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Shirine : Un conte d’Orient dans un monde sans couleurs

Décevant, Les critiques, Lyon, Opéra
photo Jean-Louis Fernandez

photo Jean-Louis Fernandez

Inspirée d’un poème perse du XIIe siècle, Shirine, la deuxième création de Thierry Escaich commandée et présentée par l’Opéra de Lyon manque de chatoyance pour atteindre pleinement l’envoûtement attendu.

En 2013, Thierry Escaich créait son tout premier opus lyrique inspiré du court roman Claude Gueux de Victor Hugo repris par Robert Badinter devenu, pour l’occasion, librettiste d’opéra, et mis en scène par Olivier Py. Il plongeait alors dans l’oppression crue et suffocante de l’univers carcéral et proposait une œuvre dont la force tellurique soutenait un puissant plaidoyer humaniste. A peine dix ans et une pandémie plus tard, le compositeur et organiste ouvre son œuvre à la vastitude d’un monde lointain et fantasmatique, celui de l’Orient des contes et légendes où le pouvoir et l’amour sont largement mis à l’épreuve.

Accompagné par le romancier franco-afghan Atiq Rahimi, il revisite un récit épique du poète iranien Nizami Ganzani qui, dans la pure tradition des contes, est pris en charge dès l’ouverture du spectacle par Nakissâ (contre-ténor) et Bârbad (baryton), deux musiciens récitants. Son intrigue raconte le destin sentimentalement contrarié de la princesse arménienne Shirine et du glorieux Khosrow, roi de Perse. A l’instar de Prouhèze et Rodrigue dans Le Soulier de satin, les deux amants éperdument passionnés sont condamnés à une errance qui empêche leurs retrouvailles et impose à l’héroïne libre et rebelle de renoncer à la puissance, à la richesse, enfin à la vie.

Son adaptation à l’opéra peut compter sur le lexique et les images poétiques d’une langue choyée, sur les ondulations envoûtantes des belles vocalises de la princesse Shirine et du chœur également ondoyant, sur les sonorités chaudes d’instruments traditionnels comme le duduk, le qânûn et une flûte naï, qui sont autant d’instruments proche-orientaux intégrés à la phalange classique installée en fosse. Les couleurs lyrico-sensuelles qu’ils exaltent viennent irradier un ensemble diégétique et orchestral bien souvent très massif et épais qui s’éloigne de la féerie persane enchanteresse par un systématique excès de froideur. Une certaine expressivité dramatique se fait entendre non sans violence et densité dans la composition volumineuse, impérieuse et impétueuse de Thierry Escaich, mais cela au mépris d’accents plus musicalement chatoyants, même sous la direction pourtant claire et souple de Franck Ollu.

Remarquablement défendus par leurs interprètes à la fois torturés et tout en sobriété, le puissant guerrier séducteur (Julien Behr), l’ombrageux Chapour (Jean-Sébastien Bou), le tailleur de pierre Farhâd (Florent Karrer) et les autres personnages de la pièce souffrent globalement d’une écriture vocale psalmodique et trop souvent monolithique, à l’opposé de l’héroïne éponyme, Jeanne Gérard au chant mélodieux tout en joliesse qui se distingue.

La mise en scène de Richard Brunel procède à une actualisation, là aussi plutôt froide et banale, qui s’installe dans des décors et costumes assez laids aux tonalités sépulcrales. Malgré un joli tableau dansé et quelques trouvailles, il manque à l’ensemble du travail proposé plus de couleurs et de passions. Certaines illustrations projetées en grand format façon fresques ou tentures rendent compte des origines orientales du drame. Celui-ci nous parvient désormais au présent mais sans trop de luxuriance.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Opéra en douze tableaux, 2019
Livret de Atiq Rahimi, d’après Khosrow va Chîrîn de Nezâmî de Gandjeh (1141-1209)

Compositeur
Thierry Escaich

Direction musicale
Franck Ollu

Mise en scène
Richard Brunel

Librettiste
Atiq Rahimi

Décors
Etienne Pluss

Costumes
Wojciech Dziedzic

Lumières
Henning Streck

Dramaturgie
Catherine Ailloud-Nicolas

Chorégraphie
Hervé Chaussard

Vidéo
Yann Philippe

Chef des Chœurs
Denis Comtet

Shirine
Jeanne Gérard

Kohsrow
Julien Behr

Chapour
Jean-Sébastien Bou

Chamira
Majdouline Zerari

Bârbad
Laurent Alvaro

Farhâd
Florent Karrer

Chiroya
Stephen Mills

Nakissâ
Théophile Alexandre

Orchestre, Studio et Chœurs de l’Opéra de Lyon

Nouvelle production
Création mondiale, commande de l’Opéra de Lyon

Avec le soutien du Fond de Création Lyrique

Opéra de Lyon
Du 02/05/22 au 12/05/22

Durée : 1h50 sans entracte

6 mai 2022/par Christophe Candoni
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3 réponses
  1. benyoub
    benyoub dit :
    6 mai 2022 à 13 h 41 min

    Superbe critique. Attention, vous vous êtes trompé dans le texte sur le nom de la chanteuse ! C’est Jeanne Gérard et pas Jeanne Clément. Elle est en effet remarquable !!

    Répondre
  2. sylvie Rou
    sylvie Rou dit :
    6 mai 2022 à 14 h 01 min

    Merveilleux opéra ! Une réussite ! Shirine est chanté par la soprano Jeanne Gérard .. erreur sur son nom dans votre très bon article

    Répondre
    • Vincent Bouquet
      Vincent Bouquet dit :
      6 mai 2022 à 15 h 11 min

      Merci pour votre vigilance ! Cette coquille est désormais corrigée.

      Répondre

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