Le comédien Bernard Freyd est mort à l’âge de 85 ans, fait savoir sa famille. Il a marqué l’histoire du théâtre, et celle du Théâtre national de Strasbourg.
Bernard Freyd est né en juillet 1939 à Strasbourg. Il est recruté à 18 ans, en octobre 1956, par Michel Saint-Denis, dans la section jeu du Groupe III de l’École de Strasbourg, créée trois ans plus tôt au Centre dramatique de l’Est à Colmar, avant d’être transférée dans la capitale alsacienne. Michel Saint-Denis, neveu de Jacques Copeau (fondateur de Théâtre du Vieux-Colombier) avait succédé en 1953 à André Clavé à la tête du Centre dramatique de l’Est à Colmar. « J’avais 18 ans, je n’avais fait que du théâtre amateur, en dialecte alsacien, je ne savais rien de tout ça », expliquait Bernard Freyd à Anne-Françoise Benhamou dans OutreScène, la revue du Théâtre national de Strasbourg.
« Pour moi, c’était une ouverture énorme : j’avais échoué dans les études, je sortais du collège technique, j’étais inculte. Les profs m’obligeaient à faire des résumés de bouquins. John Blatchley me disait ‘Tu me lis Dostoïevski maintenant, Crime et Châtiment, c’est très important pour toi : résumé mardi.’ Et le mardi je venais le voir, et il me demandait ce que j’avais compris. Ils nous communiquaient vraiment l’amour de la littérature. »
Bernard Freyd participe à la troisième tournée des Cadets en 1958 avec Les Aventuriers d’Ulenspiegel de Jean-Claude Marrey. Ce fut le début d’une longue et brillante carrière au théâtre, au cinéma et à la télévision. Il rejoint ensuite la Comédie des Alpes, dirigée par René Lesage, puis revient à Strasbourg en 1968 lorsque le Centre dramatique de l’Est, dirigé par Hubert Gignoux, devient le Théâtre national de Strasbourg.
Il y rencontre Jean-Pierre Vincent, qui le met en scène en 1971 dans La Cagnotte d’Eugène Labiche. Il joue Benjamin. Un grande complicité est née. Il jouera dans une dizaine de ses créations, dont Le faiseur de théâtre de Thomas Bernhard en 1988, qui lui vaut une nomination aux Molières. « C’est difficile à jouer parce ça demande une grande énergie puisqu’on affirme une chose, et puis après, on affirme le contraire. Avec la même force. Et on n’en tire jamais de conclusion. C’est-à-dire, on passe tout de suite à autre chose. C’est-à-dire, on énonce une loi, en fait c’est la liberté quoi. Je crois que c’est Blanchot qui a dit que le type qui parle à l’infini comme ça, il dit, il énonce une loi, et puis après, il énonce une autre loi. Et puis, dans l’interstice, entre la première loi et… entre ces deux, il y a un espace infini de liberté absolument extraordinaire. Et c’est ça qui se passe avec Thomas Bernhard », expliquait Bernard Freyd à la télévision lors de la création de la pièce.
Il joue dans d’autres pièces mythiques qui ont marqué l’histoire du théâtre, comme Le Palais de justice de Bernard Chartreux, Dominique Muller, Sylvie Muller, Jean-Pierre Vincent ; Nathan le Sage de Gotthold Ephraim Lessing, dans la mise en scène de Bernard Sobel ou le Tartuffe de Molière, dans la mise en scène de Jacques Lassalle, dans laquelle il interprétait le rôle de Cléante.
Alsacien, il est né ; Alsacien, il restera tout au long de sa carrière. De l’inconfort délicieux d’être Alsacien est né le désir d’en faire un spectacle. Il met en scène avec Serge Marzolff, Jean-Philippe Meyer et Hélène Schwaller, D’r Contades Mensch, Du délicieux inconfort d’être Alsacien. C’était en 2000 au TNS.
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