La dernière création de la compagnie Les anges au plafond de Brice Berthoud et Camille Trouvé était très attendue au Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières. Leur adaptation du roman Chien blanc de Romain Gary est confuse. Le spectacle très inégal nécessite d’être retravaillé avant la longue tournée qui s’annonce.
Brice Berthoud et Camille Trouvé sont des vedettes à Charleville-Mézières, en témoigne l’affluence au soir de la première ; il n’y avait pas que des professionnels, mais surtout un public ardennais fidèle. Les deux marionnettistes se sont attaqués à l’adaptation du roman de Romain Gary, Chien blanc, écrit à la fin des années 60. L’histoire d’un berger allemand, Barka, qui fait irruption dans la vie du couple Romain Gary/Jean Seberg. Barka est un chien dressé pour attaquer les Noirs. Nous sommes en 1968, en pleine lutte des Noirs américains pour leurs droits civiques et pendant les émeutes raciales qui suivent l’assassinat de Martin Luther King, un combat pour lequel s’est engagé Jean Seberg.
Le théâtre des Anges au Plafond est artisanal. Le papier est leur matière première. Ils le déchirent, le sculptent et le malaxent. La tête de Malka est plus vraie que nature, un museau hargneux et anguleux, mais des yeux doux et tristes. Sur le plateau central, un cercle en pop up actionné par une poulie, les rouleaux de papier tombent dans un tourbillon incessant. Dans une ambiance qui rend hommage au jazz, avec la présence sur le plateau du musicien et compositeur Arnaud Biscay à la batterie, Brice Berthoud manipule les personnages avec toujours la même dextérité. Mais on le sent nerveux, pas totalement serein.
Le plateau est en perpétuel mouvement. Les comédiens jouent avec les spectateurs dans la salle, montent sur des échelles suspendues. Une scénographie trop riche au détriment de la dramaturgie, d’où le sentiment mitigé lors de cette première, comme si les Anges au Plafond s’étaient beaucoup trop dispersés. Cet éparpillement dessert l’œuvre de Romain Gary et brouille la lisibilité de l’histoire. La narration se perd entre les allers-retours entre la Californie et Paris, l’évocation de la vie personnelle de Jean Seberg et Romain Gary. Brice Berthoud et Camille Trouvé doivent simplifier leur spectacle pour aller à l’essentiel. Il nécessite d’être épuré et raccourci.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
White Dog, la nouvelle création des Anges au Plafond
D’après le roman « Chien Blanc » de Romain GARY (Editions Gallimard)
Avec : Brice BERTHOUD, Arnaud BISCAY, Yvan BERNARDET et Tadié TUENÉ
Mise en scène : Camille TROUVÉ assistée de Jonas COUTANCIER
Adaptation : Brice BERTHOUD et Camille TROUVÉ
Dramaturgie : Saskia BERTHOD
Marionnettes : Camille TROUVÉ, Amelie MADELINE et Emmanuelle LHERMIE
Scénographie : Brice BERTHOUD assisté de Margot CHAMBERLIN
Musique : Arnaud BISCAY et Emmanuel TROUVÉ
Création sonore : Antoine GARRY
Création lumière : Nicolas LAMATIERE
Création images : Marie GIRARDIN et Jonas COUTANCIER
Création costume : Séverine THIÉBAULT
Mécanismes de scène : Magali ROUSSEAU
Construction du décor : Les Ateliers de la MCB
Administration : Lena LE TIEC
Diffusion / Presse : Isabelle MURAOUR
Coproduction : MCB° – Scène nationale de Bourges, Le Bateau Feu – Scène nationale de Dunkerque, La Maison des Arts du Léman – Scène conventionnée de Thonon-les-Bains, Le Tangram – Scène nationale Evreux Louviers, Culture Commune – Scène nationale du Bassin minier du Pas de Calais et le Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff. Avec le soutien d’ARCADI, de la SPEDIDAM et de l’ADAMI.
Durée: 1h40Théâtre 14
du 7 au 25 mars 2023
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !