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Un « Casse-Noisette » de rêve au Vieux-Colombier

À la une, Paris, Théâtre
Johanna Boyé met en scène Casse-Noisette ou le Royaume de la nuit au Vieux-Colombier
Johanna Boyé met en scène Casse-Noisette ou le Royaume de la nuit au Vieux-Colombier

Photo Vincent Pontet, coll. Comédie-Française

La Comédie-Française met le jeune public à la fête en cette période de Noël avec une réécriture éclatante du fameux conte d’Hoffmann popularisé par le ballet de Tchaïkovski. Sous la houlette de Johanna Boyé, Casse-Noisette ou le Royaume de la nuit est un hommage à nos fêlures, un appel à contacter nos ressources enfouies, un levier cathartique pour se relever de ses blessures. Un spectacle magistral et flamboyant qui donne à rire et à rêver pour les nuits d’hiver.

Après La Reine des neiges, l’histoire oubliée, la salle boisée du Vieux-Colombier accueille Casse-Noisette ou le Royaume de la nuit, deuxième adaptation et réécriture de conte à quatre mains par Johanna Boyé et Élisabeth Ventura pour la troupe de la Comédie-Française. Elle est loin la version d’Hoffmann et le ballet de Tchaïkovski a rangé ses pointes pour laisser place à une pièce de théâtre musicale et féérique qui tord l’intrigue originale pour faire coïncider ce récit d’un autre temps avec notre époque et ses enjeux brûlants. Car derrière la dimension onirique et fantastique du conte, nos deux autrices cultivent à dose égale un humour roboratif et la volonté évidente de transmettre des valeurs qui leur tiennent à cœur. Leurs héroïnes, que ce soit Gerda dans La Reine des neiges ou ici Clara, ont en commun leur vaillance et leur détermination. Ce sont des jeunes filles au tempérament trempé, aussi blessées que courageuses, prêtes à affronter leurs peurs. Quant au personnage légendaire de Casse-Noisette, il n’est plus le soldat téméraire qui se lance à l’assaut du Royaume des souris, mais un pacifiste facilement effrayé, peu enclin à dégainer son épée de pacotille, mais prompt à se solidariser avec cette jeune fille aussi cabossée que lui. Tous les deux ont en commun des cicatrices indélébiles. Ce sont des rescapés, vivants, mais abimés. Et c’est d’ailleurs sur un portant d’attelles de différentes tailles que s’ouvre le prologue à l’avant-scène. Attelles conçues par le parrain de Clara, l’inventif Drosselmeyer, horloger ingénieux et bricoleur hors pair, avec qui notre héroïne (car c’est elle la véritable héroïne) nourrit une complicité de longue date.

L’histoire débute le soir de Noël, dans le salon cossu de la famille Silverhaus. Carrelage en damier au sol, sapin à jardin et fauteuil club à cour, les parents sont sur leur 31, excités comme des puces, avides de mondanités et d’ascension sociale. Pourtant, leur fille n’est pas d’humeur festive, elle refuse de jouer le jeu et ne semble s’épanouir qu’au contact de son parrain chéri, qui lui offre un automate fabriqué par ses soins, grandeur nature : un Casse-Noisette beau comme un ange (gardien). À la faveur de la nuit, celui-ci s’anime et l’armoire à pendules devient porte secrète ouvrant sur des royaumes inconnus au pays des songes. Toute en glissements et métamorphoses, la dramaturgie joue sans cesse sur les passages entre les mondes aussi bien qu’entre les œuvres. Palimpseste joyeusement libéré de la trame d’origine, cette version n’en cultive pas moins les clins d’œil à tout bout de champ. Comme ce tutu reçu en cadeau par Clara qui ne l’enchante pas – ses parents ne sont décidément pas à la page –, mais si la demoiselle n’a aucun rêve de ballerine, elle sait d’emblée comment le transformer pour un usage éclairé.

Porté par une distribution haut de gamme qui s’en donne à cœur joie dans ce climat enchanté, le spectacle déploie son univers de fantaisie et de folie douce dans une scénographie (signée Caroline Mexme) de toute beauté, qui fonctionne en revirements de couleurs tranchés. Ambiance bleue nocturne à la maison qui vire au rouge dans le château des Pirlipates, ce sont les costumes de Marion Rebmann qui apportent la touche finale et magistrale de ce défilé de créatures imaginaires en collants scintillants, culottes bouffantes et crinolines ajourées, tandis que les coiffures de Julie Poulain, en cerise sur le gâteau, parachèvent ces silhouettes pittoresques et drolatiques. Car l’humour s’immisce partout, dans les répliques bien senties, les running gags et les détails – les couverts dorés qui ornent les habits royaux font leur effet. Et la boîte noire de la scène se transforme en boîte magique où tout se transforme sans cesse au rythme des changements de ton et de situation. Dans ce monde de métamorphoses, les comédiens et comédiennes accumulent les rôles avec une maestria qui donne le tournis.

Baptiste Chabauty est un Casse-Noisette androgyne et adorable, d’une délicatesse exquise, quand Mélissa Polonie campe avec sincérité et sensibilité une Clara toute en nuances, entre douceur et cran, fragilité et force. Le couple formé par Nicolas Chupin et Véronique Vella est un sommet comique qui emporte le gros lot, tandis qu’en Drosselmeyer, Yoann Gasiorowski est aussi énigmatique que fascinant. Charlotte Van Bervesselès, nouvelle recrue dans la troupe, ne démérite pas en princesse Pirlipatine rebelle et Coraly Zahonero provoque l’hilarité de la salle en fée Dragée aussi extravagante que déjantée dans une scène d’anthologie qui fait la peau au quatrième mur. L’épisode du procès apporte d’autres niveaux de lecture à la pièce et distille ses arguments pacifiques autant que ses punchlines et jeux de mots comiques. La mise en scène de Johanna Boyé contribue à l’harmonie générale. D’une maîtrise bluffante, cousue d’or, elle fait la part belle à la magie du théâtre, à son artisanat merveilleux, et orchestre sans temps morts ce ballet de bras cassés attachants et captivants. On est sous le charme, conquis par ce spectacle de fête aux vertus réparatrices et aux éclats de comédie musicale. Privilégiant autant le sens profond de l’histoire que la capacité d’émerveillement visuel du spectacle vivant, ce Casse-Noisette d’aujourd’hui prouve que les contes n’ont pas dit leur dernier mot et ont encore des messages à glisser aux jeunes générations.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Casse-Noisette ou le Royaume de la nuit
librement inspiré du conte d’E. T. A. Hoffmann
Mise en scène Johanna Boyé
Adaptation Johanna Boyé, Élisabeth Ventura
Avec Véronique Vella, Coraly Zahonero, Yoann Gasiorowski, Nicolas Chupin, Baptiste Chabauty, Mélissa Polonie, Charlotte Van Bervesselès
Scénographie Caroline Mexme
Costumes Marion Rebmann
Lumières Cyril Manetta
Vidéo Gabriele Smiriglia
Musique originale et son Mehdi Bourayou
Travail chorégraphique Johan Nus
Maquillages et coiffures Julie Poulain
Assistanat à la mise en scène Laura Bauchet
Assistanat aux costumes Violaine de Maupeou
Réalisation du décor Atelier de la MC93, Maison de la culture de Seine-Saint-Denis

Le texte de la pièce est publié à L’avant-scène théâtre.

Durée : 1h35

Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier
du 26 novembre 2025 au 4 janvier 2026

3 décembre 2025/par Marie Plantin
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