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« Four New Works », le retour en demi-teinte de Lucinda Childs

Danse, Les critiques, Moyen, Paris
Four New Works de Lucinda Childs
Four New Works de Lucinda Childs

Photo Alexandra Polina

Lucinda Childs, grande figure de la danse postmoderne, revient avec quatre nouvelles pièces qui font rayonner la simplicité hypnotique de son approche du mouvement, mais dont l’austérité peine parfois à toucher.

C’est une figure immanquable de la postmodern dance américaine. Rare chorégraphe de ce mouvement encore vivante, Lucinda Childs a marqué la danse de la deuxième moitié du XXe siècle grâce à son minimalisme, ses jeux de variations et sa patte novatrice dans le champ du ballet et de l’opéra. Danseuse emblématique du Judson Dance Theater à New York, elle a fait ses débuts avec Yvonne Rainer et Steve Paxton dans les années 1960. Proche collaboratrice du metteur en scène Bob Wilson, elle a collaboré à l’aventure Einstein on the Beach (1976), un opéra emblématique, composé par Philip Glass, maître de la musique minimaliste, en rupture esthétique avec la tradition par narration linéaire. Quand cette légende vivante propose Four New Works, forcément, les attentes sont très hautes. Au risque de décevoir.

Depuis les années 2000, les créations de Lucinda Childs ont été rares, et souvent le fruit de collaborations avec des ballets ou des compagnies de danse. Raison de plus qui fait de ces Four New Works un événement. Ce programme s’ouvre dans la simplicité qui caractérise le travail de la chorégraphe. Une danseuse de dos dégage une jambe vers l’arrière, croisée, pour reculer ; deux pas lents, deux pas rapides ; une succession de grandes quatrièmes – la position de danse classique. Sur la cantate BWV 106 Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit (« Le temps de Dieu est le meilleur des temps »), aussi connue sous le nom Actus Tragicus, de Johann Sebastian Bach, la danse apparaît comme un rituel qui se répète avec soin, calme, lassitude parfois. Un grand arabesque plié. La phrase recommence. Une autre danseuse entre en scène, effectue les mêmes gestes. En changeant d’orientation, en décalé, en alternance, des variations surgissent avec discrétion. Les deux danseuses conservent le même rythme, une sérénité, une retenue. Parfois, elles prennent la place l’une de l’autre. Cette ritournelle, on pourrait l’apprendre par cœur. C’est comme si on la dansait avec elles, comme si on se projetait sur la scène, dans cette phrase précise et infinie. Peut-on voir dans Actus la répétition propre à la danse ou à la représentation théâtrale ? Il faut peut-être du temps avant de rentrer dans cette danse un peu austère, pour comprendre sa fabrique et sa poésie simple.

À ce duo succède un solo. Lucinda Childs apparaît devant un grand écran lumineux gris, dont la texture ressemble à du béton ciré. Son corps en tension s’appuie sur la résistance du grand câble noir, sans difficulté apparente. Cette pièce, Geranium ’64, fait écho à Geranium, solo qu’elle a créé en 1965, où elle manipulait des objets en lien avec les commentaires d’un match de football américain entre les équipes des Cleveland Browns et des Baltimore Colts. Harnachée à un hamac, elle pouvait exécuter les mouvements des sportifs au ralenti. Là encore, le match est présent en fond. On distingue les silhouettes des joueurs, les sons, et Lucinda Childs commente la rencontre. Un souvenir de danse ? Une actualisation de cette danse ? Si la présence de la danseuse impressionne toujours, on peine à capter les enjeux de ce solo.

Deux pièces de groupes concluent ce programme. Timeline, sur la musique de la violoncelliste islandaise Hildur Ingveldardóttir Guðnadóttir, déploie une chorégraphie anguleuse, où une gestuelle postmoderne se déplie, héritée de la technique classique, arabesques et bras étirés, mais plus raide et géométrique. En témoignent les mains tendues, comme des pics. Puis, Distant Figure fait écho à cette gestuelle. Sur la musique de Philip Glass, les gestes sont plus souples, libérés. Les danseuses et danseurs se croisent, reprenant la structure des danses baroques, certains gestes aussi, des orientations, poses et positions de pieds. Les mêmes gestes sont là encore répétés : mains en pics pointées en avançant ou une succession de postures de bras, qui pourraient constituer celles d’un art martial atypique. Ces deux pièces se répondent, esquissant des lignes géométriques, et font jaillir un tonus puissant. Elles témoignent aussi d’une époque, mais peut-être apparaît-elle aujourd’hui un brin surannée ?

Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr

Four New Works
Chorégraphie Lucinda Childs
Avec Lucinda Childs, Robert Mark Burke, Katie Dorn, Kyle Gerry, Sharon Milanese, Map Pardo, Lonnie Poupard Jr., Caitlin Scranton
Musique Johann Sebastian Bach, Philip Glass, Hildur Guðnadóttir
Vidéo Anri Sala
Costumes Nile Baker
Création lumière Sergio Pessanha

Production International Summer Festival Kampnagel ; The Blanket
Coproduction Berliner Festspiele ; Chaillot – Théâtre National de la Danse Paris ; La Bâtie-Festival de Genève ; the Kulturstiuung des Bundes (German Federal Cultural Foundation)
Financé par the Beauftragte der Bundesregierung für Kultur und Medien (Federal Government Commissioner for Culture and the Media)
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels, James Madison University School of Theatre and Dance, UCLA Center for the Art of Performance

Durée : 1h10

Chaillot, Théâtre national de la Danse, Paris
du 19 au 22 mars 2025

22 mars 2025/par Belinda Mathieu
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