La compagnie Les Dramaticules fête ses 20 ans d’existence en recréant sa pièce fondatrice : Macbett d’Eugène Ionesco. Un retour drôle et absurde aux origines du collectif, qui ne réactualise cependant rien du mythe shakespearien.
Les Dramaticules, c’est vingt ans d’existence, une équipe de seize collaborateurs fidèles, autant de créations, dont trois actuellement en tournée. La dérision et l’absurde ne sont jamais loin chez ce collectif, même lorsqu’il s’empare de grands classiques shakespeariens, comme Richard III en 2012 ou Hamlet en 2018. La compagnie revient donc ici à ses fondamentaux avec la recréation de Macbett d’Eugène Ionesco, mise en scène qui signait la naissance du collectif en 2005.
C’est une adaptation au carré, donc. Celle qu’Eugène Ionesco propose de la pièce de Shakespeare, d’abord. En 1972, l’auteur de La Cantatrice chauve et de Rhinocéros se penche sur sa seule adaptation de l’œuvre du dramaturge anglais, ce sera celle de la pièce écossaise qui déroule le destin sanglant du général Macbeth, commettant un crime régicide aidé de sa femme pour s’emparer du pouvoir avant de tomber dans la folie et la paranoïa. Le dramaturge y reprend les grands axes narratifs de la pièce originelle, tout en insistant sur l’amitié du duo Macbeth/Banco pour mieux souligner la cruauté de l’assassinat final. Dans la langue de Ionesco, qui fonctionne en miroir, la litanie de la recherche du pouvoir se répète jusqu’à l’absurde : ami ou ennemi, le désir ardent de posséder le trône pousse aux mêmes violences. Ionesco fait également de Lady Macbeth l’épouse initiale du roi Duncan et confond ses traits avec celles des sorcières qui sortent de la lande pour prophétiser les destins de Macbeth et de Banco. Dans la bouche du dramaturge, elle ne finit pas suicidée, rongée par les remords et l’horreur de son acte, mais elle trahit elle aussi Macbeth en prétextant avoir été hantée par des forces maléfiques pour justifier son geste. Dans son adaptation, Ionesco n’épargne aucun personnage, mais infidèle, séductrice, lâche et sorcière, Lady Macbeth en prend pour son grade.
Dans cette recréation de la compagnie des Dramaticules, on retrouve les ingrédients présents dans leur première mise en scène : un plateau quasiment dénué de décor – hormis quelques silhouettes de soldats peintes sur des panneaux de bois, un trône étincelant surmonté d’une couronne disproportionnée, un damier au sol – et des interprètes à vue qui ne quittent quasiment jamais la scène. Une proposition sans artifice, donc, qui fait confiance à la théâtralité même du texte – son humour, son souffle, ses répétitions. Pour le reste, le destin professé par les trois sorcières se déroule, implacable et cruel : la trahison de Macbeth, l’assassinat du roi Duncan, le retour de Macduff et la chute du tyran. Si la proposition bénéficie d’actrices et d’acteurs hors pair qui brillent de vingt ans de complicité, et donne à avoir, avec humour et clarté, la trame narrative du chef-d’œuvre shakespearien, elle ne dit en revanche pas grand-chose de nouveau sur Macbeth et peine à faire venir jusqu’à nous ses enjeux contemporains – qui sont pourtant nombreux.
Fanny Imbert – www.sceneweb.fr
Macbett
Texte Eugène Ionesco, d’après Macbeth de William Shakespeare
Adaptation et mise en scène Jérémie Le Louët
Avec Julien Buchy, Anthony Courret, Jonathan Frajenberg, Jérémie Le Louët, Dominique Massat, Laurent Papot
Scénographie Blandine Vieillot
Construction Guéwen Maigner
Costumes Isabelle Granier
Lumière Thomas Chrétien
Son Théo Pombet
Régie Thomas Chrétien, Théo PombetProduction Les Dramaticules
Coproduction Théâtre de Suresnes Jean Vilar – Scène conventionnée d’intérêt national ; Théâtre de Chartres – Scène conventionnée d’intérêt national ; Espace Michel Simon – Ville de Noisy-le-Grand
Avec l’aide au projet du Ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France
Avec le soutien du Conseil régional d’Ile-de-France au titre de la Permanence artistique et culturelle et du Conseil départemental du Val-de-Marne au titre de l’aide à l’activité artistique
Résidences Espace Michel Simon, Théâtre de Châtillon, Espace SoranoDurée : 1h30
Vu en novembre 2025 au Théâtre et Cinéma Jacques Prévert, Aulnay-sous-Bois
Espace Sorano, Vincennes
les 15 et 16 novembreLe Colombier, Ville d’Avray
le 21 novembreThéâtre des Arcades, Buc
le 27 novembreLe Moustier, Thorigny-sur-Marne
le 29 novembreThéâtre de Châtillon
du 1er au 6 décembreThéâtre de Chartres, Scène conventionnée d’intérêt national art et création
le 9 décembreThéâtre du Val d’Osne, Saint-Maurice
le 17 janvier 2026Les Passerelles, Pontault-Combault
le 23 janvierThéâtre de Chelles
le 30 janvierEspace culturel Boris Vian, Les Ulis
le 6 février11 • Avignon, dans le cadre du Festival Off d’Avignon
en juillet

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