Voilà un trio presque classique des comédies de boulevard: le mari, la femme et …l’amant. Mais ici l’amant est celui du mari ! La nouvelle pièce déjantée de Sébastien Thiéry permet à François Berléand d’exulter sur scène. On vient pour rire et on n’est pas déçu.
Sébastien Thiéry s’est imposé en quelques années comme l’auteur qui renouvelle le genre des comédies dites de « boulevard ». Mais son écriture a plus à voir avec celle des grands maîtres du vaudeville que celle des comédies poussiéreuses des années 70 qui sentent un peu la naphtaline et le rire gras. Ici on est proche de Feydeau ou de Labiche. D’ailleurs il y a fait une allusion bien sentie dans l’une des premières scènes lorsque Kramer (François Berléand) découvre sans son lit Nicolas son jeune collègue de travail (Sébastien Thiéry). Il le tient en joue avec un fusil et ne cesse de lui dire de se tenir « sous la biche » l’un de ses trophées de chasse. Cette première réplique fait mouche et déclenche l’hilarité générale.
On est donc venu voir du boulevard ou du vaudeville si l’on préfère, cela fait moins ringard de le dire comme cela, et l’on pas déçu, car la pièce est franchement drôle et totalement absurde. Un avocat n’ose pas s’avouer son homosexualité et se retrouve nu dans son lit avec l’un des ses associés. Il souffre en quelque sort d’une amnésie sexuelle ! Sa femme, Catherine (Isabelle Gélinas) les surprend nus comme des vers (Sébastien Thiéry est réellement nu, François Berléand conserve pudiquement un drap) et ramasse l’objet du délit: un préservatif usagé. Et lui ne se souvient de rien. On craint pas moment que la pièce ne frise l’homophobie mais Sébastien Thiéry ne franchit jamais la ligne jaune. On le doit surtout au rôle de Catherine qui n’arrête pas de dire: « Je peux vivre avec un homo, mais pas avec un menteur« .
Kramer va alors s’enferrer dans des explications sans queue ni tête: « J’ai quand même le droit de ramener du travail à la maison !« François Berléand est brillant dans ce rôle comique absurde à l’anglo-saxonne. Son personnage s’emmêle les pinceaux jusqu’à se payer les services d’un call-girl pour la faire passer pour sa maîtresse tellement il a honte de son homosexualité. Ce qui donne une scène d’anthologie où la pauvre escort (Sophie Parouty) est victime d’un ping-pong conjugal irrésistible qui permet à François Berléand et Isabelle Gélinas de faire le grand jeu. Une scène burlesque qui devrait faire date dans l’histoire du vaudeville.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Deux hommes tout nus
De Sébastien Thiéry
Mise en scène Ladislas Chollat
Collaborateur artistique du metteur en scène Eric SupplyAvec François Berléand, Isabelle Gélinas, Sébastien Thiéry, Marie Parouty. Décors Edouard Laug. Costumes Jean-Daniel Vuillermoz. Lumières Alban Sauvé. Vidéo Nathalie Cabrol. Musique Frédéric Norel
À partir du 16 septembre
Du mardi au vendredi à 20h30, le samedi à 17h30 et 20h30 et le dimanche à 15h
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