Ulyssse revient à Ithaque, fatigué après vingt ans de combat, tel un mendiant. Il s’effondre dès qu’il pose le pied sur terre en quittant la mer. Une énorme étendue d’eau s’étend sur l’avant scène de la grande salle de Nanterre. Pour sa création de l’année aux Amandiers, Jean-Louis Martinelli et Gilles Taschet son scénographe ont vu grand. En fond de scène se tient sur toute la largeur un gigantesque escalier au sommet duquel Pénélope attend sur son lit, grossie et avachie, le retour de son mari. De chaque côté des blocs de bétons et des cages grillagées viennent enserrer le dispositif.
L’histoire d’Ulysse et de l’Odyssée est la plus vieille histoire du monde, elle se raconte depuis 29 siècles ! Jean-Louis Martinelli a choisi de la monter dans la version de l’auteur allemand Botho Strauss. Pourquoi pas. L’écriture est directe, sans fioriture, très ancrée par notre monde. Au-delà de l’histoire du retour de ce héros grec, Botho Strauss explore des thèmes qui résonnent dans l’actualité : le rapport à l’étranger et à la différence. C’est tout l’intérêt du spectacle. Lorsqu’Ulysse rentre chez lui, il n’est qu’un étranger méconnaissable, rejeté comme un chien pestiféré. Il est trahi et malmené par les prétendants qui ont intrigué pour prendre le cœur de Pénélope.
Charles Berling joue tout en fragilité et simplicité son rôle. Il ne force pas. Face à lui l’actrice israélienne Ronit Elkabetz a plus de mal. Egérie d’Amos Gitaï, elle peine à trouver sa place. Hésitante la plus part du temps lorsqu’elle se trouve perchée au sommet de son escalier, elle devient plus convaincante lorsqu’elle joue en force dans la scène des retrouvailles. Le reste de la distribution est inégal. Les prétendants, groupe de Mafiosi italiens, manquent d’homogénéité. Heureusement il y a le bonheur d’entendre la voix grave et magnifique de Jean-Marie Winling (Eumée le porcher et Laerte, le père d’Ulysse). Gilles Taschet a conçu de très belles images : le massacre des prétendants, le moment où Ulysse parvient à lancer la flèche à travers les boucliers, les retrouvailles d’Ulysse avec son père au pied d’un Olivier qui descend des cintres. L’incursion dans la mise en scène de passages vidéo et de quelques morceaux de texte racontés au micro HF n’apportent pas grand-chose. La splendeur du décor dans ce dégradé de gris suffisait.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Ithaque
D’après les chants du retour d’Ulysse
De Botho Strauss
Texte francais Pascal Paul-Harang
Version scenique Jean-Louis Martinelli
Mise en scene Jean-Louis Martinelli
Scenographie Gilles Taschet
Costumes Ursula Patzak
Lumiere Jean-Marc Skatchko
Musique Ray Lema
Video Pierre Nouvel
Coiffures, maquillages Françoise Chaumayrac
Assistante a la mise en scene Amélie Wendling
Assistante costumes Géraldine Ingremeau
Avec
Ulysse Charles Berling
Penelope Ronit Elkabetz
Telemaque Clément Clavel
Eumee le porcher et Laerte Jean-Marie Winling
Athena Grétel Delattre
Euryclee Sylvie Milhaud
Amphinomos Xavier Boiffier
Medon et Elatos Dimitris Daskas
Eurymaque Pierre Lucat
Euryade Pierre-Marie Poirier
Antinoos Nicolas Pirson
Agelaos et Ctesippe Alessandro Sampaoli
Leiodes et Leocrite Guillaume Severac-Schmitz
Amphimedon, Demoptoleme Nicolas Yalelis
Iros Joachim Fosset
Clavicule Caroline Breton
Genou Ninon Fachard
Poignet Adrienne Winling
Melantho Anne Rebeschini
Et
Les servantes Céline Balestra, Victoria Camargo,
Aurélie Nuzillard et Marine Reiland
Melanthios Basile Boisseau
Zeus (voix) Hammou Graïa
Co-production : Theatre Nanterre-Amandiers / Napoli Teatro Festival Italia/ MC2 : Grenoble
Avec l’aide de la Spedidam
Le texte Ithaque sera publie aux Editions de l’Arche.
Durée: 3h20
1ère partie: 1h50
Entracte de 20 minutes
2ème partie: 1h10
Du vendredi 7 janvier au samedi 12 février 2011
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