d’une relation fondée en partie sur le mensonge et l’aboutissement forcément mortel.
La structure dramatique est construite comme l’ensemble des souvenirs d’une relation, sans lien vraiment narratif. Le texte de William Faulkner résonne avec celui de la mise en scène de Julie Duclos, « Nos Serments », vue à la Colline ces deux dernières saisons. Mais là où Duclos parvient à trouver l’équilibre entre le calme et la colère, Chavrier sombre trop souvent dans le bruit et l’hystérie exacerbée. Les personnages hurlent, baisent comme des lapins, mais au final la tension n’est pas si constante. Ces « Palmiers sauvages » sont assez beaux, mais le spectacle aurait gagné en force et en profondeur s’il avait été d’une forme plus apaisée.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Les palmiers sauvages
mise en scène et musique Séverine Chavrier
d’après le roman de William Faulkner Si je t’oublie Jérusalem (ou Les palmiers sauvages)
scénographie Benjamin Hautin
dramaturgie Benjamin Chavrier
son Philippe Perrin
lumière David Perez
vidéo Jérôme Vernez
régie générale Frédéric Aguet
avec Laurent Papot, Déborah Rouach
production Théâtre Vidy-Lausanne / Compagnie La sérénade interrompue
coproduction Nouveau Théâtre de Montreuil
avec le soutien de la SPEDIDAM, du Ministère de la Culture et de la Communication, du CDN de Besançon Franche-Comté, de Pro Helvetia
durée : 1h45CDN Orléans
Mercredi 17 mai 17 20h30
Jeudi 18 mai 19h30
Vendredi 19 mai 20h30
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