Installé dans les anciens locaux du Tarmac, le Centre national des dramaturgies contemporaines fondé par Micheline et Lucien Attoun espère pouvoir ouvrir ses portes le 15 mars prochain, après plusieurs mois de travaux. Visite du chantier de l’un des prochains lieux phares du XXe arrondissement de Paris.
Arrivé au 159 avenue Gambetta, rien n’indique que le locataire a changé. Pas même les panneaux de signalisation alentours qui, comme figés dans le passé, attribuent cette adresse au Tarmac, l’ancien occupant des lieux. Délogé de son site historique de la Cité Véron, où son bail n’a pas été renouvelé, Théâtre Ouvert n’a pas encore pris le temps de marquer son nouveau territoire et d’inscrire son nom sur la façade de ce bâtiment, situé entre un Ehpad et le collège Léon Gambetta. « En cette période où les salles de spectacle sont fermées, nous ne voudrions pas prêter à confusion », ironise sa directrice, Caroline Marcilhac. D’autant que les portes du Centre national des dramaturgies contemporaines sont doublement closes. Au-delà de la fermeture générale des théâtres, ses locaux sont toujours en travaux. « De par son ampleur, cette rénovation demandait un délai de plusieurs mois, mais la lourde opération de remise aux normes conduite par l’OPPIC, en matière de sécurité et d’accessibilité, a créé de belles opportunités pour repenser l’organisation et la structure artistique du lieu », précise Caroline Marcilhac.
Une ambition qui se matérialise une fois la porte d’entrée franchie. De l’ancien hall d’accueil ne restent que quelques piliers porteurs et une multitude de câbles qui descendent du plafond. Il faut une bonne dose d’imagination pour concevoir que, demain, se tiendront là un bar, un point billetterie et un espace de travail et de détente accessible toute la journée et éclairé par la lumière naturelle que l’ouverture créée sur la coursive extérieure laisse pénétrer. « Nous tenions à disposer d’un hall d’accueil très ouvert afin que le théâtre puisse vivre y compris en dehors des temps de représentations grâce à des personnes qui viendraient y travailler ou y flâner », anticipe la directrice de l’institution qui fête cette année ses 50 ans.
Deux salles, deux ambiances
A quelques pas de là, s’impose le futur coeur battant du bâtiment, la grande salle, avec son gradin de 260 places et son plateau de 12,6 mètres d’ouverture et de 10 mètres de profondeur. Une révolution pour Théâtre Ouvert qui ne disposait jusqu’ici que de 140 places et d’une cage de scène réduite dans sa mythique salle de la coupole. « Cet espace, que nous n’avons quasiment pas retouché, nous permettra d’accueillir des spectacles de plus grande envergure et d’accompagner les projets de nos auteurs jusqu’au bout, notamment grâce au dispositif technique déjà modernisé et très bien entretenu par le directeur technique qui travaille ici depuis 2006 », souligne Caroline Marcilhac.
Dans l’autre salle, plus modeste, le chantier fut d’une toute autre envergure. Au milieu de la pièce, trônait un poteau porteur qui rendait l’espace de jeu très étroit et pouvait handicaper les artistes. L’idée a alors germé de le remplacer par des renforts, disposés sur les côtés. « En plus d’offrir un plateau de 9 mètres sur 5, cette solution redonne de la solidité à l’ensemble de l’édifice, alors que le terrain sur lequel il est construit est rendu très humide par la plus grande citerne d’eau de Paris installée à quelques encablures de là », décrit la directrice de Théâtre Ouvert. Un gradin de 90 places a également pu être installé avec les banquettes de la Cité Véron.
Mélanger les artistes et les permanents
Bien consciente que « les lieux de travail gracieux sont très rares dans Paris alors qu’ils sont très importants pour les artistes », Caroline Marcilhac a aussi souhaité créer deux studios de répétitions. Le premier, au premier étage, prend place dans une cabine technique depuis longtemps inutilisée, mais toujours aussi bien insonorisée ; quand le second, au deuxième étage, est installé juste à côté des bureaux. « Il était capital pour nous que, comme dans nos anciens locaux, les artistes et les permanents se mêlent, assure la directrice. Outre à la tisanerie et sur sa terrasse extérieure de 35 m2, ils pourront se croiser au moment du déjeuner car il n’y a volontairement aucun espace pour manger au deuxième étage. »
Pour l’heure, ni les uns, ni les autres n’ont encore investi les lieux. Si les premiers devraient arriver dans les prochains jours pour commencer à répéter dans la grande salle, les seconds, qui devraient déjà être là, n’ont finalement pas pu s’installer. En cause, le Covid-19 et ses impératifs de distanciation physique qui imposent plus d’espace, dans les vestiaires comme dans les lieux de restauration, pour les ouvriers du chantier. « Nous avons donc trouvé un refuge provisoire à la MJC du quartier, ce qui nous a permis de déjà commencer notre travail de terrain et d’offrir aux auteurs demandeurs un lien privilégié avec les habitants, les structures, les urbanistes, les architectes implantés sur ce territoire », explique Caroline Marcilhac. Un entre-deux qui devrait bientôt prendre sa fin. Théâtre Ouvert espère bien pouvoir ouvrir ses portes au public à la mi-mars avec Rapports sur toi (de mon chaos est née une étoile filante), mis en scène par Rémi Barché et écrit par l’un de ses auteurs les plus en vue, Baptiste Amann.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
Photos Christophe Raynaud de Lage / DR
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