L’Etat a déclenché une mission d’audit suite à une aggravation du déficit du Festival d’Aix-en-Provence, a-t-on appris mardi auprès du ministère de la Culture et de la direction, qui évoque une réduction de la voilure pour ce festival d’opéra de réputation internationale.
« Le festival a alerté ses principaux partenaires publics et une mission a été immédiatement engagée pour analyser la situation et trouver des solutions à très court et moyen terme », a indiqué le ministère à l’AFP, confirmant une information du site d’investigation local Marsactu.
Marsactu évoque un déficit de « plusieurs millions d’euros », pour un budget annuel dépassant les 20 millions. Ni le ministère ni la direction du festival n’ont confirmé ces montants.
Le festival « est affecté par les difficultés structurelles et conjoncturelles que connaît le secteur de l’art lyrique, et par des objectifs de recettes propres qui n’ont pu être atteintes, entraînant une situation déficitaire », selon le ministère.
Une « mission d’audit flash » a été lancée dans la deuxième quinzaine de mars et devrait se poursuivre en avril, a précisé à l’AFP Stéphanie Deporcq, administratrice déléguée du festival, géré par une association de type loi 1901.
La mission a rencontré « l’ensemble du comité de direction » du festival et les travaux se déroulent « en coopération avec l’ensemble des financeurs publics », a-t-elle indiqué : « Nous avons trouvé l’Etat et les collectivités extrêmement mobilisés pour travailler ensemble dans un contexte financier compliqué. »
Soulignant que les comptes du festival n’étaient pas encore arrêtés pour 2023 , Mme Deporcq s’est refusée à donner un ordre de grandeur du déficit mais a reconnu que l’alerte lancée par la direction sur l’état des finances impliquait qu’il s’était fortement détérioré.
Selon un rapport de la chambre régionale des comptes rendu public en janvier et portant sur les exercices 2014/2020, le festival a été déficitaire quatre de ces sept années, avec un maximum de 148.901 euros de déficit en 2018 et un déficit cumulé de 188.936 euros sur les sept exercices.
Le rapport, sans épingler la gestion du festival, pointait cependant la « faiblesse des fonds propres », relevant que « les subventions publiques représentent en moyenne 38% des produits d’exploitation entre 2014 et 2019 ». L’Etat fournit ainsi sur la période en moyenne 4 millions de subventions par an et les collectivités (ville, département, région…) environ le même montant globalement.
« L’Etat, la métropole Aix-Marseille-Provence et la ville d’Aix-en-Provence accordent régulièrement des subventions exceptionnelles pour équilibrer la gestion du festival », relevait encore le rapport.
« Le festival n’est pas en danger », a insisté Mme Deporcq, tout en reconnaissant que le redressement « se fera certainement sur quelques années ».
Une réduction de la programmation « fait tout à fait partie de ce dont nous discutons aujourd’hui » et devra se faire « en adéquation avec les moyens » disponibles, a-t-elle reconnu, en insistant sur la volonté de préserver « l’identité du festival avec des présentations de haute qualité artistique ainsi que nos missions de service public », envers les publics jeunesse par exemple.
La programmation de l’édition de juillet 2024 n’a par contre été modifiée qu’à la marge, a-t-elle précisé, avec une seule représentation supprimée, une représentation en mode concert des Vêpres siciliennes de Giuseppe Verdi.
© Agence France-Presse
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