Avec Gounouj, le chorégraphe Léo Lérus déplie un quator, où chaque interprète est relié par des tiges invisibles, comme un rhizome. Leur danse poreuse donne à voir l’environnement où la pièce a été créé, un site naturel de Guadeloupe, entre mélancolie et révolte.
Sur la scène faiblement éclairée, deux danseurs ondulent le buste et le bassin. Ils sont maintenant trois, puis quatre, à pulser ensemble, comme un organisme dont le mouvement rappelle la nage d’une méduse. Nourri par l’entraînement intense de Batsheva dance company et les ondulations corsetées de Sharon Eyal, Léo Lérus poursuit avec sa compagnie Zimarèl son exploration des danses de Guadeloupe, dont il est originaire. En 2019, il dévoilait Entropie, exploration des caractéristiques du Gwo-Ka (musique et danse traditionnelles) et le Léwòz (l’espace de représentation circulaire où émergent ces pratiques). Gounouj a été créé sur le site naturel protégé de Gros Morne / Grande Anse de la Basse-Terre en Guadeloupe, captant les variations subtiles de cet écosystème. Imprégnés de cet insitu, de sa lumière, de ses textures et de ses bruits, quatre interprètes se meuvent, reliés par des connexions invisibles, semblables aux tiges d’un rhizome.
Exécutant des petits pas, qui font écho à une subtile salsa, ou des tours sur eux même, les interprètes ne sont pas à l’unisson, mais paraissent toutefois reliés par des fils invisibles. Au gré de leur déplacement, ils expérimentent ces liens, plus ou moins proches, tournant les uns autour des autres, s’appuyant parfois sur le corps de l’autre. Une connexion rhizomique se déploie, serpente et évolue toujours en collectif.
Presque devenus végétaux, les danseurs font apparaître l’espace dans lequel la pièce a été créée : comme si les corps étaient devenus poreux à leur environnement. Un pan du fonds de scène est éclairé d’un jaune chaleureux, qui rappelle le matin ou le moment avant le coucher du soleil, des chants de grenouilles (appelées “gounouj” dans certaines parties de la Guadeloupe) résonnent et leur danse humide, chaude, oscille. Rhizome avec leur environnement, aussi, ils se fondent dans ce paysage, en esquissant ses contours par la même occasion. Une manière de se relier à des écosystèmes en danger ? La langueur qui habite les corps se dissipe ensuite, à travers des jeux de jambes proches des coups de pieds, comme si le flegme liminal laissait place à la révolte.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Gounouj
Chorégraphie
Léo Lérus en collaboration avec les danseurs
Avec
Robert Cornejo, Arnaud Bacharach, Andréa Moufounda, Johana Maledon
Assistanat à la chorégraphie
Asha Thomas
Concept musical
Léo Lérus
Composition musicale et création dispositif interactif sonore
Denis Guivarc’h, Gilbert Nouno, Arnaud Bacharach
Percussions enregistrées
Arnaud Dolmen
Création lumière, direction technique
Chloé Bouju
Costumes
Bénédicte BlaisonProduction Compagnie Zimarèl / Léo Lérus
Coproduction VIADANSE – Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté à Belfort / La Filature, Scène nationale de Mulhouse / CCN – Ballet
de l’Opéra national du Rhin dans le cadre du dispositif accueil studio 2023 / POLE-SUD Centre de Développement Chorégraphique National, Strasbourg / CNDC Angers / L’Artchipel scène nationale de la Guadeloupe / TROIS-CL Luxembourg / Dispositif Récif – Karukera Ballet
Avec la collaboration de Moka Production
La Compagnie Zimarèl / Léo Lérus est conventionnée par la DAC Guadeloupe. Elle reçoit le soutien du Conseil régional de la Guadeloupe et du Conseil départemental de la Guadeloupe. Elle est accompagnée par le Dispositif Rhizomes.
Léo Lérus est artiste associé à VIADANSE – Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté à Belfort.
Ce projet fait l’objet d’une demande de soutien auprès du Fonds d’aide aux échanges artistiques et culturels (FEAC).Durée 55 minutes
La Filature, Scène nationale de Mulhouse
8 et 9 mars 2024Chaillot Théâtre national de la Danse
du 13 au 16 mars 2024
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !