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« », entre chutes et reprises

Danse, Les critiques, Montpellier, Moyen, Saint-Nazaire
« » de Camille Boitel et Sève Bernard
« » de Camille Boitel et Sève Bernard

Photo Compagnie L’immédiat

Programmé à Montpellier Danse, « » des deux artistes de cirque Sève Bernard et Camille Boitel balance entre surgissements poétiques et promesses non (encore ?) tenues.

Un spectacle sans titre, mais avec guillemets, afin de bien signaler le refus de fixer en titrant, en désignant. Un spectacle sans décor ni scénographie préalable, car choisissant de se saisir des éléments trouvés dans chaque lieu de représentation pour les transformer en artifices scéniques. Un spectacle faisant partiellement acte de réminiscence, car reprenant (comme dit en conférence de presse) des fragments de créations antérieures – notamment L’immédiat – et faisant ainsi feu de sa propre histoire et trajectoire. Avouons-le : par ces quelques choix et informations, avant même qu’on ne la découvre, la nouvelle création du duo Sève Bernard et Camille Boitel séduit. Parce que la somme de toutes ces décisions et opérations signale un souci de déjouer les attendus, de permettre le surgissement d’imprévus, tout en assumant que chaque compagnie crée par sédimentation des traces et une histoire (au-delà de son seul répertoire). Et peu importe si, lors de ses premières à Montpellier Danse, ce nouvel opus de la Compagnie L’immédiat a laissé un sentiment d’inabouti, de désordre pas tout à fait maîtrisé avec ses longueurs et redites un brin erratiques. Car, contrairement à certaines créations dont on perçoit immédiatement le caractère enclos, « » est de ces propositions – fréquentes dans les arts du cirque – pour lesquelles on pressent les promesses possibles d’une évolution.

Dans « », le public montpelliérain découvre en prenant place dans la salle la scénographie, soit un espace meublé modestement avec des portants à vêtements, une table et des chaises, quelques cartons, une porte et un micro. Dans ce lieu restreint à l’avant-scène par des pendrillons noirs, un homme – Camille Boitel – est enroulé dans un tissu rouge et allongé au sol. Il est rejoint par Sève Bernard dans ce qui a sommairement une apparence d’appartement. Et, tandis qu’elle ne va cesser de se défaire de ses affaires (manteaux, sac à dos, chaussures, etc.), lui, à l’inverse, va se vêtir – peu ou prou à l’identique – avec comme objectif de sortir. Mais tous deux se retrouvent vite confrontés aux mêmes difficultés : tout échappe, tout leur échappe. Les objets et accessoires dérapent et tombent, l’eau coule de travers, les sacs se percent et leurs corps eux-mêmes tout à coup ne répondent plus. On ne sait si, dans cet environnement qui semblait pour eux si familier, tout devient un obstacle à surmonter, ou si l’épuisement qui est le leur gagne les objets qui les entourent. Cette introduction assez ramassée, où les effondrements font l’effet de s’enchaîner comme chez Fischli & Weiss, atteint son acmé avec la chute des pendrillons.

L’espace jusqu’alors circonscrit à l’avant-scène révèle en son arrière un vaste plateau, investi d’éléments majoritairement liés aux coulisses et à la technique : escabeaux, flycases, porte-charges, lumières, balais, bouts de bois, échafaudage. Cette scène non plus ne restera pas en l’état et, après l’annonce d’une jeune femme portant cote noire et casque de chantier rouge – « suite à une situation défavorable, nous vous prions d’évacuer la salle » –, le public va assister à cinq singulières « minutes d’entracte ». Avec l’aide d’une douzaine de complices (technicien·nes et autres artisans du théâtre), la scène est quasiment intégralement vidée. Un nouveau temps s’ouvre alors, avec le déploiement de séquences plus intimes qui s’achèveront sur une ultime scène : un amoncellement final d’objets là encore hétéroclites.

Si l’on détaille ici la structure de « », c’est que celle-ci – chutes sans fin suscitant le rire et la surprise, nettoyage en règle et express du plateau, succession de séquences plus intimes, final avec entassement – épouse totalement celle de L’immédiat, créé en 2009 par Camille Boitel. Et pour les spectatrices et spectateurs ayant vu ce spectacle originel, il y a quelque chose d’assez fascinant à retraverser les motifs et l’architecture d’une œuvre en les découvrant également déplacés. Mais quid de cette proposition en tant qu’œuvre appréhendée indépendamment de la trajectoire d’une compagnie, d’une histoire, d’une mémoire ? On le redit, en l’état, « » ne convainc pas entièrement. Certes, la recherche de déséquilibre est stimulante, inventive et possiblement très fertile, mais elle achoppe également sur un effet d’étiolement du propos. C’est le cas notamment durant les séquences plus « de chambre ». Là, les reprises de motifs soutenues par des compositions classiques et les répétitions en mode variations de scènes – avec le retour d’images, de chutes, de pentes – tendent plus à épuiser le propos qu’à le densifier. Outre certaines séquences éminemment poétiques – ainsi des envols de Sève Bernard (néanmoins ambigus, car empêchés en permanence par tous ces hommes) – et d’autres terriblement cocasses – tels les déplacements complètement contraints au sol du duo –, l’ensemble s’essouffle.

