Le spectacle d’Olivier Martin-Salvan, Jacqueline, écrits d’art brut a été créé en novembre 2019 au Tandem, Scène nationale (Arras). Depuis, ce spectacle aux textes inédits continue sa tournée un peu partout en France.
Artiste de scène parmi les plus surprenants de sa génération, Olivier Martin-Salvan s’est attaqué à la mise sur le plateau d’une matière presque inconnue avec les Écrits d’art bruts, issus de la collection d’art brut de Lausanne et rassemblés par Michel Thévoz. Ce courant artistique particulier, puisqu’il est constitué de personnes étrangères au monde de l’art et pour qui la création est un acte intime, a laissé apparaître au fil du temps et des époques une production écrite importante.
Comme l’indique le site de la fondation qui leur est consacrée, les œuvres d’art brut « sont réalisées par des créateurs autodidactes […] imperméables aux normes et valeurs collectives ». Les historiens de l’art (visuel) ont bien étudié les origines de la définition et de la production, depuis les intérêts de Jean Dubuffet après la seconde guerre mondiale. Par son spectacle, Martin-Salvan est l’un des premiers à apporter la production écrite, aussi variée qu’inconnue, aux yeux et aux oreilles des spectateurs. Cependant, l’art brut et les arts de la scène ont connu quelques connexions dans le temps.
Ce rouleau de papier de 14 mètres de long est conçu comme une unique pièce de théâtre avec sa propre narration. Une histoire puisée dans la mythologie personnelle de l’artiste.
Autre expérience de mise en scène d’un artiste brut : André Robillard, considéré comme le dernier artiste brut « historique » encore en vie (il a connu Jean Dubuffet). Créateur plastique, il a aussi été invité sur scène à plusieurs reprises, notamment par Alexis Forestier pour Tuer la misère en 2009 et par le Tricollectif en 2015 à l’occasion d’Atomic Spoutnik.
Finalement, comme les œuvres d’art plastique, les Écrits d’art brut sont des gestes artistiques spontanés, anticonformistes par essence. Mais si ces textes sont étrangers au théâtre car ils sont étrangers à tout ce qui est connu, Olivier Martin-Salvan ouvre peut-être une nouvelle ère de la parole, en allant chercher chez les exclus d’autres façons de voir le monde.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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