La sarkozyste Rachida Dati succède à Rima Abdul-Malak au ministère de la culture. Elle a annoncé, elle-même, sa nomination rue de Valois à des élus LR parisiens avant celle de l’Elysée. Dans la foulée, elle a été exclue des Républicains. C’est la surprise dans le monde de la culture, qui craint l’orientation libérale qu’elle pourrait donner à son ministère.
« Je souhaite bon courage aux acteurs du monde de la culture compte tenu des épreuves qu’ils vont traverser« , a réagi ironiquement la maire de Paris Anne Hidalgo sur le réseau social X, avec qui la maire du VIIe entretient une relation houleuse. Personne ne l’a vu arriver, même pas Jean-Marc Dumontet, fidèle d’Emmauel Macron. Le directeur de plusieurs théâtres privés partage la surprise du monde de la culture. « C’est effectivement une surprise parce qu’on ne pensait pas qu’elle avait un appétit pour la culture. Maintenant, il faut d’abord dire bienvenue quand quelqu’un arrive dans un poste. Tout le monde a intérêt à ce que cela fonctionne. Rachida Dati a un engagement, a une énergie et une combativité qui peuvent être utiles si elle embrasse bien les dossiers pour les porter et pour défendre ce secteur culturel qui a toujours besoin d’être soutenu et accompagné. Parce que l’exception culturelle, c’est pas un vain mot. Et on a besoin dans les chamboulements du monde contemporain, notamment sur les droits d’auteur, sur la question de l’intelligence artificielle, de défendre nos dossiers. Alors peut être que ce n’est pas celle qu’on attendait, mais il faut souhaiter qu’elle porte avec beaucoup d’énergie et d’engagement les dossiers qu’elle aura à traiter. »
Son de cloche différent côté syndical. Nicolas Dubourg, le président réélu du SYNDEAC exprime de l’inquiétude. « On est un secteur qui a été littéralement martyrisé par des décisions du Gouvernement au moment du Covid. On est dans une situation catastrophique. Notre secteur a besoin d’un refinancement à une grande échelle. Et nous sommes donc aujourd’hui inquiets de cette nomination et qu’une orientation libérale des politiques puisse conduire à un affaiblissement du soutien de l’Etat envers notre secteur. » Il pointe du doigt la situation de tous ses adhérents qui sont « dans une situation intenable qui les pousse à rogner sur l’accompagnement des artistes, sur les missions fondamentales que devrait assumer ces maisons partout en France. Et donc, aujourd’hui, nous attendons de la ministre de la Culture qu’elle joue son rôle et qu’elle arrive au Conseil des ministres à obtenir les financements qui permettent de refinancer le secteur. »
Claire Serre-Combe, Secrétaire générale du Synptac-CGT n’attend pas grand chose de Rachida Dati, car « la feuille de route sera la même que celle de Rima Abdul-Malak. (…) On sent bien que c’est un billard à trois bandes, un arrangement politicien derrière d’alliances entre deux formations politiques en vue d’échéances électorales et que ce n’est certainement pas un choix qui est pensé dans l’intérêt de la culture et des défis auxquels on fait face depuis plusieurs mois. » Elle pointe aussi la situation judiciaire de la nouvelle minsitre. Rachida Dati est mise en examen depuis juillet 2021 pour « corruption » et « trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public » dans l’enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan, quand Carlos Ghosn en était le PDG. Elle nie toute irrégularité. Le parquet doit prendre prochainement ses réquisitions avant que la juge d’instruction chargée de ce dossier, ouvert depuis 2019, ordonne ou non un procès devant le tribunal correctionnel de Paris. « Cette nomination est très désagréable quand une ministre fait l’objet d’une triple mise en examen, ce choix est quand même très surprenant » commente la syndicaliste, qui sera très attentive aux sujets sociaux, notamment sur l’accord du 27 octobre 2023 par rapport aux annexes huit et dix de l’accord concernant les intermittents du spectacle. Rachida Dati aura l’occasion de se plonger rapidement dans tous ces dossiers chauds, elle est attendue de pied ferme la semaine prochaine aux BIS à Nantes, les Biennales Internationales du Spectacle Vivant.
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