Ma fille, en première littéraire, a passé les épreuves anticipées du BAC. Lorsque j’ai découvert la liste des textes que son enseignante lui faisait préparer pour l’examen oral de français, je suis tombée des nues. Sur 38 textes présentés, seulement 4 étaient signés par des femmes : un trio d’auteures du XVIème siècle, Louise Labé, Pernette du Guiet et Marguerite de Navarre, réunies autour de la thématique Les femmes parlent d’amour (!), puis une contemporaine Simone Swartz Bart. D’après mes calculs ça fait 10%.
J’ai enquêté auprès de collégiens et lycéens dans d’autres établissements et d’autres filières, puis j’ai contacté quelques professeurs de français que je connais pour les interroger sur le sujet, le constat était le même, en 2018 les femmes sont toujours autant absentes des manuels scolaires et des œuvres sélectionnées aux examens.
J’ai poursuivi mes investigations en allant sonder les prestigieux prix littéraires notamment le Nobel accordé à seulement 14 femmes depuis 1901 ou le Goncourt à 12 femmes depuis 1903.
Face à la réalité des chiffres je me demandais : sans transmission aux jeunes générations ni consécration honorifique, comment les femmes vont-elles pouvoir prendre leur place au patrimoine ? Je tournais autour de ces questions sans savoir par quel bout les prendre.
Puis un matin, je me postais devant ma propre bibliothèque que je classe obsessionnellement par ordre alphabétique et pays d’origine et me mis à dénombrer les auteurs par sexe. Je commençais par l’étagère littérature française : « homme homme homme femme homme homme homme homme… » et même si la seconde moitié du XXème rééquilibrait un tant soit peu le paysage, ma bibliothèque était le reflet de ce qu’on nous enseigne à l’école.
J’arrivais à la partie littérature anglo-saxonne et je continuais « homme homme homme femme ». Je m’arrêtais net. «Un lieu à soi» de Virginia Woolf, pris en étau entre un Shakespeare et un Oscar Wilde, se mit à scintiller.
Je le libérais difficilement de la pression horizontale et me replongeais dans ce pamphlet brillant.
Tel une tentative de réponse à ma problématique sur la place des femmes dans l’histoire de la littérature, cet ouvrage devenait ce jour là, la clé de voûte de mon prochain spectacle.
Note d’intention de Edith Amsellem
Virginia à la bibliothèque
d’après « Un lieu à soi » de Virginia Woolf
Traduction Marie Darrieussecq
adaptation Edith Amsellem et Anne Naudon
mise en scène Edith Amsellem
avec Anne Naudon
création sonore et scénographie Francis Ruggirello
costume Aude Amédéo / coiffure et maquillage Geoffrey Coppini
reliure Myriam Plainemaison / assistant accessoires Olivier Achez
régie générale William Burdet / Photo © Vincent Beaume
Production : ERd’O • Coproductions : LE ZEF – scène nationale de Marseille, La Criée – Théâtre national de Marseille, Le Pôle Arts de la Scène – Friche la Belle de Mai (Marseille), Le Théâtre de Châtillon, Le Dôme théâtre à Albertville, La Passerelle scène nationale de Gap, Festival Scènes de Rue à Mulhouse, Carré-Colonnes scène nationale de St Médard en Jalles • Avec le soutien de la DGCA – Ministère de la Culture et de la Communication, de la DRAC PACA, de la Ville de Marseille, du Département des Bouches-du-Rhône.
CRÉATION en co-réalisation LE ZEF – scène nationale de Marseille et La Criée Théâtre National de Marseille (13)
Tournée 2020
28 au 29 janvier – Bibliothèque du Merlan
4 au 8 février – Bibliothèque de L’Alcazar
13 et 14 février – La Passerelle, scène nationale des Alpes du Sud, Gap (05)
25 au 27 février – Théâtre de Chatillon (92) option
5 mars – Théâtre Marelios – La Valette du Var (83)
8 mars – Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise (95)
31 mars au 3 avril – Le Dôme Théâtre, Albertville (73)
30 avril – Théâtre Le Sémaphore scène conventionnée Port de Bouc (13)
16 au 19 juillet – Festival Scènes de Rue Mulhouse (68)
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