La grande famille du Théâtre s’est décentralisée par autobus à la Maison des Arts de Créteil pour fêter la 24ème Nuit des Molières. Sur le tapis rouge dressé sur les marches en béton de la MAC, les robes longues et les tenues affriolantes valsent au vent. Annie Dupérey en Nefertiti croise Jean-Claude Dreyfus en geisha au long manteau noir. L’association qui gère les Molières avait choisi avec France 2 d’offrir un Feydeau en lever de rideau, « Feu la mère de Madame » afin de renouveler le genre. Les quatre comédiens : Emmanuelle Devos, Patrick Chesnais, Christine Murillo et Sébastien Thierry ont relevé ce défi par simple : se donner en spectacle dans une version unique devant toute la profession. Jean-Luc Moreau, le metteur en scène avait demandé de ne pas « trop jouer, parce que c’est avant tout de la télé » – comme le confirme la production. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé, sa mise en scène manquait de rythme. Seule Christine Murillo a fait l’unanimité en bonne tyrolienne.
C’est une légende du théâtre français, Laurent Terzieff qui a reçu le premier Molière de la soirée (Comédien de l’année pour deux spectacles, «L’Habilleur» dans le théâtre privé et «Philoctète» au TNP et l’Odéon). Agé de 74 ans il a magnifiquement démarré la soirée en œuvrant pour un rapprochement du public et du privé. «J’ai toujours œuvré pour une mixité entre un certain théâtre privé et l’aide publique dont je dispose», a-t-il déclaré en recevant sa récompense, soulignant que «le théâtre ne se laisse pas enfermer dans des clivages et des étiquettes». «L’Habilleur» de Ronald Harwood, lui a valu une seconde récompense : le Molière du théâtre privé.
Comme lors de toutes les cérémonies, les polémiques ont surgi lors de la soirée (menée cette année sans temps mort par Michel et Marie Drucker). Ainsi Nicolas Bouchaud – comédien de la troupe de Jean-François Sivadier a lu un texte au nom des professionnels. Il s’est inquiété des « dangers qui menacent la création« , liés à la réforme territoriale ou à la révision générale des politiques publiques. Il a appelé la profession à se mobiliser pour une journée d’action le 6 mai. France 2 avait tout prévu, et Frédéric Mitterrand, présentateur des Molières l’an dernier, devenu depuis ministre de la Culture, avait un micro HF dans la salle et lui a répondu d’une manière très courte sous quelques sifflets. « Je ne suis pas du tout d’accord avec ces propos », tout en précisant que sa porte était « toujours ouverte« . Un peu plus tard c’est Alain Françon (directeur pendant douze ans du Théâtre de la Colline) qui a avoué en recevant son prix (Molière du Metteur en scène) que la dernière fois il n’était pas venu le chercher parce qu’il appartenait au SYNDEAC (Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles). La troupe du Théâtre du Soleil elle aussi a enfoncé le clou en recevant le Molière du Théâtre Public en rappelant les coupes sombres de l’Etat dans ses subventions. « Ils sont gonflés, s’insurge dans les coulisses un homme proche de la rue de Valois, on vient de leur verser 200 000 euros ! »
L’association des Molières a rendu hommage aux membres de la famille décédés cette année, en oubliant l’immense Madeleine Marion (disparue le 10 mars). Dans la chaleur de la salle de la MAC, petit moment cocasse lorsque Marie Drucker ouvre l’enveloppe de la révélation féminine en trouvant le nom de la révélation masculine ! Ce qui a permis à l’huissier de passer un sale quart d’heure ! Laquelle révélation féminine Alice Belaïdi toute de rouge vêtue a rendu un vibrant hommage à Gérard Gelas, l’homme du « Théâtre du Chêne Noir » à Avignon qui l’a révélée. Alice Belaïdi marche sur les pas de Dominique Blanc, qui a reçu le Molière 2010 de la comédienne pour «La Douleur» de Marguerite Dumas. Quatre fois césarisée, elle avait déjà obtenu ce même Molière en 1998 pour «Une maison de poupée». Claire Nadeau a pour sa part reçu le Molière de la comédienne dans un second rôle pour «La Serva Amorosa». «Les 39 marches», mises en scène par Eric Métayer, ont été primées dans la catégorie pièce comique. «La Nuit des Rois » nominée 6 fois repart avec le Molière du second rôle masculin (Henri Courseaux) et de la lumière (Gaëlle de Malglaive). La troupe de « La vie parisienne » avait misé sur le Molière du spectacle musical, et c’est Jean-Paul Farré qui l’a reçu. Elle se consolera en se disant que le public fait triompher cette mise en scène d’Alain Sachs, puisque le spectacle est à l’affiche depuis décembre et terminera la saison au Théâtre Antoine.
