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Érotisme et dramatisme culminent dans Breaking the waves

A voir, Les critiques, Opéra, Paris

Sydney Mancasola (Bess McNeill), Florent Thioux (membre du chœur Aedes) dans Breaking the waves. DR S. Brion

L’Opéra-Comique présente pour la première fois en France l’adaptation lyrique que signent la compositrice Missy Mazzoli et son librettiste Royce Vavrek du film Breaking the waves de Lars Von Trier, où, sans complexe, se côtoient sexe débridé et rédemption mystique.

Primé en 1996 au Festival de Cannes, Breaking the waves du cinéaste danois est devenu un opéra aussi marquant que la version originale, si bien que, créé en 2016 à Philadelphie, celui-ci reçoit l’année suivante, l’international Opera award de la meilleure création. Sur la scène lyrique, se transpose aisément le récit sombre et parabolique du film situé dans l’univers hostile et austère d’une région reculée d’Ecosse, à la fin des années 1970. Bess, son personnage principal, fascinante car énigmatique, détonne au cœur de la stricte communauté conservatrice qui l’environne. Bonne fille, cœur d’or, trop entière et fragile pour mesurer ses émotions, la protagoniste s’affiche dans une histoire follement tortueuse et passionnée avec Jan qu’elle épouse et avec qui elle mène un début de vie amoureuse sexuellement épanouie. Lorsque celui-ci est victime d’un accident sur le chantier de forage d’une plateforme pétrolière, il se retrouve paralysé et ne peut se résoudre à ne plus satisfaire intimement sa femme. Alors il l’exhorte de coucher avec d’autres hommes inconnus, et de lui raconter ses aventures ainsi que le plaisir qu’elle y prend, pacte apparemment sordide qu’elle accepte par amour, au mépris de la morale rigoriste dominante et du danger imminent. Ainsi, Bess se place dans la longue lignée des figures féminines à la fois sulfureuses et sacrificielles dont le genre opératique est un avide amateur.

Si à l’écran se révélait la jeune Emily Watson, à l’opéra, c’est Sydney Mancasola qui impressionne dans le rôle de Bess. Voix large, timbre juvénile, interprète d’une ferveur à toute épreuve, la chanteuse paraît très engagée aussi bien dans le chant que dans le jeu, comme le reste de la distribution réunie, et notamment le Jan très charismatique du baryton Jarrett Ott. Un solide chœur d’hommes aux torses balafrés et aux esprits maléfiques accompagne sa terrible descente aux enfers jusqu’à la hisser au rang de martyre.

Parce que la bande-son du film de Lars van Trier était émaillée de sons très rock des années 70 (Deep Purple, Procol Harum, David Bowie…), on ne pouvait d’abord imaginer qu’une composition rageuse, convulsive, pour mettre en musique la charge érotique et la violence paroxystique de cette trame narrative empreinte de cruauté et de perversité. Ces accents ne sont pas absents de la partition parfois heurtée mais aussi étale que propose Missy Mazzoli. Celle-ci voisine davantage avec le mélodrame en assumant un sentimentalisme qui flatte l’oreille et le cœur. Prenant largement le parti de l’émotion, l’écriture (d’inspiration assez cinématographique) tient en haleine malgré quelques longueurs. Elle se veut inventive et attentive à l’intensité des noirs climax de l’œuvre comme à la profondeur psychologique des personnages. Les voix comme les instruments sont souvent très bien valorisés. L’Orchestre de chambre de Paris fait montre de force et de finesse sous la direction de Mathieu Romano.

Sans pouvoir rivaliser avec l’esthétique naturaliste du film, la mise en scène particulièrement limpide et soignée de Tom Morris se veut généreuse en images plus évocatrices que provocatrices, car à la fois suffisamment explicites mais aussi d’une veine plus symboliques. Efficace, pas univoque, le travail de plateau de donne pas dans le trash et paraît même parfois un peu trop esthétisant. Direction d’acteurs sensible et charnelle, décor constitué d’imposants monolithes en béton disposés sur tournette servant aussi de surfaces de projections, sont autant d’éléments qui donnent du relief au parcours hors normes de l’héroïne sulfureuse et concourent à restituer toute la tension et l’émotion attendues.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Breaking the waves

Opéra en trois actes. Musique de Missy Mazzoli. Livret de Royce Vavrek, basée sur le film de Lars von Trier. Créé le 22 septembre 2016 à l’Opéra de Philadelphie

Direction musicale
Mathieu Romano

Mise en scène
Tom Morris

Décors et costumes
Soutra Gilmour

Lumières
Richard Howell

Vidéo / Projection designer
Will Duke

Son
Jon Nicholls

Collaboration aux mouvements et coordination d’intimité
Sara Brodie

Collaboration à la mise en scène
Rosie Purdie

Assistant lumières
Ryan Joseph Stafford

Assistante vidéo
Hayley Egan

Chef de chant
Nicolas Chesneau

Chef de chant
Yoan Hereau

Bess McNeill
Sydney Mancasola

Jan Nyman
Jarrett Ott

Dodo McNeill
Wallis Giunta

Mother
Susan Bullock

Dr Richardson
Elgan Llŷr Thomas

Terry*
Mathieu Dubroca

Councilman
Andrew Nolen

Sadistic Sailor*
Sorin Adrian Dumitrascu

Choeur
Sailor Young

Chœur
Ensemble Aedes

Orchestre de la chambre de Paris

Coproduction
Opera Ventures
Scottish Opera
Houston Grand Opera
Opéra Comique

Durée : 2h45 (avec entracte)

Opéra Comique
du 28 au 31 mai 2023

1 juin 2023/par Christophe Candoni
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