Sa rencontre avec Joël Pommerat en 1996 a été déterminante, Marie Piemontese est devenue l’une des comédiennes incontournables de la compagnie Louis Brouillard. Elle rejoint rejoint la compagnie HANA SAN STUDIO de Florent Trochel en 2011. Elle sera cette semaine sur la scène du TNP de Villeurbanne dans Les irresponsables de Hermann Broch, la nouvelle création d’Aurélia Guillet.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
J’ai une montée d’adrénaline concentrée. Un état prodige et mystérieux. Très différent de l’émotivité assez vaine de mes débuts.
Comment passez vous votre journée avant un soir de première ?
Le jour de la première on a souvent le besoin de dernières répétitions ou réglages. Et c’est tant mieux, le travail au plateau me canalise ! Sinon je pourrais marcher dans une roue comme les hamsters !
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
J’aime créer le contact avec mes camarades, metteur-e en scène, partenaires de jeu, technicien-nes. Les musicien-nes s’accordent, et nous ? Comment accorder nos souffles ? Et je pense au public qui va arriver. Et je pense à Peter Brook aussi, presque centenaire et toujours au théâtre.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
Oh la la ! Il y avait un film à la télévision algérienne, en noir et blanc, j’étais enfant, un groupe de personnes au bord de la mer chassait une femme en l’accusant de sorcellerie : je me suis fâchée, persuadée que j’aurais dû avoir le rôle de la sorcière. Mes parents étaient très surpris. Toujours enfant, j’ai été spectatrice d’une pièce de théâtre, La marche à l’envers, et en sortant je me sentais amoureuse, sans savoir de qui, mais amoureuse. Et puis à 17 ans, j’ai vu Le songe d’une nuit d’été dans une MJC à Bron, Puck était en perfecto, je ne sais pas si c’était magnifique, mais j’ai eu un choc, qui m’a précipitée dans le désir de faire ce métier, toujours avec ce sentiment amoureux. Aujourd’hui ce sentiment se répand dans toute ma pratique du théâtre, quand je joue et aussi quand je mets en scène avec Florent Trochel et Hana San Studio.
Premier bide ?
Le chariot d’argile de Soudraka, rue des Teinturiers, à Avignon en 1993 : un matin on a joué devant une spectatrice… on a joué quand même… avec les applaudissements de deux seules mains à la fin…
Première ovation ?
Les Marchands au TNS en 2006. On était tellement dans notre jus de travail et rincés de fatigue qu’on est sortis des coulisses pour saluer, stupéfaits et émus à la fois.
Premier fou rire ?
Je peux rire aux larmes en répétition, pendant les improvisations, de manière irrépressible. Quelle joie !
Premières larmes en tant que spectateur ?
Je ne sais plus. C’est souvent.
Première mise à nue ?
Les Européens d’Howard Barker, mis en scène par Solange Oswald, en 1998. Le costume – une robe longue – était posé sur une armature descendant jusqu’au sol. La robe était ouverte sur l’arrière. Je devais en sortir, en glissant vers l’arrière, comme si j’enlevais un masque. Je réapparaissais nue, à côté de la robe qui tenait toute seule sur la scène. Je me souviens d’un silence comme une bulle que les spectateurs m’ont renvoyé, et qui m’a rendue encore plus nue.
Première fois sur scène avec une idole ?
En rêve avec Marcello Mastroiani. Et une autre fois – toujours en rêve – avec la voix d’Alain Cuny.
Première interview ?
En 2006 dans la revue UBU, par Maïa Bouteillet.
Premier coup de cœur ?
Un workshop d’été en 1996, avec un jeune metteur en scène du nom de Joël Pommerat, où pour la première fois, on cherchait à interpréter une présence, avant d’interpréter un texte.
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