Ancienne prof d’histoire de l’art devenue comédienne, Hortense Belhôte a décidé de concilier les deux en créant des « conférences spectaculaires » drôles, pédagogiques et impertinentes. A travers ce format atypique, elle raconte l’histoire de la danse, celle des graffeuses ou encore du football féminin avec une perspective souvent féministe et queer, qu’elle croise à des récits personnels. C’est l’artiste à l’honneur choisie par Belinda Mathieu pour son palmarès 2022. Elle est au Théâtre de l’Atelier jusqu’au 27 mai 2023 avec Portraits de famille.
Sa voix grave et posée contraste avec sa silhouette menue. Petite brune au visage anguleux, Hortense Belhôte occupe pourtant toute une scène de théâtre à elle seule, sans difficulté. On y découvrait la trentenaire dans Performeureuses, qui détaillait avec humour l’histoire du corps en mouvement, qui passait par le cabaret queer et les danses exotiques. En duo avec un vidéo-projecteur sur scène, elle alterne les blagues avec des explications dignes d’une conférence universitaire. Un concept baptisé “conférence spectaculaire” : “ C’est est à mi-chemin entre le cours d’histoire ou de sociologie et le spectacle, explique cette ancienne prof d’Histoire de l’art, aussi formée au jeu d’acteur. Pendant une dizaine d’années, j’ai été obligée de faire soit l’un, soit l’autre. Avec ce dispositif, j’ai trouvé mon endroit”, ajoute-t-elle.
Entre recherche universitaire et divertissement
Formée au théâtre, c’est pourtant le monde de la danse contemporaine qui lui ouvre ses portes. En 2013, elle joue dans le haut en couleur Show Time ! a musical de Mark Tompkins, puis, en 2017 Mickaël Phelippeau la caste avec d’autres joueuses de foot pour jouer dans Footballeuses, qui démonte un paquet de clichés sexistes dans la bonne humeur. C’est cette rencontre qui impulse l’envie de créer son premier solo Une histoire du football féminin – qu’elle nomme « conférence performée » à cette époque – où elle nous faisait traverser la structuration de ce sport, qu’elle mêle à son expérience dans le club de football militant les Dégommeuses. Car chacune de ses performances sont constellées de récits personnels : “Je fais ces explorations à la première personne, en assumant une part d’autobiographie. Ce n’est pas que de la mégalomanie ! Mais une manière de montrer que dans chaque vécu individuel, on peut trouver des points de connexion avec la société et les autres,” précise-t-elle.
Libérer les savoirs
Dans la lignée de ce succès ont germé une myriade de pièces sur le même format, sur une variété de sujets : du street art avec l’Histoires des Graffeuses, à la sociologie de la montagne avec Et la marmotte ? en passant par la danse baroque avec 1664. Dans un format similaire, elle s’exposait aussi en vidéo dans la web série Merci de ne pas toucher diffusée sur Arte.tv depuis 2020, qui révélait les dessous érotiques de tableaux cultes (une deuxième saison est prévue pour janvier 2023). L’autre fil rouge de son travail est une patte impertinente, politique sans en avoir l’air de prime abord et volontiers “queer, féministe et libertaire” : “Je me mets dans un rôle de petit trublion qui vient mettre en branle la culture établie. A travers cette archéologie du savoir et de la culture, l’objectif est de s’émanciper des dominations culturelles, pour faire circuler les informations et inviter tout le monde à se sentir légitimes à conduire soi-même cette exploration,” conclut la performeuse. Pour 2023, elle concocte Portraits de famille 1789, sûrement encore plus autobiographique que les autres, qui dresse des portraits de figures de la Révolution française, qu’elle croise à son histoire familiale. Ce trublion de la vulgarisation historique sur scène n’a pas fini de nous surprendre
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Le Palmarès de Belinda Mathieu, 100% danse
Danse la plus poétique : All over nymphéa d’Emmanuel Eggermont, un défilé de mode hypnotique.
Chorégraphe la plus délurée : Ayelen Parolin avec WEG et SIMPLE, pour rire avec sérieux.
Performance la plus touchante : L’installation immersive et chorégraphique Corps sonores de Massimo Fusco, pour les fans de massages.
Chorégraphie la plus bavarde : WELCOME de Joachim Maudet, un drôle de trio ventriloque.
Solo de danse le plus poignant : Rite de passage solo II de Bintou Dembélé interprétés par Michel « Meech » Onomo ex aequo avec Se faire la belle de Leïla Ka.
Chorégraphe fan d’hagiographie : Bryana Fritz avec Submission, Submission, la vie des saintes entre folie et érotisme.
Ensemble le plus musical : The Köln Concert, de Trajal Harrel, une histoire d’amour entre Joni Mitchell et Keith Jarret.
Pièce la plus sportive : Le Tir Sacré de Marine Colard, pour les passionnés de commentaires sportifs.
Danse la plus couillue : La Grande remontée de Pau Simon, pour tout savoir sur le remonte-couille toulousain.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !