Bernard Sobel a créé avec son décorateur Lucio Fanti une espèce de cité imaginaire. Dans un décor à l’ambiance « new-yorkaise », composé de gratte-ciel stylisés et d’échafaudages, on suit un jeune homme Nicolas Kavalerov (Vincent Minne) qui souhaite égorger le communiste Andreï Babitchev. La pièce est totalement versée dans le surréalisme, c’est parfois assez obscur et difficile à suivre et on se perd dans l’action. L’écriture de Iouri Olecha est comme celle de Nicolaï Erdman totalement corrosive et critique vis-à-vis du pouvoir soviétique « Toute une série d’accusations a été lancée contre moi à propos de cette figure centrale, Andreï Babichev, explique Iouri Olecha. Il est un fabricant de saucisses – selon la critique – et rien de plus. J’ai délibérément donné à mon héros communiste une profession étrange pour le rendre théâtral et vivant ». On regrettera que ce côté théâtral et décalé ne fasse pas suffisamment d’étincelles sur la scène de la Colline.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
D’origine polonaise, Iouri Olecha naît à Elisavtgrad en 1899, grandit à Odessa et meurt en 1960 à Moscou. En 1916 ses premiers poèmes sont publiés dans le Bulletin d’Odessa. De 1917 à 1921, il travaille à la Iougrosta (agence de presse intégrée à l’agence Tass en 1935). Aux débuts de la NEP, Nouvelle Politique Économique initiée par Lenine en 1921, il travaille à Moscou dans le département d’information du Sifflet (organe de presse du syndicat des cheminots) ; écrit plus de 500 feuilletons signés “Le Burin”. Il part pour Kharkov en 1922 et écrit de courtes pièces et de la prose. En 1924, il achève Les Trois Gros, conte pour enfants. En 1927, il publie L’Envie, roman qui peint la tragédie des générations et rend l’auteur célèbre. Dans les années 30, il écrit de nombreuses nouvelles, scenarii et pièces de théâtre, toutes jouées au Théâtre d’Art de Moscou. Pour le cinéma, il rédige divers scenarii dont Le Jeune Homme sévère en 1934, présenté à la Maison des écrivains de 16 Moscou et adapté par Room à l’écran en 1936 (interdit à sa sortie en raison de son pessimisme philosophique à l’encontre des idéaux communistes). Il entame son journal en 1930 puis suivent des années d’essais, des fragments, les cahiers qui sont restés inachevés. Olecha connaît pauvreté et déchéance. Dans les années 50-60, il construit le plan d’un nouveau livre partant de son journal, une première édition posthume et expurgée a paru sous le titre Pas un jour sans une ligne (éd. complète, établie par V. Goudkova, Sovetskaja Rossijia, 1965) ; la version intégrale a parue en français sous le titre Le Livre des adieux (Éditions du Rocher, 2006).
L’homme inutile ou la conspiration des sentiments
de Iouri Olecha
traduction du russe Marianne Gourg
mise en scène Bernard Sobel
en collaboration avec Michèle Raoul-Davis
décor Lucio Fanti
lumière Alain Poisson
son Bernard Valléry
costumes, coiffures et maquillage Mina Ly
assistante à la mise en scène Mirabelle Rousseau
avec
Amine Adjina, John Arnold, Pascal Bongard, Éric Castex, Ludmilla Dabo, Magalie Dupuis, Claude Guyonnet, Sabrina Kouroughli, Vincent Minne, Romain Pellet
2 production Compagnie Bernard Sobel, La Colline – théâtre national,
Théâtre Dijon-Bourgogne – Centre dramatique national
avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
et le soutien du Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques,
DRAC et Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
du 9 septembre au 8 octobre 2011
Théâtre National de la Colline
Grand Théâtre
du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30
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