Enfin France 2 a réalisé une trés mauvaise audience: 1,6 millions de téléspectateurs contre 6,7 millions pour les Experts sur TF1.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Photos Fred Dufour AFP
Les lauréats 2010
Molière du comédien
Laurent Terzieff dans « L’habilleur » et « Philoctète »
Molière de la comédienne
Dominique Blanc dans « La Douleur »
Molière du comédien dans un second rôle
Henri Courseaux dans « La Nuit des Rois »
Molière de la comédienne dans un second rôle
Claire Nadeau pour « la Serva amorosa »
Molière de la révélation théâtrale féminine
Alice Belaïdi dans « Confidences à Allah »
Molière de la révélation théâtrale masculine
Guillaume Gallienne dans « Guillaume et les garçons, à table ! »
Molière du théâtre privé
« L’habilleur » – Ronald Harwood/Laurent Terzieff – Théâtre Rive Gauche
Molière du théâtre public
« Les Naufragés du Fol Espoir » – Hélène Cixous/Ariane Mnouchkine – Théâtre du Soleil
Molière de l’auteur francophone vivant
Eric Assous pour « L’illusion conjugale »
Molière du metteur en scène
Alain Françon pour « La Cerisaie »
Molière de l’adaptateur
Gérald Sibleyras pour « Les 39 Marches »
Molière du décorateur scénographe
Catherine Bluwal pour « La Serva Amorosa »
Molière du créateur de costumes
Nathalie Thomas, Marie-Hélène Bouvet, Annie Tran pour « Les naufragés du Fol Espoir »
Molière du créateur de lumières
Gaëlle de Malglaive pour « La Nuit des Rois »
Molière de la pièce comique
Les 39 Marches
Molière du théâtre musical
Les Douze Pianos d’Hercule – Jean-Paul Farré
Molière des compagnies
Compagnie Louis Brouillard – « Cercles/Fictions » – Joël Pommerat
Molière du jeune public
« Oh Boy ! » – Marie-Aude Murail, Catherine Verlaguet/Olivier Letellier
pourquoi pas il aurait été préferable au théatre marigny paris8 eme mais ça sera reporter pour le 25 avril 2011 pour la soirée des molieres dc’ est remise de prix pour la sélection de ses piece de théatre.
Alice Belaïdi en révélation théatrale!!! que du bonheur, je croise les doigt pour ce petit bout de femme qui est sans nul doute un concentré de talent… Génial
Ou est le spectacle de Phillippe Adrien « Ivanov »????? C’est un moment sublime,voir cette piéce…….Nominations Molière du Théâtre Privé??????Pourquoi pas???Why not????Etienne Bierry est formidable….
Quelle belle énergie de toute l’équipe…..
Bonne chance à Andréa Bescond pour le Molière de révélation théâtrale féminine.
J’attends les molières avec impatience …Allez Andréa , plus qu’une marche pr être au sommet , t’en as déjà fait …39, plus qu’une à gravir .
Bisous bisous
Martine
que du bonheur !!!!!!!!!!!!
Pour un premier role Andrea Bescond est formidable et la pièce est teès originale.
Bonne Chance
Nous pensons toujours à toi Bises
Quel bonheur de procurer de la joie autour de soi ; déclencher des éclats de rire, quel plaisir ! Applaudissons les artistes qui le font avec autant de conviction. Et s’il en est une qui en a l’énergie et le talent, c’est bien Andréa Bescond. Alors à ce jour Bravo.. Et demain.. ovations !! Micky
Andréa et Eric, un très grand bravo à vous deux et à toute l’équipe.
Nous sommes d’autant plus contents et fiers que nous l’avions pronostiqué bien avant le jury tellement nous croyions en vous.
Grosses bises à tous les deux et à bientôt dans l’underground!
Michel et Mucha.
bravo aux Molieres d’avoir organisé la cérémonie du Molière jeune public à Villeneuve les Maguelone dans l’Hérault. Toute une région s’est senti concernée.
…y’a-t-il si peu de femmes de talent dans le monde du théâtre pour qu’elles soient si peu nombreuses à avoir été nominées (et primées)?
Le spectacle vivant, secteur d’activité engagé, militant…
ah.
La masculanité quasi totale du prestige de la scène institutionnelle française me pose des questions tout de même…