Aux commandes de la pièce de Molière, Alain Batis tente de marier les époques, mais, plutôt que de creuser l’intrigue jusqu’à l’os, il l’étouffe sous un trop-plein d’idées scéniques.
Pièce de Molière parmi les plus représentées du temps du dramaturge, L’Ecole des maris a depuis perdu de son lustre. A côté du Misanthrope, du Tartuffe ou de Dom Juan, dont on ne compte plus les versions, elle fait pâle figure, sans doute victime du succès de L’Ecole des femmes où, pris dans une intrigue similaire, le personnage d’Arnolphe paraît plus ample, complexe et abouti que celui de Sganarelle, un brin stéréotypé. C’est pourtant sur cette oeuvre qu’Alain Batis a jeté son dévolu, la préférant à d’autres, notamment contemporaines, qui se montreraient peut-être plus pertinentes sur la société patriarcale d’aujourd’hui.
Histoire d’éviter l’image d’Epinal du « Molière en costumes », sans la jeter complètement aux orties, le metteur en scène opte pour un parti-pris en forme de ligne de crête, à la lisière entre deux époques. Costumes XVIIe en haut, tenues de ville contemporaines en bas, Isabelle, Léonor, Ariste, Valère et consorts semblent tout droit sortis d’une faille spatio-temporelle, où le décor Grand Siècle aurait cédé sa place à une boîte à jouer astucieuse, mais sans âme, inspirée du kamishibai japonais. A l’avenant, la langue versifiée du dramaturge est là, et bien là, mais sert parfois de support à des envolées chantées qui font basculer le tout dans un ersatz de comédie musicale, fondée sur un mélange peu heureux de musique live et enregistrée.
Convaincu que cet attelage audacieux lui permettrait de conjuguer le meilleur des deux mondes, de bâtir une passerelle pour transporter Molière jusqu’à nous, Alain Batis manque malheureusement sa cible. Au lieu de se mettre au service du texte, son travail artistico-esthétique au forceps le masque, voire l’étouffe, comme si le geste de mise en scène s’imposait face à l’oeuvre originelle. Plutôt que de creuser l’intrigue jusqu’à l’os, d’en proposer une lecture claire, capable de montrer sa potentielle résonance avec les enjeux actuels, il la transforme en socle sur lequel les idées scéniques s’empilent, jusqu’au trop-plein.
En dépit d’une direction qui ne sait jamais trop sur quel pied danser, la troupe de comédiens s’en sort, malgré tout, avec les honneurs. D’Emma Barcaroli à Théo Kerfridin, la plupart prouvent qu’ils savent tout faire et sont aussi à l’aise au chant et au jeu qu’aux commandes d’un instrument. Energiques et engagés, ils pâtissent toutefois du manque de profondeur globale et ne parviennent pas à offrir aux différents personnages un relief au-delà de celui qu’on leur connaissait déjà. Loin de s’inscrire dans notre temps, L’Ecole des maris passe alors pour ce qu’elle a toujours été : une farce de moeurs rondement menée.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
L’Ecole des maris
de Molière
Mise en scène Alain Batis
Avec Emma Barcaroli, Anthony Davy, Théo Kerfridin, Julie Piednoir, Marc Ségala, Boris Sirdey, Blanche Sottou
Dramaturgie Jean-Louis Besson
Collaboration artistique Sylvia Amato
Scénographie Sandrine Lamblin
Construction Sandrine Lamblin, Cécilia Delestre
Musique Joris Barcaroli
Lumière Nicolas Gros
Costumes Jean-Bernard Scotto assisté de Cécilia Delestre
Stagiaires costumes Sophie Benoît
Perruques et maquillages Judith Scotto
Regard chorégraphique Amélie PatardProduction Compagnie La Mandarine Blanche
Coproduction Le Grand R – Scène nationale de La Roche-sur-Yon, Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, Théâtre de Saint-Maur, La Ferme de Bel Ebat – Théâtre de Guyancourt, Théâtre Madeleine Renaud de Taverny, Sud Est – Théâtre de Villeneuve-Saint-Georges Partenaires Maison des Arts du Léman de Thonon-Les-Bains, L’Espace Molière de Talange, La Madeleine – Scène conventionnée de Troyes, La Scène de Châtenois/Le Trait d’Union de Neufchâteau, Théâtre de Saumur, Théâtre des 2 Rives de Charenton, Théâtre du Vésinet– Alain Jonemann, Le TAPS- Théâtre actuel et public de Strasbourg, Théâtre Louis Jouvet de Rethel-Ardennes – Scène conventionnée d’intérêt national art et création, l’Athénée – Le Petit Théâtre de Rueil, La Méridienne – Scène conventionnée de Lunéville, Les 3 Pierrots de Saint-Cloud, Carré Bellefeuille de Boulogne-Billancourt
En coréalisation avec le Théâtre de l’Epée de Bois – Cartoucherie Paris
Avec le soutien de, de l’Athénée – Le Petit Théâtre de Rueil, des Tréteaux de France – Centre Dramatique National Avec le soutien de la Région Grand Est, de l’ADAMI et de la SPEDIDAM
Avec la participation artistique du Studio d’Asnières – ESCA
Avec le soutien du Fonds d’Insertion pour Jeunes Comédiens de l’ESAD – PSPBB
La Mandarine Blanche est conventionnée par la DRAC Grand Est – Ministère de la CultureDurée : 1h30
Ferme de Bel Ebat – Théâtre de Guyancourt
les 7 et 8 octobre 2021Théâtre du Vésinet
le 21 octobreThéâtre Madeleine Renaud, Taverny
le 9 novembreThéâtre de Fontainebleau
le 19 novembreSud Est – Théâtre de Villeneuve St Georges
le 26 novembreThéâtre de L’Epée de Bois, Paris
du 2 au 19 décembreEPCC d’Issoudun
le 6 janvier 2022Théâtre de Saumur
le 11 janvierLa Madeleine, Scène conventionnée de Troyes
le 15 janvierLe Théâtre d’Auxerre
les 19 et 20 janvierThéâtre Jacques Brel, Talange
le 28 janvierMaison des Arts et du Léman, Thonon Les Bains
le 1er févrierCentre d’Art et de Culture, Meudon
le 4 févrierAthénée – Le Petit Théâtre, Rueil Malmaison
le 8 févrierThéâtre Jacques Prévert, Aulnay-sous-Bois
le 15 févrierLa Scène de Châtenois / Le Trait d’Union, Neufchâteau
le 25 févrierThéâtre de Saint-Quentin
le 1er marsScène Nationale d’Alençon
les 14 et 15 marsThéâtre Louis Jouvet, Rethel-Ardennes
le 25 marsEspace Culturel Boris Vian, Les Ulis
le 29 marsCarré Bellefeuille, Boulogne-Billancourt
le 5 avrilLes 3 Pierrots, Saint Cloud
le 14 avril
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