Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Du XVIIIème aux fifties, Stavisky ravive Goldoni

Coup de coeur, Les critiques, Lyon, Théâtre

photo Simon Gosselin

Aux Célestins, à Lyon, Claudia Stavisky réussit son pari de transposer les trois comédies de La trilogie de la villégiature du vénitien Goldoni en une longue saga italienne des années 50. Grâce à une troupe de talent, la critique de la bourgeoisie du XVIIIème prend aussi la forme d’une réflexion sur l’évolution des relations amoureuses et sociales.

Une comédie de 3h45, entracte compris. Il y a de quoi s’épuiser de rire. Ou que le rire ne s’épuise. Mais c’est sans compter sur les nuances et la profondeur de La trilogie de la villégiature de Goldoni. Un texte qui se déploie tranquillement, une pièce en trois comédies qui creusent progressivement leurs personnages, les affine, et construisent un puzzle de relations amoureuses où l’argent et le sentiment tentent de faire bon ménage. Le pari de Claudia Stavisky est tenu. Sa Trilogie téléportée dans l’Italie des années 50 tient très bien la route, portée par une tribu d’acteurs et actrices aux compositions variées.

Histoires d’amour et d’argent. C’est le cocktail traditionnel agrémenté d’un trait de réputation qui lui donne sa jolie couleur. Ici, à Livourne, la bourgeoisie tient à montrer qu’elle est fortunée et populaire, comme on dit aujourd’hui. Elle tente donc d’amener avec elle en vacances – on parle alors de villégiature – le plus d’amis possible, d’organiser dans ces résidences secondaires des repas savoureux et d’assurer le divertissement de toute une tribu. Pourtant attendent dans les tiroirs les factures des tailleurs, pâtissiers et autres avocats que lesdits bourgeois n’ont pas encore réglées. Ils sont deux, Léonardo et Filippo qui se tirent ainsi la bourre. Les voitures patientent. Les domestiques ont rempli les malles. On est sur le départ. Mais des histoires d’amour grippent les plans. Léonardo est amoureux de la fille de Filippo, Giacinta, qui a décidé d’emmener dans sa villégiature un certain Guglielmo…

Toutes ces histoires pourraient paraître un peu rebattues. Et c’est le sentiment qui traverse la scène au début. Patience. La trilogie se met en place. L’écriture révolutionnaire de Goldoni, qui a bouleversé au XVIIIème le paysage de la comédie italienne installe petit à petit ses caractéristiques. Les chefs de famille sont veules et doux. Les femmes coquettes et de caractère. Les vieilles badernes amusent la galerie. Et les questions d’argent trouveront une solution grâce au vertueux, raisonnable, très sage Fulgenzio. Si la visée de l’auteur italien est moralisatrice – « je voulais faire connaître dans la première pièce la passion démesurée des Italiens pour les parties de campagne ; je voulais prouver par la seconde les dangers de la liberté qui règne dans ces sociétés » écrit-il dans sa préface – un œil contemporain, encouragé par la transposition de la pièce dans la liberté frémissante de l’Italie des années 50, y voit davantage les signes plaisants d’une souhaitable émancipation conjuguée à la traditionnelle critique des apparences qui prennent tant de place chez les bourgeois.

Sur scène, dans une scénographie un brin écrasante – vastes murs, hauts et imposants sur lesquels se projettent notamment les couleurs des saisons (pastel printemps, été vert à la campagne, et orages de l’automne) – les comédiens et comédiennes déroulent chacun une partition qui sent bon la liberté d’interprétation. Dans un registre quasi burlesque hautement maîtrisé, Pauline Cheviller parvient ainsi à faire paraître touchante la super superficielle Vittoria. Plus posée et intérieure, Savannah Rol rend le personnage clé de Giacinta absolument captivant. Et le perfide Ferdinando, langue de vipère et pique assiette tient à merveille par l’entremise de Daniel Martin son rôle d’amuseur public. Toute la distribution – qu’on ne peut citer ici dans son intégralité – est à l’avenant. Chacun parvient à construire des personnages qui aussi caractéristiques soient-ils parviennent à prendre des contours particuliers.

Ainsi, crescendo, La Trilogie de Goldoni – Stavisky prend une forme séduisante. Entre deux airs connus – Volare ou Tu vuo fa l’americano – la metteuse en scène dit vouloir concilier comédie populaire et dimension tchekhovienne du texte. Elle construit surtout un spectacle qui laisse la part belle au jeu et met en valeur les nuances et spécificités de l’écriture de Goldoni. Ni épuisé de rire, ni dans rire qui s’épuiserait, le spectateur traverse ainsi les âges d’une comédie sociale, éternelle et sans cesse renouvelée, avec ses vanités et son humanité qui trouvent ici de jolies couleurs.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

La trilogie de la villégiature

Texte Carlo Goldoni

Mise en scène Claudia Stavisky

Avec Frédéric Borie, Éric Caruso, Pauline Cheviller, Maxime Coggio, Christiane Cohendy, Anne de Boissy, Benjamin Jungers, Lise Lomi, Daniel Martin, Marin Moreau, Bruno Rafaelli, Julie Recoing, Savannah Rol

Traduction et version française Myriam Tanant adaptées par Claudia Stavisky

Scénographie Christian Fenouillat

Costumes Graciela Galan assistée de Bruno Torres

Lumière Franck Thévenon

Son Aline Loustalot, Jean-Louis Imbert

Vidéo Étienne Guiol

Assistanat à la mise en scène Alexandre Paradis

Construction décor Atelier Prélud

Construction mécanique Atelier Sumo

Toiles imprimées Atelier Devineau

Draperie scénique Atelier Azur ScenicTeviloj

Accessoiristes Virginie Azario, Juliette Dubernet

Responsable couture, habillage et coiffure Bruno Torres

Régisseur général Laurent Patissier

Régisseurs plateau Fabien Barbot, Juliette Dubernet, Éléonore Larue, Mattia Lercari, Bertrand Pinot Régisseurs lumière Frédéric Donche, Daniel Rousset, Jérôme Simonet

Régisseurs audiovisuel Barbe Chloé, Cédric Chaumeron, Pierre Xucla

Cintriers Gilles Demarle, Damien Felten

Costumiers réalisateurs Marie-Bénédicte Betemps, Natacha Costechareire, Nathalie Jambon, Marion Mercier, Marion Thouroude, Béatrice Vermande, Fabienne Guidon, Samy Douib

Couturiers Florian Emma, Julie Mathys

Habilleurs Natacha Costechareire, Florian Emma

Machiniste Noël Demoux

Maquillage et coiffure Kim Ducreux

Durée : 3h45 entracte compris

Du 20 septembre au 8 octobre 2022

Théâtre des Célestins à Lyon

 

24 septembre 2022/par Eric Demey
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Jean-Louis FernandezL’heure bleue : vaisselle cassée et lourdes vérités
Christiane Cohendy illumine Tableau d’une exécution
8 créations pour la saison 2021/2022 du Théâtre des Célestins
Nicolas Oton met en scène L’éternel mari d’après Fédor Dostoïevski
Parce que j’en avais besoin de Françoise Gillard
L’Hôtel du libre échange : Nanty met du Tchekhov dans son Feydeau
Bâtards de Louise Dupuis
Guillaume DurieuxUne Abnégation en terrain miné
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut