En nous attaquant à Cyrano de Bergerac, œuvre majeure d’Edmond Rostand, et du patrimoine littéraire français, nous faisons le vœu, et le choix, de la complexité : au-delà des poncifs que véhiculent un tel texte (diction de l’alexandrin, gestion d’une très grosse équipe, profusion de décors, d’accessoires, de technique,…), l’œuvre de Rostand renferme elle-même toute la beauté et le paradoxe d’un certain « théâtre à la française ». Ce terme, s’il ne peut tout expliquer, jalonne pourtant notre parcours depuis le Dindon de Feydeau et Knock de Jules Romains, nos précédents spectacles. CYRANO DE BERGERAC va plus loin, et entend clore une trilogie inespérée, folle mais responsable, autour d’un théâtre tout à la fois incontestable et populaire.
Cette œuvre, c’est donc et c’est tant mieux la quintessence de nos imaginaires, et de nos solutions. En effet, il s’agit avant tout de produire un spectacle, fourmillant et inventif, qui rende hommage au mythe : l’histoire d’un homme bon, poète libre et flamboyant, soucieux de son temps et de ses compagnons. C’est ce sens du collectif, qui souffre de la paupérisation du terme « troupe », qui nous meut : l’idée d’un théâtre pas seulement politique mais sincère, engagé dans des valeurs qui rassemblent, en évitant les divisions. Cette création, c’est une réalisation collective qui s’appuie sur nos talents et notre énergie. Avec nos sensibilités et nos souvenirs. Car nous sommes tous familiers de Cyrano de Bergerac, que tout le monde connaît ou presque. Qu’il ait les traits de Daniel Sorano ou Gérard Depardieu, qu’il ne soit qu’un vieux livre posé sur une étagère, il survit à toutes les interprétations, et à la nôtre sans aucun doute. Il n’y a donc pas chez nous la moindre volonté de bouleversement, mais seulement de rendre juste hommage à l’auteur et à son personnage. C’est tout ? Non, et c’est là que la chose devient complexe : Cyrano (tout comme son double grotesque Ragueneau) a réellement existé. Edmond Rostand, loin d’être le père de l’autofiction, nous livre un personnage qui figure notre Histoire, comme Racine avec Néron, et tant d’autres avant lui. Cette dramaturgie à contre-courant place Cyrano de Bergerac au panthéon des comédies héroïques, où se disputent tous les genres : drame, aventure, burlesque, romantique… C’est l’apanage des grands textes de renfermer toutes les interprétations sans jamais souffrir de la moindre mise en scène.
Ces textes traversent les époques, et se moquent des petits arrangements avec l’Histoire. Savinien Cyrano de Bergerac, auteur dramatique entre autres choses, n’est plus que l’ombre de Cyrano, son double arrangé et sublimé. Edmond Rostand a su rendre hommage au meilleur qu’il y a en chacun de nous. En sublimant son personnage, il donne à chacun l’espoir d’une vie d’aventures, bien remplie, avec son lot de malheurs et ses morceaux de bravoure. Au cœur de la pièce, il y a tous les ressorts du théâtre, toutes les exigences, et monter cette pièce, c’est s’obliger à la rigueur et à l’invention, c’est se mettre à la hauteur d’une synthèse parfaite du pouvoir de la représentation : mêler notre histoire commune à l’Histoire avec un grand H. C’est se prendre pour Cyrano, avec les épées, les bagarres, mais aussi avec ses faiblesses, sa poésie, et à l’inverse sa facilité au « verbiage »…Notes de mise en scène
Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand
Compagnie du Berger / Comédie de Picardie
adaptation et mise en scène : Olivier Mellor
régie générale : Benoît André
lumière : Benoît André
son : Christine Moreau
scénographie : Alexandrine Rollin, Noémie Boggio
régie plateau : Syd Etchetto, Greg Trovel, Alexandrine Rollin, Stéphane Hélal
costumes : Hélène Falé assistée de Martine Boggio
maquillages, coiffures : Hélène Falé
maître d’armes : Patrice Camboni
administration : Karine Thénard Leclerc
attachée de production : Caroline Corme
relais scolaires : Marie Chabredier
avec :
Jean-Jacques Rouvière …………………………..………… CYRANO
Marie-Béatrice Dardenne ………………………..………… ROXANE
Adrien Michaux ……………………………………..………… CHRISTIAN
Stephen Szekely……..…………………………..…………… COMTE DE GUICHE
Fred Egginton …..………………………………..…………… RAGUENEAU
Rémi Pous ………………………………………..……………. LE BRET, UN CUISINIER
Olivier Mellor …………………………………..……………… JODELET, CARBON DE CASTEL-JALOUX
Dominique Herbet………………………………..………….. LIGNIERE, UN PATISSIER, UN CADET
Vincent Tepernowski………………………..………………. VALVERT, UN POETE, UN CADET
Denis Verbecelte …………………………………………….. LE FÂCHEUX, BRISAILLE, UN CADET, UN CAPUCIN
François Decayeux …………………………..……………… LE PORTIER, CUIGY, BELLEROSE, UN POETE, UN CADET
Marie Laure Boggio …………………………..…………….. UNE COMEDIENNE, LISE, SŒUR MARTHE
Michel Fontaine ………………………………..…………….. UN MARQUIS, LE CAPUCIN
Mylène Gueriot ………………………………..……………… SŒUR CLAIRE, LA DISTRIBUTRICE, LA BEAUPRE, UNE PATISSIERE
Karine Dedeurwaerder ……………………..……………… LA DUEGNE, MERE MARGUERITE DE JESUS
Jean-Christophe Binet ………………………..……………. D’ARTAGNAN, UN PATISSIER, UN CADET
Séverin Jeanniard, Cyril Schmidt, Romain Dubuis,
Adrien Noble, Syd Etchetto, Greg Trovel………….…. DES CADETS
et Nicolas Auvray…………..………………………………… MONTFLEURY, UN CADET
musiciens : Séverin « Toskano » Jeanniard, Romain Dubuis, Cyril « Diaz » Schmidt, Adrien Noble feat. Michel Fontain
Production : Compagnie du Berger / Comédie de Picardie
Avec la participation de la SPEDIDAM
la Compagnie du Berger est associée à la Comédie de Picardie, et subventionnée par le Conseil régional de Picardie,
le Conseil général de la Somme et la Direction régionale des affaires culturelles de Picardie – Ministère de la Culture et de la Communication
L’épée de Bois – La Cartoucherie
Du 6 novembre au 2 décembre 2012
Du mardi au samedi à 20h30
Le dimanche à 18h
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !