Dans un décor futuriste à la douceur pastel, quatre créatures en justaucorps colorés évoluent vivent en harmonie, dansent et chantent, jusqu’à l’apparition du chaos et de la destruction. Dans Empire of a Faun Imaginary, conte étrange, poétique et ambigu, Simone Mousset esquisse une angoisse profonde aux allures de fin du monde.
Parmi des faux rochers en mousse rose, quatre danseurs et danseuses se déplacent, chantent grognent et gazouillent. Avec The Passion of Andrea 2, la chorégraphe luxembourgeoise Simone Mousset nous plongeait dans un univers décalé, où des sculptures sacs attaquaient trois clones, ou frère-rivaux, qui tentaient d’être sauvé par le public de leurs tentatives de meurtre mutuelles. Moins comique, Empire of a Faun Imaginary nous plonge à nouveau dans l’univers surréaliste ambigu aux couleurs pastel, défendu par la chorégraphe. Dans ce conte à l’allure futuriste, autant visuel que sonore, résonne une angoisse existentielle viscérale.
Inspirée d’une nouvelle écrite par la chorégraphe, Empire of a Faun Imaginary nous propulse dans une galaxie lointaine, aux côtés de quatre personnages mi-humains, mi-animaux, vêtus de justaucorps en lycra colorés, leggings poilus, façon science-fiction vintage. Dans ce décor d’une douceur futuriste, ils s’alignent sur dans l’espace, exécutent des gestes animaliers et affectueux, produisent des sons étranges et des vocalisent parfois dissonantes, sublimés par une lumière jaune presque radioactive. Difficile de savoir si cet ensemble flottant est dérangeant ou plaisant. Mais il hypnotise, incite à divaguer, à méditer. Mais peu à peu l’harmonie de ce jardin d’Eden se fissure, laisse la place au chaos, aux cris déchirants et à la mort des créatures. Une apocalypse, où apparaît la vision fantomatique d’une grosse créature poilue, entre Pollux du Manège Enchanté et un mammouth laineux, qui aspire les corps inertes à son passage.
Empire of a Faun Imaginary tient en équilibre dans un entre-deux permanent, entre angoisse de la fin et poésie. Avec subtilité, Simone Mousset crée un univers de symboles, qui contient cette ambiguïté, où cohabitent des instants de grâce (comme la danse d’Eevi Kinnunen, dans une des rares phrases dansée de la pièce) et des dissonances troublantes, notamment à travers un travail de la voix ciselé. Nostalgie, angoisse, spleen émergent de ce conte, contrebalancés par son esthétique aux couleurs douces, qui a quelque chose de lénifiant. Peut-être un rêve ou une vision, cette cosmogonie entre passé, présent et futur, presque spirituelle déploie une douceur visuelle qui contrebalance angoisse et spleen. Les mondes de Simone Mousset profilent-ils ce qui nous attend après la fin ou des fictions pour mieux la supporter ?
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Empire of a Faun Imaginary
de Simone MoussetAvec Tasha Hess-Neustadt, Lewys Holt, Eevi Kinnunen, Hannah Parsons & Louis Chevalier
dramaturgie Lou Cope
collaboration artistique Neil Callaghan
consultant théorie culturelle Macon Holt
son Alberto Ruiz Soler
travail voix & composition vocale Jamie McCarthy
lumière Seth Rook Williams
scénographie & costumes Lydia Sonderegger
collaboration scénographie & costumes Ariane Koziolek, Anne-Sophie Raemy & Leonie Wienandts
création marionnette Sophie Ruth Donaldson & Emilie Mathieu
perruquerie (collants) Birte Meier
couture Cony Jegerlehner
direction de production Vasanthi Argouin
direction technique Bryony Byrne
gestion de la compagnie Cathy Modert
attachée de presse Murielle Richard
communication Lisa Tsumakova
soutien au développement en France Les IndépendancesCoproduction KLAP Maison pour la danse à Marseille, Escher Theater (Luxembourg), Esch 2022 Capitale européenne de la Culture (Luxembourg), POLE-SUD – centre de développement chorégraphique national à Strasbourg, centre chorégraphique national de Nantes, Les Hivernales – centre de développement chorégraphique national d’Avignon, Atelier de Paris – centre de développement chorégraphique national, centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape – direction Yuval PICK • avec le soutien financier de The Place (Royaume-Uni), TROIS C-L – centre de création chorégraphique Luxembourgeois, CN D Centre national de la danse dans le cadre du dispositif Artistes en expérimentation à Lyon, la Fondation Indépendance by BIL (Luxembourg) • avec le soutien de Kultur | lx – Arts Council Luxembourg (Luxembourg) • résidence à La Briqueterie – centre de développement chorégraphique national du Val-de-Marne • Simone Mousset Projects est conventionnée avec le ministère de la Culture du Grand-Duché de Luxembourg • Simone Mousset est artiste associée au Escher Theater (Luxembourg) et à The Place (Royaume-Uni) et est accompagnée par la Fondation Cléo Thiberge Edrom • remerciements London Contemporary Dance School Costume Department
Les Hivernales, Avignon
16 février 2023The Place, Londres
28 févrierFestival Le Grand Bain, Le Gymnase CDCN, Roubaix
29 mars 2023KLAP Maison pour la danse, Théâtre Joliette, Marseille
13 avril 2023Festival June Events, Atelier de Paris CDCN
6 juin 2023
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