Grande voix de la littérature francophone, l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est décédée à l’âge de 87 ans dans la nuit de lundi à mardi à l’hôpital d’Apt où elle s’est éteinte dans son sommeil, a indiqué son mari, Richard Philcox. Eva Doumbia et Dorothée Munyaneza ont porté ses oeuvres au plateau.
Née à Pointe-à-Pitre le 11 février 1934, universitaire internationalement reconnue et une romancière à l’œuvre foisonnante souvent récompensée, Maryse Condé a publié une trentaine de romans portant notamment sur l’esclavage et l’Afrique, ainsi que des pièces de théâtre et des essais. Elle reçoit le Grand Prix littéraire de la Femme avec son roman Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem, puis le Prix Marguerite-Yourcenar avec Le Cœur à rire et à pleurer. Souvent pressenti pour le Prix Nobel de littérature qu’on ne lui descerne pas, elle reçoit en 2018, le Prix Nobel alternatif de Littérature 2018. En 2019, aux Plateaux Sauvages, Laëtitia Guédon avait organisé une soirée en son honneur, lors de la première édiition de La Grande Personne.
« J’ai toujours travaillé avec elle dans ses différentes maisons d’édition, et j’étais profondément admiratif de son rayonnement, de son courage. Elle a donné l’envie à énormément d’écrivains de se lancer et de combattre avec elle« , a réagi auprès de l’AFP son éditeur, Laurent Laffont.
Ce n’est qu’à l’âge de 42 ans, après douze années de vie et d’épreuves, en Afrique et grâce à son nouveau compagnon, Richard Philcox, qui deviendra son traducteur, qu’elle se met à écrire. En 1976, elle publie « Hérémakhonon », puis « Ségou » (1984-1985), un best-seller sur l’empire bambara au 19e siècle au Mali. Elle est aussi l’autrice de « Desiderada » et son nom avait été cité plusieurs fois pour le prix Nobel de littérature.
« Maryse a d’abord été mon professeur. Puis, nous nous sommes retrouvées quelques années après, en Guadeloupe« , avait témoigné Christiane Taubira à l’occasion de deux journées de rencontres et lectures organisées autour de l’écrivaine au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille en novembre 2022. « C’est une amitié qui s’est nourrie de rencontres à Paris, en Guyane« , avait ajouté la femme politique guyanaise.
Maryse Condé vivait à Gordes, petit village provençal du Vaucluse, dans le sud de la France. Atteinte d’une maladie neurodégénérative, elle y avait posé ses valises avec son mari. C’est là qu’elle avait dicté son dernier livre à une amie, « L’Evangile du nouveau monde », sa réécriture du Nouveau Testament.
Ses oeuvres au plateau
Pour sa quatrième pièce, Toi, moi, Tituba…, la chorégraphe Dorothée Munyaneza avait puisé son inspiration dans la pensée de la philosophe féministe Elsa Dorlin et dans le roman éponyme de Maryse Condé, ce récit d’esclave dont la version anglaise est accompagnée d’une préface d’Angela Davis. Dans La traversée aux disparus, la metteuse en scène Eva Doumbia rendait hommage à trois autrices afropéenne, Yanick Lahens, Fabienne Kanor, et Maryse Condé, en adaptant son autobiographie La Vie dans fard. Astrid Bayiha jouait le rôle de Maryse Condé. Nathaly Coualy, Firmine Richard et Danielle Gabou ont également porté son écriture sur scène.
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