Avec « Orage », Dalila Belaza se perd dans l’ombre
Avec la complicité du guitariste aux riffs intenses Serge Teyssot-Gay, la chorégraphe déploie un duo entre obscurité et lumière, qui reste hermétique.
Dans l’obscurité, une figure ondule ; son mouvement est entrecoupé de petites ruptures. Derrière elle, à cour, un guitariste assène des riffs lancinants. Cette figure, c’est Dalila Belaza. Elle a longtemps dansé avec sa sœur, Nacera Belaza, avec qui elle partage la même affection pour l’obscurité et une danse intérieure aussi énigmatique que viscérale. Elle expérimentait autour des danses traditionnelles dans Au Cœur avec les Aveyronnais du groupe Lous Castelous, puis elle télescopait ce folklore avec un univers abstrait et futuriste dans Rives. Avec Orage, la chorégraphe revient en solo, accompagnée de son acolyte guitariste Serge Teyssot-Gay, pour former un magma dense, dans lequel ils finissent par s’engluer.
L’ambiance est ténébreuse et plutôt rock. Les riffs du musicien se déplient, traversent l’espace et se heurtent au corps de la danseuse. Difficile de savoir si la musique et le geste se suivent, s’entrechoquent, se répondent, se superposent, ou si chacun suit sa route, sans jamais vraiment se rencontrer. Ces modalités de rencontre alternent, avec quelques points de croisement par moments. Une chose est sûre : il se dégage quelque chose de sombre, d’austère, dans ce duo fantomatique, musical et dansé.
Il faut dire que la danse de Dalila Belaza n’en fait jamais trop, ne cherche pas à impressionner par sa virtuosité. Si on retrouve là la pudeur de ses précédentes pièces, mais aussi cette recherche de connexion subtile, à soi, à la salle et aux présences invisibles qui pourraient habiter l’espace, la chorégraphe peine cette fois-ci à nous toucher. C’est comme si la magie n’opérait pas. Dalila Belaza sursaute, se laisse traverser par des forces inconnues, qui font vriller ses genoux. Elle change d’appui, fait tourner ses poignets, tandis que la musique s’intensifie. Elle disparaît parfois dans l’obscurité, réapparaît dans une lumière douce et blanche. Il est probable qu’à l’intérieur de Dalila Belaza l’orage gronde et les éclairs fendent le ciel, mais, devant nous, le paysage est un peu monotone.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Orage
Conception, direction artistique et chorégraphie Dalila Belaza
Composition musicale originale Serge Teyssot-Gay
Avec Dalila Belaza, Serge Teyssot-Gay
Création lumière Dalila Belaza
Collaboration à la création costume Christine-Sharmini Tilleke
Confection costume Atelier Osman BindechProduction hiya compagnie – association Jour
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels
Coproduction La Briqueterie CDCN Val-de-Marne ; La Biennale de la danse de Lyon ; Charleroi Danse – Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles ; Ballet Preljocaj – CCN Aix-en-Provence, dans le cadre de l’accueil studio ; La Chaufferie – Compagnie DCA – Philippe Découflé ; Fondation Royaumont
Soutiens Ministère de la Culture – DRAC Île-de-France ; Région Île-de-France
Accueil en résidence Maison de la danse, Lyon – Pôle européen de création ; avec le soutien du CN D Centre National de la danse, accueil en résidence ; avec le soutien de la Ménagerie de Verre dans le cadre du dispositif StudioLabHiya compagnie – Dalila Belaza est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Ile-de-France. Dalila Belaza est artiste associée à la Briqueterie – CDCN du Val de Marne, de 2024-2026, dans le cadre du dispositif artiste associé du ministère de la Culture.
Durée : 1h
Vu en mars 2025 à La Briqueterie – CDCN du Val-de-Marne, dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne
Théâtre La Piscine, L’Azimut, Châtenay-Malabry, dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne
le 10 avrilFocus Danse, dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon
les 16 et 17 septembreThéâtre de la Ville, Paris
les 25 et 26 septembre
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