Avec sa dernière création, le chorégraphe Pierre Rigal entraîne huit interprètes dans une farandole qui ne cesse de se transformer pour faire virevolter les imaginaires.
Sept silhouettes errent dans l’enceinte froide du Panthéon où résonnent des chants éthérés. Une voix annonce : « Bonsoir, bienvenue, n’hésitez pas à vous promener ». Remarqué pour son audace et sa patte ludique depuis le début des années 2000, le chorégraphe Pierre Rigal s’est imposé comme l’un des grands noms de la danse française, jonglant avec le contemporain et le hip-hop. R·onde·s, sa dernière création, pousse la danse à la limite de l’acrobatie pour former un ensemble géométrique emprunt de joie et de légèreté.
Sortes de fantômes multicolores, les interprètes portent de grands châles aux motifs colorés qui dissimulent leurs têtes et leurs torses. Leurs déambulations s’arrêtent sur la scène, au centre de dizaines de sièges, incitant le public à s’asseoir. Là, ils forment une ronde en se tenant la main, un motif qu’ils vont tenir tout au long de cette performance. Au fil de cette ronde, qui rappelle des danses enfantines ou traditionnelles, ils composent différentes géométries à coups de ralentissements, de grands battements sur le côté, de pauses accroupies, de bras levés de manière aléatoire. Loin des rythmes et des pas de danses folkloriques connues, leurs gestes stimulent l’imaginaire, évoquent un bal d’atomes, de planètes, ou peut-être des formules mathématiques modélisées dans l’espace. Les costumes font aussi écho à ces imaginaires : des ensembles pantalon et t-shirt vert ou jaune à motifs, qui ont l’allure de pyjamas.
Cette ronde métamorphe stimule en continu le regard et la perception. Elle se complexifie au fil des tours et gagne en dynamisme. Elle explore des rebonds qui font virevolter les corps, jambes en l’air et tête en bas ; puis, elle se disloque, laissant ses éléments se séparer, former des petits groupes avant de se retrouver mains dans les mains. Tout au long de ce ballet, danse et musique se répondent et se confrontent par moments. Le son atmosphérique de Gwenaël Drapeau, ponctué par la voix de Mélanie Chartreux, qui scande des petits cris aigus, semble traverser les interprètes, comme une onde qui se cognerait aux girations du cercle. C’est peut-être ces dialogues entre danseurs et musiciens, mais aussi entre les danseurs eux-mêmes – qui ne se quittent presque jamais du regard –, qui contrent les redondances et les automatismes de ces tours infinis. Difficile de ne pas se laisser entraîner.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
R·onde·s
Conception, chorégraphie et mise en scène Pierre Rigal
Musique originale Gwenaël Drapeau, Mélanie Chartreux
Avec Ismaël Belabid, Camille Hinsinger, David Mazon, Camilo Sarasa Molina, Maé Nayrolles, Jacob Neff, Léa Pérat, Emma Rouaix
Diffusion son George Dyson
Création lumières Christophe Bergon
Costumes Pierre-Louis Mascia, assisté de Victor DeneumoustierCoproduction Compagnie dernière minute / Pierre Rigal ; Centre des Monuments Nationaux ; Le ZEF, Scène nationale de Marseille ; L’Usine, Centre national des arts de la rue et de l’espace public à Tournefeuille ; Malandain Ballet Biarritz, Centre chorégraphique national de Nouvelle-Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques ; Tandem, Scène nationale Arras/Douai ; Scène nationale de l’Essonne, Agora-Desnos
Remerciements / Accueil en résidence La Nouvelle Digue – Cie 111 Aurélien Bory ; ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie ; La Place de la Danse, CDCN Toulouse OccitanieLa Compagnie dernière minute reçoit le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie et de la Ville de Toulouse.
Durée : 1h10
Panthéon, Paris, avec le soutien du Théâtre de la Cité internationale, du Théâtre de Châtillon et de la MC93
les 11 et 12 octobre 2024Tandem, Scène nationale, Douai
les 27 et 28 février 2025Château de Chambord, avec La Halle aux Grains, Scène nationale de Blois
le 17 maiL’Estive, Scène nationale de Foix et de l’Ariège
les 4 et 5 juinVölklinger Hütte (Allemagne), avec le Carreau, Scène nationale de Forbach
les 19 et 20 juinCentre culturel Robert Desnos, Scène nationale de l’Essonne, Ris-Orangis
les 28 et 29 juin
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