C’est la troisième collaboration de Jacques Weber avec Pascal Rambert. Après Architecture en 2019 dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon, puis le monologue Ranger, il incarne le patriarche dans Les Conséquences, premier opus de la nouvelle trilogie de l’auteur créé au Théâtre National de Bretagne.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Oui, et de plus en plus, parce que je sais de plus en plus que c’est très difficile, ne serait-ce que de bien jouer.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Je tourne autour du théâtre. Je ne sais pas quoi foutre. Je prends 150 cafés Nespresso et je n’arrête pas d’aller faire pipi.
Avez-vous des habitudes avant de rentrer en scène, des superstitions ?
Je fais pipi dans le lavabo, toujours à la même heure. Et je mets le costume, toujours exactement à la même heure et dans le même ordre.
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
C’était une représentation de L’Avare en 1966 ou 1967, à la Comédie-Française. C’était avec Georges Chamarat, les débuts de Jean-Paul Roussillon. Je me souviens très bien de cela.
Premier bide ?
C’est, hélas, une création que j’avais demandée à Roger Planchon, La Tour de Nesle, produite par le Théâtre de Nice, dont j’étais alors le directeur, coproduite avec le TNP et mise en scène par Roger Planchon.
Première ovation ?
C’est mon Prix d’excellence au Conservatoire. C’est évident : ça se remet très rarement, il y en a eu quatre dans l’histoire du Conservatoire. Et puis, je crois que j’ai fait un vrai grand succès. J’en ai la fierté, oui.
Premier fou rire ?
Le premier fou rire dont j’ai le souvenir, c’est Jacques Villeret dans ma première mise en scène qui s’amusait à me faire rire en rajoutant, pardonnez-moi, le mot « caca » à chaque fin de ses répliques. C’était dans Les Fourberies de Scapin, en 1973. J’étais en larmes de rire et il continuait, c’était épouvantable. Mais j’ai un souvenir merveilleux de cet immense immense acteur.
Premières larmes en tant que spectateur ?
Ce sont d’abord des larmes de joie. Deux souvenirs : Il campiello mise en scène de Giorgio Strehler au Théâtre de l’Odéon en 1975, c’était tellement beau ; et naturellement, et c’est peut-être le premier souvenir, Isabelle Adjani interprétant Agnès dans L’École des femmes. Là, on était tous en sanglots dans la salle.
Première mise à nu ?
Elle est récente. C’était dans la série En thérapie. À ce moment-là de ma vie, j’étais à la fois perdu, dans une immense tristesse, puisque je venais de perdre l’un des êtres les plus chers de ma vie qui était mon frère, et soutenu par désormais une immense amie, Emmanuelle Bercot. Quand j’ai joué dans la série, c’était en somme le bon moment puisque j’interprétais un homme en psychanalyse. Je me suis senti vraiment totalement nu, totalement désarmé. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que j’y étais pas trop mal…
Première fois sur scène avec une idole ?
C’était sans aucun doute avec Pierre Brasseur, qui était un monstre sacré. Quand je me suis retrouvé avec lui, c’était énorme. Et au cinéma, c’était avec Simone Signoret. Jeanne Moreau était à la réalisation [L’Adolescente, en 1979, NDLR]. Avec cela, j’étais bien servi.
Première interview ?
Je me souviens, j’étais mort de trac. C’était dans une émission que Christian Bardier animait, vers 11 heures du soir. Il y avait une toute jeune critique à l’époque, Fabienne Pascaud.
Premier coup de cœur ?
Le premier coup de cœur, mais tellement fou, c’est L’Avare qui m’a donné envie de faire du théâtre, mais aussi Cyrano de Bergerac avec Jean Piat. J’ai applaudi pendant 45 minutes. J’étais dingue. Et c’est aussi à l’Olympia, où j’ai vu énormément d’artistes. Mais je crois que le grand coup de cœur – d’ailleurs j’en étais tombé fou amoureux –, c’est Liza Minnelli qui faisait ses débuts. Elle avait 23 ou 24 ans. Elle était belle comme un cœur et elle était géniale. « Géniale » est trop faible comme mot. Elle était invraisemblable comme danseuse et comme chanteuse. D’ailleurs, je louais tous les soirs un fauteuil d’orchestre, je me ruinais, et j’envoyais des fleurs.
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