Comme si, dans sa volonté de dépense, dans son souci d’investir absolument tous les espaces, la création en venait à déclencher un affaissement de sa propre forme. Comme si, également, la faible présence de paroles n’empêchait pas le ressassement ni le bavardage. Émerge alors le sentiment d’assister à un spectacle qui tend à s’évider lui-même par la reprise et la redite. Et tout le non-énoncé, pourtant extrêmement passionnant sur les rapports entre nos mondes intérieurs et nos vies extérieures, sur la façon dont nos environnements nous affectent et nous façonnent – et dont nous-mêmes agissons sur eux –, sur les états de déséquilibre et d’épuisement pouvant être autant contraignants que féconds, sur la fragilité et l’impermanence de nos existences tend à s’émousser. Souhaitons que la tournée permette à l’équipe de trouver l’équilibre nécessaire pour que « » révèle toute sa puissance. Cela afin que la mélancolie qui parfois pointe, que le comique qui subrepticement surgit, que l’absurde qui, de temps à autre, chemine s’affirment et viennent soutenir la pertinence du propos.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

« »
Écriture, mise en scène, jeu et manipulations Camille Boitel, Sève Bernard
Regard complice Étienne Charles
Jeu et manipulations Clémentine Jolivet, en alternance avec Pascal Le Corre
Jeu, régie lumière et plateau Étienne Charles, en alternance avec Michael Bouvier
Jeu, portés et manipulations Benoît Kleiber
Jeu, régie son, manipulations Kenzo Bernard
Avec l’Ensemble Conspectus, direction Stefano Bernabovi
Construction Étienne Charles, avec l’aide d’Adrien Maheux, Michael Bouvier
Construction additionnelle Paulo Duarte
Confection costumes Nathalie Saulnier
Confection des pendrillons Nathalie Saulnier, avec l’aide de Lara Manipoud, Clara Stacchetti, Lucie Milvoy, Cécile Quiltu, Anaé Barthelemy
Conseil technique son Gaëtan Parseilhian
Régie générale Stéphane Graillot

Production Compagnie L’immédiat
Coproduction Montpellier Danse, résidence de création à l’Agora, cité internationale de la danse, avec le soutien de la Fondation BNP Paribas ; Bonlieu, Scène nationale Annecy ; Équinoxe – Scène Nationale de Châteauroux ; Le Théâtre, Scène nationale de Saint-Nazaire ; Le Canal théâtre du Pays de Redon, Scène conventionnée d’intérêt National art et création pour le Théâtre ; Théâtre Durance, Scène nationale – Château-Arnoux-Saint-Auban ; Archaos – Pôle National Cirque ; Théâtre Garonne, Scène Européenne – Toulouse ; Théâtre la Vignette, Scène conventionnée, Université Paul-Valéry Montpellier ; TRIO…S – EPCC – Hennebont – Inzinzac-Lochrist, Scène de territoire pour les arts du cirque ; Le PALC Pôle national cirque de Châlons-en-Champagne – Grand Est ; Le Manège, Scène nationale – Reims ; Le Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence ; Bain Public, Saint Nazaire ; Malraux, Scène nationale Chambéry – Savoie ; Théâtre de Grasse, Scène conventionnée d’intérêt national art et création ; Carré Magique, Pôle national Cirque de Bretagne, Lannion ; L’Avant-Scène, Cognac ; Le CENTQUATRE-PARIS ; Théâtre Victor Hugo, scène des arts du geste – Bagneux
Apport collectif Les 3T-scène conventionnée de Châtellerault ; Le Champ de Foire, Saint André de Cubzac ; Odysca, Biscarrosse ; Les 4A, Saint Jean d’Angély ; CREAC la Cité Cirque, Bègles
Soutiens La Martofacture, Sixt-sur-Aff
Compagnie en résidence et création avec le soutien du Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur, La Brèche, Pôle National Cirque de Normandie – Cherbourg-en-Cotentin,
Avec le soutien de l’Adami
Avec l’aide à la création de la DGCA – Ministère de la Culture
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise AG2R LA MONDIALE pour la vitalité artistique et de la Fondation BNP Paribas pour l’accueil en résidence à l’Agora, cité internationale de la danse

La compagnie L’immédiat est conventionnée par le Ministère de la Culture – DRAC Île-de-France et reçoit le soutien de la Région Île-de-France au titre de l’aide à la permanence artistique. La compagnie L’immédiat bénéficie du soutien de la Fondation BNP Paribas pour le développement de ses projets.

Durée : 1h10

Vu en juin 2025 au Festival Montpellier Danse

Théâtre Garonne, Montpellier
du 2 au 16 octobre

Carré Magique, Pôle National Cirque, Lannion
les 14 et 15 novembre

TRIO…S, Inzinzac-Lochrist
les 27 et 28 novembre

Le Théâtre, Scène nationale de Saint-Nazaire
du 7 au 9 décembre

Le Canal, Scène conventionnée d’intérêt national, Redon
les 18 et 19 décembre

25 juin 2025/par Caroline Chatelet
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