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« Sous les paupières », spéléologie anatomique et psychique

A voir, Angoulême, Avignon, Best Off, Les critiques, Paris, Théâtre
Sous les paupières de Lou Chauvain
Sous les paupières de Lou Chauvain

Photo Antoine Vincens de Tapol

C’est un autoportrait en forme de cadavre exquis, un monologue à facettes qui révèle les mondes intérieurs de Lou Chauvain, comédienne aussi attachante qu’étonnante. Sous les paupières alterne confidences diffractées d’une invétérée rêveuse et chansons pop sous les sunlights pour raconter par bribes la trajectoire d’une femme.

Une boule à facettes, une longue robe rouge de théâtre sur un portant, un tissu doré à jardin, un sac à dos à cour. Au centre, un micro. La comédienne Lou Chauvain fait son premier solo, entre le monologue, le concert et le one woman show. Sous les paupières est un joli ovni qui déroute dans sa forme éparpillée, sa construction éclatée en micro-séquences, des sauts de puce dans le passé, des souvenirs qui déboulent, des sensations toujours à vif, des chansons qui s’invitent. Dans une esthétique glamour et pop, Lou Chauvain s’est tissé un écrin, un enrobage de mots et d’images où elle se livre en fragments. Déconcertant au début, le spectacle avance par à-coups, en cuts et rebonds, mais, s’il semble passer du coq à l’âne un temps, c’est pour mieux dessiner les contours d’une personnalité, d’une histoire, d’un corps de femme. En tee-shirt Wakiki rose et mini-short de sport bleu électrique, la comédienne se livre à un exercice de contorsion psychique pour aller regarder sous la peau ce qui se trame, sous l’enveloppe ce qui se cache, sous les apparences ce qui se dévoile. Elle regarde par le trou de la serrure de ses orifices, sexe, anus ou cicatrice d’appendicite, pour comprendre ce qu’il y a au-dedans.

Un peu circonspect dans les premiers moments, le temps que le spectacle trouve sa rampe de lancement et nous avec, on avance d’abord à tâtons, séduit par le charme indéniable de l’interprète, mais un brin perplexe. Et puis, on se détend, on accepte l’aspect brinquebalant des aveux et secrets, cette narration en sauts-de-mouton, on se laisse prendre par le bagout de Lou Chauvain, son aplomb, sa façon d’écrire en partant du corps, de tenter de transcrire l’insaisissable du plaisir, du désir qui couve chez l’adolescente, de revenir en arrière sans transition, de naviguer dans un cerveau toujours allumé, incapable de trouver le sommeil, de gratter la terre et la peau, pour mieux contacter l’âme de sa défunte grand-mère, pour se prouver qu’elle existe peut-être. De démangeaisons en spectacle de natation synchronisée épiphanique, des angoisses du passage à l’an 2000 à une danse de seins hilarante sur du David Bowie, ce spectacle joue sur l’oscillation, la sienne, la nôtre. Lou Chauvain se livre et sa confidence part dans tous les sens. Comme la vie romantique et romanesque qui se déroule sous ses paupières, cette part de vie qu’elle rêve, ces fantasmes qu’elle se fabrique comme rempart à la vie, la vrai, la décevante et compliquée. Lou Chauvain a un monde en elle et elle le révèle, avec la crédulité d’une enfant exubérante, avec l’impatience d’une adolescente, avec toutes les femmes qui se disputent une place dans sa personnalité.

« Il n’y a rien de plus profond chez l’homme que la peau », dit-elle en citant Paul Valéry. C’est ce qu’elle s’échine à creuser dans un texte anguille, en musique et en chansons, dont elle a confié les arrangements et la composition à Pascal Sangla dans un registre qui lui va si bien. Les lumières de concert participent d’une esthétique pop et légère, d’une ambiance mélancolique et dansante, d’une atmosphère aussi candide que profonde. L’humour va de pair avec un paquet de douleurs, mais tout est raconté dans la douceur d’un regard enfantin qui dit tout sans filtre et se met à nu. À l’image de sa cachette à imaginaire, Sous les paupières est un spectacle cocon, une bulle où se confier n’est pas risqué, où l’intimité la plus sensible peut se dévoiler et dialoguer de soi à soi, d’elle à nous, où parler est un exutoire qui répare autant qu’un miroir à histoires.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Sous les paupières
Texte, mise en scène et interprétation Lou Chauvain
Musique Pascal Sangla
Collaboration artistique Joséphine de Meaux
Dramaturgie Mériam Korichi
Création lumières Laurent Bénard
Création sonore Pierre Routin
Costumes Camille Ait Allouache
Espace François Gauthier-Lafaye

Production CENTQUATRE-PARIS
Coproduction Printemps des Comédiens – Montpellier ; Théâtre d’Angoulême – Scène Nationale

Durée : 1h10

Théâtre du Train Bleu, dans le cadre du Festival Off d’Avignon
du 5 au 24 juillet 2025, à 15h40 (relâche les 11 et 18)

Centquatre-Paris, dans le cadre du Festival Les Singulier·es
du 12 au 21 février 2026

Scène nationale d’Angoulême
les 18 et 19 mars

12 juillet 2025/par Marie Plantin
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