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Un « Chevalier à la rose » tourné en légère dérision

A voir, Les critiques, Opéra, Paris
Krzysztof Warlikowski met en scène Le Chevalier à la rose de Strauss
Krzysztof Warlikowski met en scène Le Chevalier à la rose de Strauss

Photo Vincent Pontet

Copieusement hué le soir de la première, Krzysztof Warlikowski signe une mise en scène plutôt drôle et décadente, mais sans doute trop dérisoire, de l’opéra de Strauss au Théâtre des Champs-Élysées.

Directeur depuis quinze ans du Théâtre des Champs-Élysées, Michel Frank prend congé sur l’adieu déchirant qu’offre le trio conclusif si délicatement nostalgique et suspendu du Rosenkavalier (Le Chevalier à la rose). Sa gravité finale ne saurait faire ignorer que le compositeur Richard Strauss et son librettiste Hugo von Hofmannsthal ont bel et bien écrit une comédie. Tout y est farce et plaisanterie, à la fois légères et douces-amères. C’est ce qu’a retenu Warlikowski, qui semble se plaire à prendre l’œuvre à la légère. Sur un écran descendu dès les premières notes orchestrales, la Maréchale et Octavian – rôle travesti de jeune homme chanté par une femme sur lequel la mise en scène laisse planer une indétermination entre masculin et féminin – paraissent tout en complicité rieuse et langoureuse. Ils s’échangent de lascives caresses qui témoignent de l’ardente passion du jeune et furtif amant comme de la plénitude retrouvée par le personnage d’âge le plus mûr. Ce début suscite une immédiate empathie qui, très vite, disparaît tant la pièce se tourne délibérément vers la satire d’une petite société minée par l’artifice et l’égotisme. L’humour est un peu lourd, mais la première partie pétille. Elle est pleine de trouvailles étonnantes, amusantes. Ses inventions notables se perdent et s’essoufflent ensuite. Beaucoup plus statiques, les deux autres actes se noient parfois dans la vacuité.

L’ensemble de la pièce se donne dans un grand décor aux murs capitonnés de velours rouge rosé. Il s’agit d’un loft transformé en salle de théâtre ou de projection, prompte à voir autant qu’à être vu, peuplée d’un groupe d’artistes queer underground dont la représentation dévoile une séduisante loufoquerie connotée d’une certaine vacuité. Des danseurs – dont la gestuelle hip-hop entre en collision avec l’étourdissante ivresse de la valse straussienne –, des figurants, des techniciens et de véritables gravures de mode se retrouvent en immersion totale pour réaliser le tournage d’un clip. La mise en abyme, qui joue sur le rapport entre la vidéo et la vie, questionne la constante représentation de soi et met en tension l’artifice et l’authenticité. Au centre, la Maréchale chante son introspectif et mélancolique Da Geht er Hin en se filmant.

On n’attendait pas forcément Véronique Gens dans ce rôle, elle a pourtant paru éblouissante. Sa Maréchale distinguée, mais aussi bien délurée, est d’une classe et d’une extravagance folles. Avec les moyens qui sont les siens, la chanteuse déploie une riche palette d’un point de vue du jeu comme du chant. La voix, la ligne et le phrasé sont d’une souplesse, d’une plénitude et d’une beauté qui conviennent pour toucher la quintessence de son personnage complexe, si émouvant et finement habité. À ses côtés, Niamh O’Sullivan est un Octavian solide, mais un peu trop trivial pour véritablement charmer. Voix aérienne, grain plus onctueux, la Sophie de Regula Mühlemann est suffisamment sensible et sensuelle pour séduire et ne pas mériter le discrédit appuyé du personnage par le travail scénique.

Le Chevalier à la rose comporte aussi de nombreux rôles masculins. Une fois n’est pas coutume, Jean-Sébastien Bou paraît peu convaincant en Monsieur de Faninal, tout comme Peter Rose qui a traîné le rôle du Baron Ochs sur de nombreuses scènes lyriques et en donne cette fois une interprétation un peu routinière, voire un brin usée. Plus audacieux est le chanteur italien de Francesco Demuro. La voix est agile quoiqu’un peu serrée, mais le numéro de bellâtre pédant en simple slip est réjouissant de liberté et d’autodérision interprétatives. Sous la baguette de Henrik Nánási, l’Orchestre National de France soutient le plateau vocal attentivement et avec allant. Il évite tout excès de langueur et de lourdeur, principal piège d’une partition aussi capiteuse que vertigineuse.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Le Chevalier à la rose
de Richard Strauss
Direction Henrik Nánási
Mise en scène Krzysztof Warlikowski
Avec Véronique Gens, Niamh O’Sullivan, Regula Mühlemann, Peter Rose, Jean-Sébastien Bou, Eléonore Pancrazi, Krešimir Špicer, Francesco Demuro, Laurène Paternò, Florent Karrer, François Piolino, Yoann Le Lan
Orchestre National de France
Chœur Unikanti, Maîtrise des Hauts-de-Seine
Scénographie, costumes Małgorzata Szczęśniak
Chorégraphie Claude Bardouil
Lumières Felice Ross
Vidéo Kamil Polak

Production Théâtre des Champs-Élysées

Durée : 3h45 (entractes compris)

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
du 21 mai au 5 juin 2025

Diffusion sur France Musique
le 5 juillet, à 20h

25 mai 2025/par Christophe Candoni
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