Beckett, Ionesco, Adamov, la troïka fondatrice du théâtre de l’absurde a bouleversé les années 50. Une révolution du langage théâtral. De ce trio innovant, Beckett sera nobélisé, Ionesco académisé et Adamov, reprouvé, oublié. Pourtant, Vilar, Blin, Serreau, Planchon se sont consacrés à son œuvre. Pièce méconnue au titre significatif, écrite juste avant Ping-Pong, Les Retrouvailles reste une œuvre à déchiffrer. Un jeune étudiant en droit rate le train qui devait le ramener chez sa mère et sa fiancée ; il est alors accosté par « la plus heureuse des femmes » et la jeune Louise. Sur le ton du cauchemar burlesque et de la régression bouff onne, Edgar se retrouve prisonnier d’un huis clos onirique, pris entre ces femmes qui tentent de se l’approprier. Adamov, très éloigné de sa seconde manière dont témoignait Off Limits – que j’ai créé en 1969 à Aubervilliers –, traite les thèmes du double, du rêve et de l’inaptitude à agir. Pour moi, Edgar, refuge ou non, est un cousin d’Oblomov ; il dort sa vie au lieu de la vivre, et quand il se réveille, il n’est pas sûr qu’il ne rêve plus. C’est peut-être aussi un autoportrait, le miroir déformant d’un auteur qui déclarait : « Je crois avoir, grâce aux Retrouvailles, liquidé tout ce qui, après m’avoir permis d’écrire, fi nissait par m’en empêcher ». Note d’intention de Gabriel Garran
Les Retrouvailles
Arthur Adamov (Éditions Gallimard)
mise en scène Gabriel Garran
assisté de Bruno Subrini
Avec Marie-Armelle Deguy La Plus Heureuse des Femmes, la Mère
Soazig Oligo Louise
Stanislas Roquette Edgar
Estelle Sebek La Jeune Fille
scénographie Jean Haas
lumières Philippe Groggia
costumes Hanna Sjödin
espace sonore Pierre-Jean Horville
Production : Le Parloir contemporain, avec le soutien de la Direction générale de la création artistique, en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête.
Théâtre de la Tempête – Cartoucherie
du 11 mars au 10 avril 2011
du mardi au samedi 20 h
dimanche 16 h 30
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