Vincent Macaigne est de retour au théâtre. Après son Hamlet qui a embrasé le cloître des Carmes à Avignon en 2011, il reprend un adaptation de L’idiot de Fiodor Dostoïevski qu’il avait déjà présenté en 2009. Une expérience théâtrale titanesque de 4 heures aux allures rock n’roll qui ne flanche jamais.
Le spectacle débute dans la rue, Vincent Macaigne et sa bande chauffent le public, jeune pour l’essentiel, et lui demande de faire la claque devant les bars de la place du Châtelet. « Mettez-vous torse nu ! Buvez de la bière ! » Il y a de l’ambiance dans la rue et ensuite dans la salle puisque c’est l’anniversaire de Nastasia. C’est le délire, on se croirait en boîte, la sono hurle une techno saturée (on distribue comme dans les concerts des bouchons pour les oreilles) et les adolescents sont invités à rester sur scène. Mais cette ambiance potache, trash et bon enfant va très vite laisser place au théâtre. Et c’est là toute la réussite de ce spectacle. Derrière l’artifice et la débauche de moyens, il y a une vraie force dramatique.
« Pourquoi chaque pauvre n’est pas un Rothschild ? » Le ton politique de la pièce est donné dès cette première réplique. Vincent Macaigne utilise des procédés décapants de mise en scène – un plateau qui se transforme en pataugeoire dégueulasse, un jeu scandé et hurlé – pour les mettre au service du théâtre. A travers cette relecture de l’Idiot, il interroge notre société actuelle, son modèle social politique et économique. Dostoïevski a écrit le roman dans une Russie au capitalisme naissant. Aujourd’hui nous mesurons les progrès et les dérives du capitalisme sur notre société. « Tous les socialistes viennent de l’aristocratie« , « A quoi ça nous amènera le crédit ? », « Ne pas croire au diable est une idée française« … Autant de petites phrases distillées tout au long du spectacle qui nous ramènent à l’actualité.
Ce spectacle est sans concession. On y critique l’éloquence des français, les nouveaux riches, le monde de la finance, la société libérale. Dans ce théâtre de l’urgence, la violence de la société éclate au grand jour. C’est celle de Saint-Pétersbourg à la fin du 19ème, c’est aussi celle de l’Europe du début du 21ème. « Il n’y aura pas de miracle. Ici c’est pire qu’ailleurs » peux-t-on lire en grand sur le mur de fond dans la deuxième partie. Les espoirs de Mychkine, jeune prince rempli d’idéaux sont alors brisés.
Le rythme est effréné. Les comédiens courent partout. Le plateau est tantôt envahi par la mousse tantôt par la terre, les cloisons tombent, les coups de feu pleuvent. Le tout dans un joyeux bordel maîtrisé qui donne du fil à retordre à l’équipe technique du Théâtre de la Ville (et de toutes les équipes qui vont accueillir le spectacle). On ne souligne jamais assez leur rôle essentiel sur un plateau.
Les personnages sont parfaitement bien interprétés par des comédiens à la vitalité éblouissante qui ne ménagent pas leurs cordes vocales. Pascal Reneric est ahurissant dans le rôle du Prince Mychkine. Pauline Lorillard incarne un Aglaia qui rêve de conquête et d’Europe. Servane Ducorps est une Nastasia bouillonnante au caractère bien trempé et Thibault Lacroix est un Hippolyte désespéré dont les multiples tentatives de suicide ratées forcent le rire.
Une nouvelle fois Vincent Macaigne réussit l’alchimie parfaite. Son théâtre est ancré dans les esthétiques contemporaines. Son théâtre a du sens. Il permet à tous les publics de s’y retrouver.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Idiot ! Parce que nous aurions dû nous aimer
ÉCRITURE, MISE EN SCÈNE,
CONCEPTION VISUELLE ET
SCÉNOGRAPHIQUE :
VINCENT MACAIGNE
DÉCOR :
JULIEN PEISSEL
LUMIÈRE :
KÉLIG LE BARS
VIDÉO :
THOMAS RATHIER
ASSISTANT À LA MISE EN SCÈNE :
DAN ARTUS
CONSTRUCTION DU DÉCOR :
ATELIERS THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE
AVEC :
DAN ARTUS
LAURE CALAMY
DUCORPS SERVANE
THIBAULT LACROIX
PAULINE LORILLARD
VINCENT MACAIGNE
EMMANUEL MATTE
RODOLPHE POULAIN
THOMAS RATHIER
PASCAL RENERIC
PRODUCTION :
THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE
COPRODUCTION :CIE FRICHE 22.66, THÉÂTRE DE LA VILLE – PARIS, THÉÂTRE NANTERRE-
AMANDIERS, FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS, LE LIEU UNIQUE, SCÈNE NATIONALE DE NANTES, BONLIEU, SCÈNE NATIONALE ANNECY ET LA BÂTIE – FESTIVAL DE GENÈVE
DANS LE CADRE DU PROJET PACT
BÉNÉFICIAIRE DU FEDER AVEC LE PROGRAMME INTERREG IV A FRANCE-SUISSE
AVEC LE SOUTIEN DE :MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION (F)
PRO HELVETIA
AVEC L’AIDE DE :MC2 : GRENOBLE
PRODUCTION DE LA PREMIÈRE VERSION :
MC2 : GRENOBLE, THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT – PARIS, THÉÂTRE NATIONAL DE BRETAGNE – RENNES, CDN D’ORLÉANS-LOIRE-CENTRE, ARCADI (ACTION RÉGIONALE POUR LA CRÉATION ARTISTIQUE ET LA DIFFUSION EN ÎLE-DE-FRANCE), CIE FRICHE 22.66, CNT
Théâtre Vidy-Lausanne
11.9. – 21.9.
Théâtre de la Ville, Festival d’Automne, Paris
1.10. – 12.10.
La Criée – Théâtre National de Marseille
17.10. – 19.10.
Théâtre Nanterre-Amandiers, Festival d’Automne, Paris
4.11. – 14.11.
Le lieu unique, Nantes
19.11. – 21.11.
Bonlieu Scène nationale, Annecy
26.11. – 27.11.
précieux VINCENT MACAGNE il est précieux VINCENT MACAIGNE Artiste humaniste, créatif, amis fidèle, travailleur, son équipe est fort doué, ils sont tous formidables ; on vous aime les Artistes , bonne continuation , toujours et encore avec vous. Merci