Août 2021. Par centaines, fuyant par tous les moyens possibles, dans des conditions dramatiques, les artistes d’Afghanistan, musiciens, comédiens, peintres, marionnettistes, photographes, se sont exilés, pour toujours sans doute. Le Théatre de la Ville propose un focus avec plusieurs artistes à l’Espace Cardin du 9 au 25 mars.
Cette fuite tragique, c’est ce que va raconter la performeuse Kubra Kadhemi dans sa création Assembly of Remembering-Forgetting. Qu’est-ce que chacun a emporté, dans cette précipitation? L’artiste, qui s’est fait connaître par sa performance d’un courage inouï dans les rues de Kaboul, aujourd’hui reconnue internationalement, nous fait l’honneur d’ouvrir ce focus avec une nouvelle performance.
Ils ont dû laisser leurs marionnettes derrière eux… Mais pour l’occasion Farhad Yaqubi et Abdel Haq Haqjoo vont s’atteler à en refabriquer pour reprendre leurs spectacles. Ils retracent avec humour et fantaisie l’histoire mouvementée du pays sous le regard du lion Marjane, le dernier Lion d’Afghanistan.
Arrivés comme mineurs isolés, Sajad Ahmad Nayebi et Mohammad Zobaïr Noori ont trouvé refuge à Rennes où ils ont pu suivre des ateliers de théâtre et de danse, notamment avec le chorégraphe nantais Cédric Chérel. Désireux d’approfondir, ils lui ont demandé de les accompagner pour un travail qui a débouché sur une pièce, Daniel et Zobaïr, forme de portraits à travers lesquels ils dévoilent leurs envies d’avenir et d’enracinement.
L’artiste visuel Mohsin Taasha a pu prendre un vol trois jours avant la prise de Kaboul et emporter avec lui plusieurs tableaux impressionnants, appartenant à une série intitulée La Renaissance du rouge. Grâce à une collaboration avec le groupe théâtral Sorkh wa Safid, cette série a donné naissance à des performances, véritables mises en scène picturales de ses oeuvres dans des espaces urbains autant que ruraux. Mohsin Taasha utilise la peinture et la performance pour témoigner des expériences de la communauté hazara dont il est issu. Une exposition réunissant trois photographes, Zahra Khodadadi, Naseer Turkmani et Morteza Herati fera découvrir trois univers esthétiques différents, des facettes de la vie d’avant l’exil et ils s’engagent à faire subsister l’art hors de Kaboul.
Guilda Chahverdi, metteur en scène et commissaire d’exposition d’origine iranienne, a passé une quinzaine d’années à Kaboul, menant des programmes de formation théâtrale puis y dirigeant l’Institut français. Elle monte une adaptation de la formidable pièce de théâtre La Valise vide de Kaveh Ayreek, lui aussi réfugié, d’abord à Marseille puis aujourd’hui en Norvège. La pièce, qui relate un retour d’exil impossible, est à elle seule le symbole de l’Afghanistan de ces dernières décennies.
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