Originaire du Rwanda, Dorothée Munyaneza s’installe à l’été 1994, à l’âge de 12 ans, avec sa famille en Angleterre. En 2013, elle fonde sa compagnie Kadidi à Marseille. En 2020, elle traduit de l’anglais Hopelessly Devoted de Kae Tempest, paru sous le titre Inconditionnelles chez L’Arche Éditeur, et l’adapte aujourd’hui au Théâtre national de Strasbourg.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
En vérité, je n’ai pas de peur ou d’angoisse lors des soirs de première. Je dirais plutôt que je suis remplie d’une certaine anticipation, d’un sentiment de fierté et de la joie profonde d’avoir réussi à aller jusqu’au bout avec l’ensemble de mon équipe, et de pouvoir enfin partager le fruit de toute la création qui l’a précédé.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
J’écoute des chansons de Nina Simone et des chants traditionnels du Rwanda, et je prépare de bonnes choses à manger.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Je m’échauffe et je fais des vocalises ; après quoi, je fais le silence en moi. Je n’ai pas de superstitions. Je me dis surtout que j’ai beaucoup de chance de pouvoir faire ce métier, et de pouvoir monter sur scène à chaque fois et partager ce moment avec un public.
Première fois où je me suis dit « Je veux faire ce métier » ?
C’était en 2006, je venais de terminer une séance de travail avec François Verret. À l’époque, j’habitais encore à Londres, je ne connaissais absolument rien au monde du spectacle vivant – j’étais plutôt dans le domaine de la musique –, et j’ai tant apprécié les quelques jours de laboratoire avec lui que je me suis dit que je voulais bien faire ce métier.
Premier bide ?
Honnêtement, je n’en ai pas. Même les fois où je me suis dit que la représentation aurait pu mieux se passer, je ne me suis jamais dit que c’était un échec. Chaque représentation est une tentative de connexion, de partage.
Première ovation ?
La première ovation ? Je ne m’en souviens pas ! Mais il y en a eu, et je les garde précieusement en moi.
Premier fou rire ?
Cette question est difficile, cela remonte à tant d’années !
Premières larmes en tant que spectatrice ?
C’était au concert de Whitney Houston à Londres. J’étais lycéenne et une de mes amies proches m’avait invitée. Quand Whitney Houston est apparue, j’ai été saisie d’une telle émotion ! Ce concert est gravé dans ma mémoire.
Première mise à nu ?
Lors de ma toute première pièce, Samedi détente, une pièce autobiographique que j’ai créée en 2014. Je venais d’être mère pour la seconde fois, et j’y ai partagé beaucoup de choses sur mon histoire et la vie et la mort de celles et ceux qui m’étaient proches. Cependant, la naissance de mon enfant m’avait aussi donné de la force et de l’élan pour raconter ce que tant de personnes et moi-même avions vécu en 1994 [année du génocide des Tutsis au Rwanda, NDLR].
Première fois sur scène avec une idole ?
Je ne pourrai pas être sur scène avec mon idole, puisqu’elle n’est plus de ce monde. Elle s’appelait Nina Simone.
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