Le Ballet de Lorraine ouvre sa saison avec Sierras, danses atmosphériques de Michele Stefano et Songlines de Marco Berrettini. A travers un mouvement dansé ciselé, se dessinent des paysages qui pourraient tout droit sortir d’un film de science-fiction.
Toujours aussi flexibles à une diversité d’écritures et d’imaginaires, le Ballet de Lorraine se prête aux esthétiques de deux chorégraphes italiens : Michele Stefano et Marco Berrettini (qui a grandi en Allemagne) pour ce programme de rentrée. Ils révèlent des fresques mouvantes dans Sierras, danses atmosphériques et une ambiance disco retro-futuriste dans Songlines… Des tableaux dignes de science-fictions qui font rêver.
À travers son abstraction, la danse fait parfois surgir des paysages. Chez Michele Stefano, on se croirait embarqués dans une saga de science-fiction. Sierras, danses atmosphériques pulse rythme d’une musique sourde, crayeuse aux accents industriels. Les vingt-deux danseurs et danseuses du Ballet de Lorraine débarquent sur la scène, collés en groupes, puis se dispersent. Ils esquissent des phrases chorégraphiques fluides, constellée de ruptures. Ici ils traversent la scène en courant, là ils déboulent en tourbillonnant sur le plateau, avant de recommencer encore et encore du fond de la scène. Ils sont tous et toutes vêtus de justaucorps à manche longue noire, sauf l’un d’entre eux, recouvert de peinture rouge, aux allures de diable. Toujours emportés par la même fluidité, ils voient le paysage changer, bleu, vert, au gré des équilibres, de l’énergie qui monte, qui explose dans des sauts éparpillés. D’une ville futuriste, le plateau se transforme en désert martien, soudain recouvert d’une lumière rouge. Tout ralentit, le temps se suspend et les gestes deviennent ténus. Comme pour laisser le temps à la contemplation.
Puis Marco Berrettini appose sa patte disco sur le Ballet, avec Songlines qui nous embarque sur une piste de danse rétro-futuriste. En ensemble haut et pantalon pastel, jaune, vert et rose et souliers à paillettes, les interprètes prennent des poses sculpturales recréant le carré d’un dancefloor disco sur le sol réfléchissant posé sur le plateau. Lancés dans des boucles musicales minimales lumineuses, ils passent d’une coulisse à l’autre dans un mouvement de moonwalk inarrêtables. Ils défilent ensuite par groupe vers l’avant-scène, façon concours de danse, mais les figures sont un peu en décalage avec ce qui est attendues. Au lieu des portées classiques, ils déploient des figures étranges, comme des pyramides à trois personnes. Alors qu’ils ondulent d’une jambe à l’autre en faisant chalouper leur bassin ou font circuler un tremblement en se tenant la main, on pourrait croire à une scène de film de science-fiction, où les gestes et habitudes sont un peu en décalage avec la réalité. Enfin, se faufile au milieu des danseurs une grosse chenille argentée, en guise de touche de fantaisie. Dans ces deux pièces, le mouvement dansé est au centre, laissant entrevoir toutes les possibilités techniques et d’interprétation de ce ballet virtuose.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Songlines
Chorégraphie
Marco Berrettini
Musique
Daniel Brandt
Scénographie et Lumière
Bruno Faucher
Création costumes
sur une idée de Olivier MULIN
Réalisation costumes
Martine Augsbourger et l’Atelier Couture du CCN – Ballet de Lorraine
Répétitrice
Valérie Ferrando
Coproduction
*Melk ProdSIERRAS
Chorégraphie
Michele di Stefano
Scénographie et lumière
Giulia Broggi
Musique
Lorenzo Bianchi Hoesch
Costumes
Michele di Stefano
Réalisation costumes
Atelier costumes du CCN – Ballet de LorraineProduction CCN – Ballet de Lorraine dans le cadre du projet «Artiste associé» avec le Centre Pompidou-Metz
Durée : 45 minutes environ
Opéra national de Lorraine de Nancy
du 8 au 12 novembre 2023
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