Le chorégraphe Boris Charmatz, directeur du Tanztheater Pina Bausch est l’invité complice du 78e festival d’Avignon. Il y présente trois projets.
« J’aime beaucoup le chaos, le brouillon, et j’ai aussi un rapport très fort avec la mémoire et le passé« , confie à le chorégraphe Boris Charmatz. A la tête du Tanztheater Pina Bausch, à Wuppertal (ouest de l’Allemagne), depuis bientôt deux ans, il présente trois projets pour cette 78e édition.
Il y aura d’abord cet objet dansant non identifié, Cercles, un atelier XXL à ciel ouvert de transmission de danses en cercles avec 200 personnes professionnelles et amatrices, destiné à devenir une « future pièce« . « Une des formes les plus archaïques« , mais aussi « modernes, de danser, c’est de se mettre ensemble en cercle« , explique l’artiste, dont les projets aiment « questionner la notion d’assemblée : comment est-ce qu ‘on se met ensemble ? Commentaire sur débat ?« . Pour lui, « dans ce moment de grandes angoisses – angoisse de guerre, climatique, économique, sociale – on a besoin de faire naître de l’énergie ensemble« .
Boris Charmatz présente par ailleurs Liberté cathédrale, première création évoquée avec le Tanztheater et des danseurs de son association (française) « Terrain », actuellement au théâtre du Châtelet à Paris, jusqu’au 18 avril. Ce spectacle – interprété par le passé dans une église ou une usine – sera cette fois dansé en plein air, sur l’herbe d’un terrain de football. Acoustique, éclairage, place des spectateurs, tout sera « repensé« , dit-il.
« Fantômes »
« J’aime que mes spectacles migrant », détaille celui qui fait métier d’investir « l’espace public« , d' »être dans les paysages« , que ce soit Avignon ou « les paysages marqués par le charbon, l’acier , le textile, les crises ».
Passé par l’école de danse de l’Opéra de Paris, puis par le Conservatoire de Lyon, Boris Charmatz a fait ses débuts avec Régine Chopinot, danseuse contemporaine. Lui qui a, entre autres, été interprète pour Anne Teresa De Keersmaeker, figure majeure de la danse contemporaine, à aujourd’hui 51 ans. Soit exactement le même âge que la troupe du Tanztheater, « qui tourne » mais comprend en permanence une trentaine de danseurs.
Style fils ? « J’aime beaucoup le chaos, le brouillon, l’improvisation, mais j’aime que ça soit en rapport avec l’histoire, la mémoire, le passé« , décrit-il.
« Quand j’ai commencé la danse, on me disait : +Si tu danses pour d’autres, tu ne vas pas faire ton propre travail+. Au contraire, c’est dans le dialogue avec d’autres écritures que j’ai pu inventer ma manière« , déroule-t-il. « J’ai compris que les sensations passées, les fantômes, pouvaient être de vrais partenaires de jeux pour inventer« .
Forever, le troisième de ses projets proposés à Avignon, se veut d’ailleurs une immersion de sept heures dans Café Müller (1978), ballet culte de la chorégraphe allemande Pina Bausch, où, dans un désordre de chaises et de tables, les corps « se chercher, se trouver et ne se trouver pas« . Pas de fantômes cette fois : seront invités sur le plateau quelques-uns des danseurs légendaires (temporairement plus à la retraite) de Pina Bausch, tels Nazareth Panadero, Helena Pikon, ou Jean-Laurent Sasportes.
Karine Perret © Agence France-Presse
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