C’est sans doute des Aventures d’Ivan Vaffan, en 1984, que date le nom de « tribu » longtemps accolé aux danseurs de Jean-Claude Gallotta. « Tribu » parce que garçons et filles se donnaient des airs de guerriers et d’amazones incontrôlables venus d’on ne sait quelle Mongolie, harnachés comme des barbares, barbus, vêtus de loques et de strass, agitant de grands drapeaux plus vibrionnants que belliqueux. Il y avait de la joie, de l’extase, de la prière, ou du moins des rites qui s’en approchent, des attouchements, tous un peu bâtard, tous sachant s’apaiser avant de partir à la conquête d’une quelconque incongruité sensuelle, voire d’un mot d’amour.
La presse s’interrogea sur les mœurs et les rites de cette étrange horde dont les membres ne cessaient de s’étreindre fougueusement, de s’empoigner, de se palper, de se découvrir, étonnés comme des enfants. On parla alors, au-delà de la gestuelle, de « l’esprit Gallotta ». Le chorégraphe « brouille les cartes du sexe et redistribue les caresses » notait l’écrivain Hervé Guibert.
Près de trois décennies plus tard, Jean-Claude Gallotta poursuit ce rêve un peu fou de récréer chaque année une de ses premières chorégraphies. « J’éprouve toujours le besoin, dit-il de voir revivre mes pièces, d’en constituer le répertoire, de les relier entre elles, de défier l’éphémère qui les constitue, de confronter mon travail au temps. Pour cela je m’apprête avec bonheur à réinterroger Yvan Vaffan avec des interprètes dont la plupart n’étaient pas nés au moment de la création, à réinventer cette pièce avec eux, à accorder ses rythmes aux souffles d’aujourd’hui. »
Il s’agit alors pour lui de vérifier comment l’allégresse des années quatre-vingt résiste dans le bain moins insouciant d’aujourd’hui, où le concept de la joie est en berne ; comment l’on peut encore « redistribuer les caresses » mais aussi les drapeaux, les frontières, les identités, les intimités ; comment, enfin, sa nouvelle tribu s’y prendra pour se disputer l’ordre des places sur le canapé, entre postures polissonnes et fougue contestataire.
Ivan Vaffan
chorégraphie Jean-Claude Gallotta / assistante à la chorégraphie Mathilde Altaraz / musique Strigall
dramaturgie Claude-Henri Buffard / lumières Manuel Bernard / costumes Jacques Schiotto et Marion Mercier d’après Jean-Yves Langlais
interprètes Alexane Albert, Ximena Figueroa, Ibrahim Guétissi, Mathieu Heyraud, Georgia Ives, Bruno Maréchal, Cécile Renard, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Stéphane Vitrano, Béatrice Warrand
production Centre chorégraphique national de Grenoble / avec le soutien de la MC2 : Grenoble
Salle Jean Vilar
Du 19 au 23 novembre 2013, 20h30
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