À La Huchette, trois comédiens chanteurs se partagent les rôles des quinze personnages de « La Poupée sanglante », roman de Gaston Leroux adapté en comédie musicale par Didier Bailly et Éric Chantelauze. A mi-chemin entre Walt Disney et Chair de poule, l’humour et les mélodies conquièrent la salle, dont les murs de pierre semblent avoir été faits pour prolonger l’ambiance souvent mystérieuse jusqu’aux derniers rangs.
On est plongés au cœur de l’Île Saint-Louis au début du XXe siècle, dans un univers proche d’autres romans de Leroux, tel le « Le Fantôme de l’opéra ». Bénédict, un relieur que la nature a fait repoussant, est suspecté de crimes aussi atroces que les traits de son visage. La jolie Christine, fille de l’horloger voisin, se prend tout de même d’amitié pour lui le jour où il accepte de l’accompagner chez le marquis de Coulteray, étrange et fort insistant quant à l’obtention des faveurs de la belle. Malheureusement, le relieur sera condamné et tué pour un meurtre qu’il n’a pas commis, cela sans disparaître de la vie de Christine pour autant…
Puisqu’elle n’est pas large, Éric Chantelauze utilise la scène du théâtre de La Huchette en profondeur. Le piano est au fond, discrètement éclairé, alors que l’action se passe à l’avant scène, quasiment sans décor : les ambiances sont composées à partir des corps et du jeu des comédiens. Tous les trois excellents, tant par la justesse des voix que par la qualité des interprétations, ils parviennent à rester dynamiques du début à la fin du spectacle. Les incises et autre apartés comiques dans des situations qui ne le sont pas donnent une couleur burlesque au spectacle et contribuent à nous surprendre sans cesse. Tous les personnages sont en fait monstrueux, les âmes rongées par divers traits de folies : lieux reculés, vampirisme et autres perversions, l’inspiration sadienne est palpable mais jamais lancinante.
Alternant scènes de brefs dialogues et chansons longues, les mélodies nous plongent dans un univers musical à la Disney. On croit avec plaisir à cette histoire dont l’adaptation est fidèle à l’imaginaire du roman. On participe à la circulation des rumeurs, les déplacements des personnages, entre Paris, les hôtels particuliers ou la proche banlieue… Du public, on est facilement pris dans la vie du quartier et ses ruelles sombres. Si l’on regrette que le côté fantastique manque un peu d’effets, l’équilibre entre humour et conte glaçant a néanmoins bien été trouvé !
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
La Poupée sanglante
La Poupée sanglante de Didier Bailly et Éric Chantelauze, d’après l’oeuvre de Gaston Leroux
Avec Charlotte Ruby, Didier Bailly, Alexandre Jérôme, Édouard Thiebaut.
Durée 1h30Théâtre de La Huchette (Paris)
Jusqu’au 3 septembre 2016 (relâche le 13 juillet) – Du mardi au samedi à 21h et le samedi à 16h.
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