Emmenée par Samuel Valensi et Paul-Éloi Forget, la compagnie La Poursuite du Bleu cartonne dans le Off avec Made in France, une pièce sur toile de fond sociale dans laquelle un anti-héros se réinvente en syndicaliste.
Émile sort de prison nerveux ; une question de caractère et de circonstances. Il vient d’obtenir un aménagement de peine en décrochant un poste de technicien de surface dans une aciérie, lequel lui permet de quitter la maison d’arrêt en journée, d’échapper à une bande de détenus qui veulent sa peau, et, pourquoi pas, d’espérer une sortie rapide pour bonne conduite. Parce qu’au bout de l’épreuve, il y a sa fille et sa femme. Tout ne tenait donc qu’à un fil, mais celui-ci s’est brisé lorsque le malheureux a découvert que l’aciérie en question s’apprêtait à fermer ses portes pour cause de délocalisation, et sans boulot, retour derrière les barreaux. D’où la nervosité d’Émile. Seulement voilà, à la suite d’une série de malentendus abracadabrantesques, il va être catapulté à la tête du syndicat, d’où il fera tout pour sauver l’usine, et donc sa peau.
Créée par la troupe La Poursuite du Bleu, la pièce s’intitule Made in France, et on pourrait la rebaptiser Made in France for Avignon, où elle cartonne : critiques dithyrambiques, salle comble, et billets d’ores et déjà vendus jusqu’à la fin du Festival Off, le 24 juillet. Parions que la suite de l’aventure, au Théâtre de la Renaissance, à Paris, où elle se donnera à partir du 29 septembre, sera couronnée de succès – parions même sur plusieurs Avignon consécutifs, des Molières et des Oscars en pagaille, et même quelques rutilants Michalik Awards.
La question, maintenant, est de déterminer si tout cela est bien mérité… Eh bien oui, tout cela est bien mérité, dans la catégorie du théâtre populaire, où, à défaut de réinventer la mise en scène et la dramaturgie mondiale, l’énergie, le savoir-faire et la générosité des artistes comblent le public. La mécanique de ce travail artisanal, avec pour seul décor des panneaux qui virevoltent sur des roulettes et une batteuse sur un plateau amovible qui impulse le tempo, fonctionne sur un humour bien senti, une toile de fond sociétale actuelle et des partis-pris politiques forcément louables. Un peu caricatural, certes ; un peu prévisible, ok. Parfois même un peu trop efficace – à défaut d’être singulier, bizarre, étrange, dérangeant, poétique, déconcertant, ambivalent. Mais il ne faut pas demander à un cactus de donner des pommes ou à un lézard de faire la fine bouche, et, dans cette économie tendue qu’est le théâtre privé où ces artistes sont partis au charbon sans tête d’affiche, ils dominent le Off pour de bonnes raisons.
Igor Hansen-Løve — www.sceneweb.fr
Made in France
Texte et mise en scène Samuel Valensi, Paul-Éloi Forget
Avec June Assal, Michel Derville en alternance avec Bertrand Saunier, Thomas Rio, Valérie Moinet, Samuel Valensi
Batterie Mélanie Centenero, en alternance avec Chloé Denis
Assistanat à la mise en scène Alice Helfing, Alexandre Babey
Lumières Geoffroy Adragna
Costumes Carole Nobiron
Direction musicale Lison Favard, Léo Elso, Mélanie Centenero
Création sonore Timothée Langlois
Scénographie Bastien Forestier, Sandrine LamblinProduction Cie La Poursuite du Bleu
Coproductions Le Tangram – Scène Nationale d’Évreux, Le Théâtre d’Auxerre – Scène conventionnée d’Intérêt National, Le Théâtre de la Concorde – Paris, Les 3T – Théâtre du Troisième Type – Saint-Denis, Le POC! – Scène culturelle d’Alfortville ainsi qu’ACME, Jumo Productions, Stéphanie Bataille, Jean Despax et Nicolas Laugero Lasserre
Soutiens Théâtre de Belleville, L’Étoile du Nord – Scène conventionnée d’Intérêt National, L’Espace Sorano – Vincennes, Théâtre Roger Barat – Herblay-sur-Seine, ADAMI, SPEDIDAMDurée : 1h35
11 • Avignon, dans le cadre du Festival Off d’Avignon
du 5 au 24 juillet 2025, à 12h (relâche les 11 et 18)Théâtre de la Renaissance, Paris
à partir du 29 septembre
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