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« La Nuit pour voir », la peur du noir

A voir, Les critiques, Montpellier, Théâtre
La Nuit pour voir de Quentin Vigier d'après Anne Dufourmontelle
La Nuit pour voir de Quentin Vigier d'après Anne Dufourmontelle

Photo Vincent Arbelet

Que deviennent nos peurs d’enfants, nos effrois primaires face au noir et au néant ? C’est à les réactiver plutôt qu’à les réprimer qu’incite Anne Dufourmantelle dans son travail entre philosophie et psychanalyse. Se fondant sur son œuvre, Quentin Vigier, dans un dispositif mêlant essais, vidéo, musique et danse, offre l’occasion, très belle, de penser à nouveau à ce que c’est que vivre, vraiment.

Anne Dufourmantelle est morte en 2017, à l’âge de 53 ans, d’avoir tenté de sauver de la noyade le jeune fils d’une amie sur la plage de Pampelonne. Une fin ô combien signifiante pour cette philosophe psychanalyste qui, entre autres, fustigeait l’obsession du risque zéro de notre société dans Éloge du risque et retraversait le lien maternel dans La Sauvagerie maternelle. Comment mettre en scène les écrits d’une philosophe psychanalyste ? Même les adeptes du vitézien « on peut faire théâtre de tout » pourraient douter qu’il y a là matière pour le plateau. Mais Quentin Vigier, artiste vidéaste qui travaille régulièrement pour Maëlle Poésy, directrice du Théâtre Dijon-Bourgogne, prouve dans ses lieux, avec La Nuit pour voir présenté lors du festival Théâtre en Mai, que c’est possible.

Assez brillamment, il faut le dire. Au lendemain de ce spectacle, on n’a qu’une hâte : qu’ouvrent les premières librairies pour se lancer dans la lecture des ouvrages d’Anne Dufourmantelle. Et pourtant, son écriture, parfois didactique, parfois poétique, n’accède pas au plateau si facilement. On déchiffre sur un carnet les fulgurances notées à la hâte dans l’obscurité de la salle : « On met du temps à apprivoiser le noir qui enveloppe le réel » ; « J’ai cru à la vie romantique, mais ma vie a été toute autre […] j’ai toujours été déjà vieille » ; « Tout événement est amoureux » ; ou encore le troublant et prophétique « Risquer sa vie, c’est peut-être d’abord ne pas mourir de notre vivant ». Outre ces quelques perles, les écrits rassemblés dans le spectacle naviguent entre évocations de l’inconscient, des peurs refoulées du noir, du néant, quand on est enfant, évocations de la douceur, refus contemporain des états maniaques et autres injonctions à la normalité du consommateur. Un parcours en des territoires disparates, mais partagés, que Quentin Vigier accomplit grâce à une comédienne, une circassienne, un DJ et son propre travail vidéo.

Stéphanie Marc, tout d’abord, porte la parole d’Anne Dufourmantelle. À la fois autrice et sujet de ce qu’elle énonce, être de chair et d’esprit, affectée autant qu’elle tente de les comprendre par ces zones obscures de notre psyché, elle est doublée par la circassienne Viola Baroncelli, qui danse, voltige et évolue au mât chinois, corps jeune qui traverse et se laisse traverser par ce qui lui arrive, tandis que Félix Dupin-Meynard mixe en direct, alterne accompagnement sonore subtil et passages plein tube de trance électro. Le tout se déploie dans une scénographie évolutive conçue par Marie Bonnemaison en plusieurs plans séparés par des voiles noirs qui reçoivent ses projections vidéo tout en ménageant une transparence. Sous-bois, rivière, terre sablonneuse, lianes et bords de mer s’y dessinent par l’intermédiaire d’un travail suggestif guidé par la figure d’un enfant – blond, angélique – qui revêt in fine un casque de guerrier. L’ensemble forme un tout suggestif et envoûtant, hypnotique, mais suffisamment ancré dans le concret pour ne pas se perdre en d’hermétiques images. En d’autres mots, plus triviaux, la mayonnaise prend et l’univers conçu par Quentin Vigier ne cesse de stimuler l’imagination, les pistes d’interprétation, tout en déployant un espace à la fois beau et vivant dans lequel résonne intensément la pensée foisonnante d’Anne Dufourmantelle.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

La Nuit pour voir
d’après l’œuvre d’Anne Dufourmantelle
Adaptation et mise en scène Quentin Vigier
Avec Viola Baroncelli, Stéphanie Marc, Eliott Le Mouël
Composition musicale / live Félix Dupin-Meynard
Scénographie Marie Bonnemaison
Création lumière Germain Fourvel
Création son Tom Ménigault
Création vidéo Quentin Vigier

Production Compagnie La Nuit Pour Voir
Coproduction Printemps des Comédiens // Warm-Up ; Théâtre Dijon-Bourgogne ; Centre Dramatique National Orléans/Centre – Val de Loire ; Théâtre des 13 Vents, CDN de Montpellier dans le cadre d’une résidence à l’Atelier de construction
Soutien DRAC Occitanie
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National

Durée : 1h05

Vu en mai 2025 au Théâtre Dijon-Bourgogne, dans le cadre du festival Théâtre en Mai

Printemps des Comédiens, Hangar Théâtre – Studio 1, Montpellier
les 10 et 11 juin

29 mai 2025/par Eric Demey
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