Alors que demain au Ministère de la culture, Jean Castex, le Premier ministre et Roselyne Bachelot reçoivent des représentants du secteur, Thierry Malandain a reçu en août la visite de la ministre de la Culture. Le directeur du Malandain Ballet Biarritz prépare une 30e édition du Temps d’Aimer la Danse sous tension. Entretien.
Cette édition du Temps d’Aimer est-elle celle souhaitée ?
Non, cela n’a cessé d’évoluer. Ainsi les deux compagnies de Roy Assaf et Sharon Eyal ne pourront pas venir car il n’y pas d’accord entre la France et Israël concernant la circulation des personnes en période de Covid. Et pour la compagnie chinoise Xie Xin Dance Theatre c’est une raison économique car Air France n’assure pas les vols prévus. Choisir une autre compagnie d’aviation s’est révélé trop cher pour le festival. Ce qui change enfin, et risque de changer encore, concerne les spectacles en extérieurs ; nous avions l’habitude d’occuper différents endroits dans Biarritz, ce ne sera plus possible à l’image de la plage du Port vieux. La Mairie ne souhaite pas prendre ces risques Et même si nous avons proposé de nous concentrer sur un seul lieu, les conditions sanitaires ne jouent pas en notre faveur.
Votre compagnie le Malandain Ballet Biarritz a repris les cours. Mais pas les répétitions ?
Le discours officiel est simple, en tant que Centre chorégraphique national nous devons tester les danseurs –ils le sont une fois par semaine –et respecter les consignes. Ainsi le studio est aéré ¾ d’heure entre chaque session, nettoyé par une entreprise spécialisée qui plus est. Nous sommes aujourd‘hui à deux classes en même temps. Ce qui veut dire que nous ne pouvons pas répéter les pièces programmées au festival. J’ai évoqué la chose avec la ministre Roselyne Bachelot de passage à Biarritz en août. En effet un décret paru il y a peu autorise les sportifs à s’entraîner. Je ne peux comprendre que les danseurs soient eux empêchés. Elle semblait sur la même longueur d’onde. La Délégation à la danse semblait favorable à cette reprise sur le modèle des sportifs mais sans on reste dans le flou en attendant les recommandations venues de la Santé. C’est à ne plus rien comprendre.
Verra-t’on votre compagnie si elle n’a pas eu le temps de travailler sur ce double programme ?
Oui, nous répétons par exemple les pas de deux de Mozart à 2. Mais le préfet peut décider d’annuler un de nos deux représentations. Il y en a une le 12 et une autre le 14 septembre sur des demi-jauges. Je tiens à dire que je ne prends pas le virus à la légère. D’ailleurs l’équipe médicale qui nous suit est la même que celle du Biarritz Olympique, l’équipe de Rugby.
Les interprètes du Malandain Ballet Biarritz sont dans quel état d’esprit ?
Je ne vous cache pas que certains ont repris le travail, en étant stressés, portant un masque en permanence. Cela change peu à peu et nos cours sont donnés sans ces derniers. Nous ne nous sommes pas produits depuis 5 mois. Pour un danseur, dont la carrière est par définition courte, c’est une éternité.
La grande inconnue c’est également l’attitude du public.
Nous avons reçu des marques de sympathie sur notre page Facebook lorsque nous avons annoncé la reprise des cours. Mais ce n’est pas la folie non plus. Quant aux amis du Ballet, 400 personnes environ, le nombre a un peu diminué ce qui n’est pas une bonne chose. Nous avons besoin de tous les soutiens. Enfin du côté des locations pour le Festival cela marche bien pour les Ballets de Monte-Carlo et le Malandain Ballet Biarritz. Pour les autres compagnies cela n’est pas brillant. Nous avons un public divers, notamment au niveau des âges, j’espère qu’il sera là. Mais en plus de la peur il y a un blocage semblant, lui, plus de l’ordre des finances, y compris chez des gens qui ont les moyens. La culture a besoin de son public. Je ne sais pas si, avec la misère sociale à venir, les départements et les villes auront toujours autant à donner aux institutions culturelles dans les années à venir
Après ces mois de crise, quel est votre ressenti ?
Nous sommes seuls et on nous laisse porter beaucoup de responsabilités. Chacun y est allé de sa « petite » voix dans le milieu de la culture. Était-ce suffisent pour se faire entendre ? je ne le crois pas.
Propos recueillis par Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Programme le Temps d’Aimer la danse 30 ème édition
du 11 au 20 septembre
Avec (LA)HORDE Ballet National de Marseille (11/9)
Malandain Ballet Biarritz (le 12/9 sous réserve et le 14/9)
Compagnie Rêvolution et Nach Van Van Dance Company (le 13/9)
Compagnie Massala, Fouad Boussouf (15/9)
Système Castafiore, Marie-Agnès Gillot et Andrés Marin (16/9)
Martin Harriague, Compagnie La Parenthèse (17/9)
Korzo Productions (18/9)
Les Ballets de Monte-Carlo (19 et 20/9)
Ballet du Capitole
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